Algérie

Une brouille de quatre-vingts ans



Ils se ruèrent par vagues sur le stand, tantôt pour l'acheter, tantôt pour en feuilleter les pages objet du débat. Selon certaines indiscrétions, plusieurs institutions et responsables, y compris dans les hautes sphères du pouvoir, auront acquis le livre, parfois en plusieurs exemplaires.Même si on se réjouit de l'accueil fait à cet ouvrage qui aura déchaîné les passions, du côté des organisateurs, on préfère mettre l'accent sur l'incontestable réussite de cette manifestation.Tant sur le plan organisationnel que sur celui des échanges scientifiques et ésotériques qui auront drainé un public iconoclaste où l'Arabe aura côtoyé le Français, le Japonais, le Turc et l'Anglais.Aussi bien au niveau des séances plénières, des ateliers thématiques, des soirées musicales ou des visites des mausolées des saints de la région, les échanges furent nombreux, divers, denses, intenses, mystiques et scientifiques. Annoncé comme un grand événement, le centenaire du cheikh El Alawi aura tenu plus que ses promesses. Il est incontestable que les débats à distance entre les fidèles de la tariqa et les tenants d'un islam rigoriste, salafiste d'obédience wahhabite ne font que commencer. Pour l'observateur averti, il est incontestable qu'il y aura l'avant et l'après-centenaire. L'appel de Khaled Bentounès à une confrontation sereine et scientifique sera-t-il entendu ' C'est le souhait de ceux qui sont venus à Mostaganem pour le clamer haut et fort.Car ici, personne n'ose croire à cette histoire de miniatures reproduites dans un livre au demeurant très beau. Les enjeux sont plus profonds ! Et ce ne sont pas les défections de Bouguerra Soltani et de Bouabdellah Ghlamallah, ministre des Affaires religieuses, qui feront taire les commentaires.Pour Nasreddine Mouhoub, porte-parole de la zaouïa, l'essentiel est que plus de 95% des conférenciers aient participé à ce colloque. Maintenant, dira-t-il, nous mettons le cap sur Genève et Tanger, qui abriteront les congrès de 2010 et de 2012, respectivement. En attendant, tous les participants savourent dans « une paix intérieure » la grande réconciliation qui vient d'être scellée entre les descendants de « badissiens » et la zaouïa alawiya, après une brouille de plus de 80 ans.


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