Algérie

Une cage dorée ... '



Une cage dorée ... '
Veillée - Il fait presque jour. Nous laissons Mounir et quittons son domicile prenant rendez-vous pour le lendemain.
Le rendez-vous a lieu cette fois aux alentours de la forêt de Bouchaoui où Mounir a prévu une rencontre avec un ami, fils d'un président-directeur général d'une compagnie nationale, mais «qui a une toute autre vision des choses». A 11h tapante, Mounir nous fait signe de la main.
Une voiture sport est stationnée face à l'entrée principale de la forêt de Bouchaoui. Au bout d'un quart d'heure d'attente, un jeune homme, la trentaine, très élégant, pénètre dans la forêt de Bouchaoui. Il est vrai que son véhicule est d'une marque prestigieuse mais il paraissait, dès le premier constat, quelqu'un de très modeste. Il fallait confirmer cette impression. Attablés, c'est Malek qui prend le soin de passer la commande auprès du serveur qui l'a tout de suite reconnu et salué.
Entre-temps, Mounir confirme lui avoir tout révélé au sujet de notre identité. Il ne s'est pas du tout montré gêné «à condition de ne pas trop poser de questions et surtout changer les noms et prénoms». «Je trouve l'idée d'évoquer le vécu d'une progéniture pas comme les autres dans les colonnes de la presse, originale. Ailleurs qu'en Algérie, cela est la tâche d'une presse spécialisée mais comme il n'est pas aisé d'accéder à l'information chez nous, ce même sujet demeure tabou. On n'en parle presque jamais», dira-t-il d'emblée en allumant une cigarette. «Cela t'étonne ' Oui je suis fumeur, je prends du café, je sors, je dors et il m'arrive souvent de ne pas savoir quoi faire de mon temps.
Pour être plus clair, je suis un jeune Algérien comme toi, comme tous les autres. J'ai mes soucis, mes rêves et mes ambitions. Cependant, contrairement à beaucoup de jeunes de mon âge, je me sens ligoté, menotté puisque je ne peux me permettre toute la liberté que j'ai toujours cherchée, en vain», ajoutera-t-il. Oui. Notre interlocuteur se plaint du fait d'être contraint d'informer «les parents du moindre déplacement, de la moindre fréquentation». En somme, du moindre mouvement. A entendre Malek parler, on se rend compte que ce ne sont pas tous les «fils de riches» qui se réjouissent de leur vie. Pour lui, rien n'est comparable à la liberté des actes et des mouvements.
«Les seules choses qui ne me sont pas interdites, sont de demander de l'argent, d'exiger une nouvelle voiture et de m'envoler à chaque fois que ça me chante pour une capitale de mon choix. Or, la vie, selon ma conception, ce ne sont pas le prestige, le luxe, dépenser de l'argent à sa guise et faire partie d'un cercle pour lequel tout est barricadé sans le consentement des parents.
Ces derniers n'ont même pas hésité à opposer leur niet catégorique à mon mariage avec une fille que j'ai aimée à l'université au prétexte que son père n'est qu'un simple citoyen», avouera-t-il non sans amertume. Et de poursuivre après avoir grillé sa deuxième cigarette en l'espace de moins d'une demi-heure : «Liberté ne s'écrit pas. Elle se vit. Pour l'heure, je ressens des choses que je ne pourrai jamais expliquer. Mais ce qui est, en revanche, sûr et même certain, c'est que la vie que je suis en train de mener est semblable à une prison. Alors, y a-t-il un être pouvant vivre privé de liberté '». Notre accompagnateur a la réponse. «Impossible», dira-t-il. Mais pourquoi donc tout ce pessimisme ' Malek revient à la charge. «Ce n'est pas du pessimisme mais plutôt l'incapacité de vivre à ma guise qui me hante à chaque seconde. J'en ai assez de mener une vie dictée même quand il s'agit du choix de son amour.
Nous sommes assez grands pour pouvoir distinguer le mal du bien, alors que nos parents apprennent à respecter nos choix», notera-t-il encore affirmant qu'il a toujours eu envie de se lancer dans ses propres projets (disposer de sa propre pharmacie après avoir terminé ses études dans la filière), demander la main de celle qu'il a rencontrée à la bibliothèque de la faculté alors qu'il était en deuxième année universitaire et enfin errer où il veut et quand il veut sans être obligé d'aviser qui que ce soit. En revanche, Malek se réjouit de pouvoir rendre service aux autres, en usant des connaissances de son père.




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