Algérie

Une campagne sans le peuple



Une campagne sans le peuple
Sans surprise, la campagne électorale débute laborieusement. C'est le moins que l'on puisse dire de cette petite semaine inaugurale. Point de frénésie, si ce n'est sur les unes des journaux et dans l'ensemble des médias qui ont consacré de larges espaces aux joutes de cette présidentielle. Pour le moment, la rue semble accorder très peu d'intérêt à l'événement. L'Algérien n'a pas le moral à suivre. En tout cas, les candidats peinent à attirer les oreilles attentives à leurs meetings. Les échos sont édifiants.A Constantine, Abdelaziz Belkhadem s'est contenté d'une salle à moitié pleine et à Souk Ahras, Ali Fawzi Rebaïne a dû annuler son meeting prévu hier. Touati a dû réduire son programme au strict minimum et même les «grosses cylindrées», comme Abdelmalek Sellal, semblent éprouver du mal à mobiliser les foules en dépit des gros moyens ? ceux de l'Etat ? mis à la disposition du candidat Abdelaziz Bouteflika. Des employés de l'administration, des supporters de clubs de football et des badauds sont recrutés par la force et l'intimidation, ou appâtés par de petits cadeaux, sans succès.A ce rythme, la campagne 2014 va ressembler aux précédentes : tiède et sans éclat. Causalité oblige. Car tant que les Algériens n'ont pas senti un véritable changement ou le soupçon d'une occasion de changement, ils feront comme ils ont l'habitude de faire : tourner le dos et attendre la fin du carnaval. Partout, le climat est maussade. A Ghardaïa, à Khenchela ou à Labiod Sidi Cheikh, les populations ne montrent aucune adhésion au scrutin et demeurent à distance, préoccupées par leurs malheurs et livrées à elles-mêmes.Cette raison en appelle une autre, liée à la rupture de confiance entre les gouvernants et les gouvernés. Les Algériens ont fini par comprendre la leçon. Le personnel au pouvoir n'a pas d'amour ni de loyauté envers le peuple. Il se rappelle à lui seulement quand il en a besoin, notamment pendant les rendez-vous électoraux aux fins de se faire renouveler le bail. Mais ce peuple «utile», réduit à glisser des enveloppes soumises dans des urnes faussement transparentes, ne veut plus servir d'alibi pour cautionner un simulacre d'élection qui ne fait qu'entretenir la façade démocratique. Il a donc déserté le champ politique, comme l'explique Mouloud Hamrouche, et refuse d'écouter un discours tronqué, mensonger et fait de contrevérités.La population n'exerce pas le pouvoir ; elle est marginalisée et elle le sait. D'où la radicalisation des mouvements opposés au statu quo et à la reproduction de la faillite. Ces mouvements, aujourd'hui visibles, ne sont peut-être que l'autre face d'une majorité silencieuse qui ne peut plus se contenter du rôle de comparse et tient à reprendre son destin en main.




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