Algérie

Une bonne année va-t-elle chasser une mauvaise?



Crise d'ampleur sans précédent de l'économie mondiale, poursuite et extension des conflits, menaces climatiques, repli des pays sur eux-mêmes et sur leurs angoisses, l'année 2009 ne fut pas un grand cru. Espérons mieux pour 2010 !

Bonjour et d'abord, bonne, très bonne, excellente année 2010 pour vous et tous les vôtres. Chers lecteurs et chères lectrices, le « Chroniqueur de Paris » a du abandonner sa relation hebdomadaire du fait d'un conflit social de grande ampleur qui a touché son entreprise, un grand groupe international français, dans lequel il exerce par ailleurs quelques responsabilités syndicales.

 Celles-ci l'ont contraint à d'innombrables réunions, déplacements, grèves, barguignages, investigations, tempêtes médiatiques et querelles d'épiciers pour que la négociation sociale avance. Un peu. Elle s'achèvera, je l'espère, positivement à la fin de l'hiver. Je renoue donc aujourd'hui, si la direction de la rédaction du Quotidien d'Oran le veut bien, le fil de nos propos avec un regard sur les deux derniers mois 2009.

Identité nationale «à la française»

Cette dernière folie de Nicolas Sarkozy, portée par le traître Ganelon-Besson (rallié des rangs du Ps), est évidemment un thème moralement douteux, socialement dangereux, politiquement inepte. Cette polémique « à la française » doit être en effet recadrée dans le paysage électorale. Pour la majorité actuelle, les élections européennes ne se sont pas trop mal passées, moins par ses propres mérites que du fait des l'incurie des dirigeants socialistes et de la montée miraculeuse du courant écologique. Les élections régionales se présentent moins bien : la gauche déjà fortement présente dans les conseils régionaux, pourraient selon des pronostics remporter la totalité des 22 régions françaises.

 Panique à l'Élysée. Et du coup, on ressort les vieilles machines à fantasmes : la sécurité dont le bilan est pourtant très négatif malgré l'omniprésence de Nicolas Sarkozy sur ce dossier depuis plus de sept ans ; l'immigration, si possible en mélangent hardiment les deux thèmes, propres à faire peur à la vieille population française et la faire bien voter, « pour le parti UMP de la Loi et de l'Ordre ».

 Mais même dans les rangs de la majorité, beaucoup craignent que cette campagne « vieille soupe » ne fasse que faire ressurgir le Front National du vieux Le Pen et de sa fille Marine, nouvellement sacrée princesse (un peu mûre) du mouvement d'extrême droite. Dans un monde dominé par la mondialisation, par des crises internationales politiques, militaires, économiques, climatiques et où les États ont le plus grand mal à faire preuve d'efficacité pour trouver des solutions utiles, une réflexion collective sur la Nation et son efficacité, n'est ni immorale, ni injustifiée.

 Deux autres formulations de la réflexion auraient été autrement plus acceptables.

- « Identité républicaine ». Le destin de la France se confond en effet depuis 1789, ou pour les puristes depuis 1792 avec l'avènement d'une république souvent menacée. Comme le note à juste raison, l'ancien premier ministre de Jacques Chirac, Alain Juppé : « Liberté, égalité, fraternité. Rajoutez laïcité et c'est cela l'identité française ». On ne peut rien dire de plus, tout est clairement exprimé par un ex-Premier ministre de droite, gaulliste de conviction.

 Il n'en reste plus beaucoup. Bref ! Tout est résumé par Alain Juppé, qui n'est pourtant pas de ma sensibilité politique.

-« Sentiment national » : il est tout à fait respectable de se « sentir français ». Notre « cher et vieux pays » est situé au carrefour du Nord et du Sud, de l'Est et de l'Ouest de l'Europe, aux confluents de la Méditerranée et de l'Atlantique... C'est un lieu de passages d'invasions et de transhumances. C'est également un grand « pot » où s'est constitué le sentiment national français, issu de guerres de religions (catholiques contre protestants), d'intégrations souvent forcées de minorités qui ne parlaient pas le « picard » (ancêtre officiel du « parler » français ) : Bretons, Occitans, Catalans, Corses, Niçois, habitants du Jura, Alsaciens... La France s'est également lancée dès la fin du XVII° siècle, en concurrence principalement avec l'Angleterre, dans la constitution d'un immense empire colonial. On peut s'en plaindre, on peut gémir : les faits sont là, une quarantaine de pays ont subi le joug colonialiste français. Cela donne le droit moral à leurs ressortissants d'y venir travailler et éventuellement d'y réclamer hautement la nationalité française. Juste retour du balancier et bonne opportunité pour la démographie française.

Tenter de faire oublier la crise économique  Le débat, lancé par le président de la république et qui a confié la mission de cette putride polémique à Éric Besson, transfuge du PS, a une misérable fonction : jouer sur les fibres hyper-nationalistes, accélérer les haines entre les communautés au sein de la République.

