Algérie

Une (bonne) loi pour les enfants



La société algérienne préfère se voiler la face devant l?enfant abandonné ou battu, traumatisé, violé, exploité... Lui emboîtant le pas, l?Etat a, jusque-là, très peu légiféré ou mal. Les quelques avancées enregistrées dans ce domaine ont surtout été le fait d?interventions individuelles volontaristes, d?ordre politique ou associatif. L?Etat, qui n?a pas manifesté une grande ambition de se doter d?instruments juridiques clairs et novateurs, a pourtant signé la Déclaration internationale des droits de l?enfant qui lui impose d?adapter sa législation aux obligations fixées universellement. Aussi, l?annonce qui vient d?être faite de la préparation d?une loi de protection de l?enfance est à saluer, car cela signifie qu?enfin on restitue sa personnalité à l?enfant au lieu de le faire fondre dans la société. Mais il faut vite se garder de crier victoire : l?exemple de la révision inachevée, voire chaotique, du code de la femme est là pour démontrer que les pesanteurs et les hostilités, toujours fortes dans notre pays, peuvent aisément avoir leur traduction au niveau légal. Mais on n?en est pas encore là, il faut simplement souhaiter - et militer - pour que les autorités en charge de l?élaboration du texte ne travaillent pas en vase clos, aillent sur le terrain, consultent les professionnels et les associations afin de prendre la mesure de l?ampleur des dégâts. Car, à ce niveau-là, il y a péril en la demeure, même si des chiffres fiables ne sont pas là pour l?étayer. Ils sont certainement des milliers à vivre dans la précarité sociale, à travailler sous la contrainte familiale, à ne pas bénéficier de l?école et de la culture, notamment les petites filles des zones rurales. La délinquance happe de plus en plus les enfants et si, à la faveur du temps, le sceau du tabou est devenu moins implacable, il est toujours là lorsqu?il s?agit de l?abandon du nouveau-né, du viol d?enfant et de sa maltraitance au sein de sa famille. Agir aujourd?hui, c?est dévoiler, informer, sensibiliser et prévenir. Cela ne peut être qu?un partage des rôles entre la société civile, les familles et l?Etat, pour peu que celui-ci, au c?ur du dispositif, joue le jeu, c?est-à-dire légifère comme il se doit, met en place des stratégies et débloque des ressources suffisantes. Il est certes illusoire de stopper net la déferlante dévastatrice qui accompagne depuis l?indépendance la désarticulation de la société algérienne, affectant ses segments les plus fragiles que sont les femmes et les enfants. Mais il est possible de l?endiguer et de l?atténuer, ce qui est déjà une tâche énorme.


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