Algérie

Une campagne électorale aux multiples facettes



C'est hier, mardi, qu'a pris fin la campagne électorale pour les élections législatives anticipées du 12 juin prochain après vingt jours de meetings, de rencontres de proximité, pour laisser place à un silence jusqu'au jour J, samedi prochain.M. Kebci - Alger (Le Soir) - Une campagne qui intervient dans un double contexte politique et sanitaire qui ont lourdement pesé de par les nombreuses contraintes qu'elles ont charriées. À commencer par le protocole sanitaire dicté par la conjoncture empreinte de la pandémie de la Covid-19 dont les cas de contamination enregistrent des bonds, ces derniers jours. Les mesures de prévention et de protection sont loin d'avoir été respectées, notamment le port obligatoire du masque de protection ou encore la distanciation physique.
Il y a également le contexte politique marqué, comme ce fut le cas lors de l'élection présidentielle du 12 décembre 2019 et du référendum du premier novembre 2020 portant sur le projet d'amendement de la Constitution, par l'opposition de pans entiers de la société et de la classe politique, principalement du camp démocratique.
Ce qui n'a pas été sans influer sur le déroulement de cette campagne, puisque seuls quelques chefs de parti ont réussi à tirer leur épingle du jeu en drainant relativement des foules, alors que certains ont été contraints d'annuler carrément leurs activités. Comme le cas de la présidente du Tajamoue Amel Jazair obligée, lundi, de renoncer à son meeting prévu à Tizi-Ouzou, faute de public ou encore de ce président d'un parti qui a longuement discouru devant une salle affreusement vide. Les autres ont tenu leurs rassemblements devant des auditoires clairsemés, quand ils n'ont pas opté pour des endroits réduits pour diminuer justement l'effet de la désaffection du public.
Et particularité de cette élection, le mode de liste ouverte proportionnelle consacré par la nouvelle loi portant régime électoral qui a fait que, durant cette campagne électorale, chaque candidat a fait la promotion de sa propre personne en plus, bien entendu, de celle de la liste sur laquelle il a candidaté. Avec, en plus des affiches des listes, celles du nombre des candidats, en solo. Des listes dont celles indépendantes de l'ordre de 1 308 menées par 12 086 candidats, encouragés qu'ils sont, notamment sur le plan financier pour ceux d'entre eux âgés de moins de 40 ans, qui ont bénéficié de la couverture de leurs frais de campagne à hauteur de 30 millions de centimes chacun.
Autre fait de cette campagne, ces visages «masqués» de bien de candidates qui, de surcroît, sollicitent les suffrages des potentiels électeurs. Une anomalie et un non-sens auxquels l'Autorité nationale indépendante des élections a accordé sa bénédiction en donnant son quitus à cet «écart» propre à notre «démocratie spécifique».
Et l'autorité que préside Mohamed Charfi, qui loin de se manifester sur bien d'autres écarts, liés ceux-là, aux discours, le moins que l'on puisse dire, haineux pour ne pas user d'un autre qualificatif, lancés par certains chefs de parti, a dit relever une nette évolution dans le discours lors de cette campagne électorale !
Le président de l'Anie qui, lors de la conférence de presse, dimanche dernier, a évoqué les 400 dépassements enregistrés jusque-là, des écarts liés notamment à l'anarchie dans l'affichage des portraits des candidats et au non-respect du protocole sanitaire adapté à l'occasion, n'a rien dit à propos de ces «voix de la haine» qui excellent dans le propos perfide, provocateur, voire raciste. Un chapitre dans lequel le chef du mouvement el Binaâ excelle, lui qui ne dissimule plus son apathie à l'endroit d'une région du pays, la Kabylie, pour ne pas la nommer, encouragé qu'il est par l'absence de tout rappel à l'ordre. Abdelkader Bengrina a poussé la provocation jusqu'à qualifier tamazight de «chose», ce qui aurait dû le faire tomber sous le coup de la loi, cette langue multimillénaire étant consacrée langue nationale et officielle dans la loi fondamentale du pays.
Des attaques frontales qui nous font presque oublier les propos insolites, cocasses, frisant le grotesque et le loufoque de bien d'autres animateurs de cette campagne électorale dont celui de ce même Bengrina qui a assuré le paradis à tous les Algériens, voire de tous les habitants du Maghreb ou encore celui du secrétaire général du parti du Front de libération nationale qui a fait le lien entre l'indicatif électoral attribué au vieux front à l'occasion de cette élection et le nombre de cieux consacrés dans le Coran, un parallèle dont a également usé le président du conseil consultatif du Front pour la justice et le développement (FJD), soit l'indicatif 14 attribué au parti et le numéro d'appel de la Protection civile, comme pour signifier que le parti que dirige Abdallah Djabballah vient en sauveur pour le peuple algérien.
Il y a eu, également, ces scènes de danses et de transes qui ont émaillé certains rassemblements électoraux auxquelles s'est mêlé le président du Mouvement de la société pour la paix. Autant de faits qui ont été tournés en dérision et fait l'objet de dénonciations, et continuent de l'être, sur les réseaux sociaux.
Il faut relever, enfin, que de tous les chefs de parti prenant part à ce scrutin législatif, un seul, M. Soufiane Djilali de Jil Djadid, s'est distingué en menant de bout en bout, une campagne exclusivement de proximité. S'agit-il d'un choix réfléchi ou d'une option par contrainte ' Le chargé de la communication du parti affirme qu'il s'agit d'un choix de communication au vu, a-t-il expliqué, de «l'effarante rupture de confiance entre le citoyen et, entre autres, la classe politique». Pour Habib Brahmia, il s'agit de «convaincre le simple citoyen que ces élections pourraient constituer une chance pour le changement auquel aspire le peuple algérien».
M. K.
La candidature de Zahia Benarous rejetée
L'Autorité nationale indépendante des élections décide, enfin, d'émettre des réserves quant à la candidature de Zahia Benarous aux élections législatives de samedi prochain. L'Autorité que préside Mohamed Charfi aurait, selon le journal en ligne Sabqpress, pris acte du cumul de mandats parlementaires concernant, pourtant, une personnalité nationale, ancienne ministre de surcroît, évoquée par nos soins dans notre édition de mercredi dernier, pour remettre en cause la candidature de cette dernière.
En effet, l'ex-secrétaire d'Etat à la culture sous le règne de Liamine Zeroual avait été élue députée en 1997 sous la bannière du RND qu'elle avait rejoint à sa création, la même année. En 2004, elle est nommée au Sénat dans le tiers présidentiel pour un mandat de six ans qui sera renouvelé en 2010.
Au total, donc, Benarous cumule trois mandats parlementaires, dont le premier tronqué, et qui mettent ce cas sous le coup de l'article 122 de la Constitution qui stipule tout simplement : «Nul ne peut exercer plus de deux mandats parlementaires consécutifs ou séparés.» Une disposition que le président du FBG dont Benarous est porte-parole et candidate à Alger lit à sa manière.
Pour Aïssa Belhadi, interrogé hier par ledit média en ligne, le double mandat au sein du Conseil de la Nation, la porte-parole du parti «ne le doit pas à une élection mais à une désignation au titre du tiers présidentiel».
M. K.


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