 Ce sont bien évidemment les musulmans, et dans le cas géographique précis, principalement les Arabes, qui sont désignés à la vindicte. Comme les Juifs en d'autres temps. Pourquoi ? Parce que notre Président « bling-bling » qui fut élu comme défenseur du pouvoir d'achat, de l'emploi, de la revalorisation du travail, de la sécurité, a échoué sur tous ces points. Il a même voulu être le défenseur international du climat et pourfendeur du CO2, lors du dernier sommet de Copenhague.

 Après tant d'échecs, il fallait donc bien trouver une polémique de substitution. L'immigration, l'Islam, la Burka (357 cas recensés par les RG en France sur 66 millions d'habitants), les minarets, le tout sur fond d'intégrisme et de terrorisme, quel meilleur terreau à toutes les insatisfactions, à toutes les rancoeurs, à toutes les demandes réelles restées sans retour ?

 Oui, mais voilà, les Français, aussi benêts soient-ils, ne marchent pas dans cette petite combine. Ils ont à l'esprit deux demandes principales : l'emploi, le pouvoir d'achat. Et pas autre chose.

 Pour eux, la montée de la pauvreté, partagée avec l'immigration, trouve principalement sa source dans les délocalisations et l'internalisation débridée du capitalisme, tant vantées depuis des décennies par tous les partis de gouvernement. La dernière fois que l'on a opposé République française et identité nationale remonte à 1940 quand un salopard de vieux maréchal, Philippe Pétain, a remplacé le terme « République française » par l'appellation officielle « État français ». On n'en est pas là. Mais ça sent néanmoins l'égout.

 Rappelons à ce propos que les évènements de l'époque, abandon du sentiment national, collaboration avec l'ennemi, trahison des idéaux républicains, ne furent rendu possibles que par le fait d'une occupation militaire du territoire national par les forces armées allemandes.

On pourrait donc compléter la définition donnée par Alain Juppé de l'identité républicaine et du sentiment national pour tout postulant à la citoyenneté française : La France ? « Liberté, égalité, fraternité, laïcité... et défense de la Patrie ».

Obama, prix Nobel de l'Obamania ?

 On peut continuer à trouver Barak Obama fort sympathique et espérer qu'il sera dans l'histoire un grand président des États-Unis qui aura contribué a profondément modifier son pays et l'image de celui-ci.

 On est quand même resté comme « deux ronds-de-flanc » en apprenant qu'il avait été désigné comme prix Nobel de la Paix, un an à peine après son élection, « pour ses efforts extraordinaires pour renforcer la diplomatie internationale et la coopération entre les peuples » !

Quand on regarde la situation, on recherche vainement les bons motifs qui justifieraient cette couronne internationale.

 Les États-Unis mènent toujours deux guerres injustes et hors de toute légalité onusienne en Irak et en Afghanistan. Dans cette région où les perspectives de victoire militaire sont extrêmement faibles, Washington s'apprêtent même à faire intervenir 30 000 soldats supplémentaires alors que ce conflit contamine dangereusement le Pakistan tout proche. Au Proche-Orient, malgré de grands et vibrants appels à la paix, Barak Obama n'a pas réussi a faire faire la moindre concession à son petit allié israélien dont la sécurité et l'économie ne dépendent largement que des seuls États-Unis.

 Bon ! Admettons que tous ces problèmes sont complexes et demanderont du temps à Barak Obama pour tenter de pouvoir les régler... Mais qu'est-ce qui s'est passé dans la tête des jurys du prix Nobel de la Paix (une commission de parlementaires suédois) pour donner à Barak Obama un prix international gratifiant et honorifique, avant que le vrai boulot soit fait ?

 Ce n'est pas faire injure aux parlementaires suédois que de penser qu'ils sont aussi tombés dans la vague d'Obamania qui a secoué la planète. Barak Obama semblait lui-même un peu gêné de cette récompense précoce. Plus curieux est l'argument de la théologie chrétienne invoqué par les Président des États-Unis lors de sa remise de décoration. Il a remis au goût du jour la notion de « guerre juste ». Des guerres justes entre pays puissants et pays pauvres, c'est comme les gagnants au loto : ça existe mais c'est rare.

 Il ne faut pas dramatiser outre mesure cette remise de prix cocasse. Le jury du prix Nobel de la Paix n'a jamais brillé par sa clairvoyance. Le président américain Théodore Roosevelt, prix Nobel en 1906, était un militariste avéré, de même que d'autres comme l'Israélien Menahem Begin ou l'Américain Henry Kissinger. Il ya les élus et les nominés. Dans les pressentis qui n'ont pas in fine obtenu la coupe, les archives dévoilés du jury montrent qu'Adolf Hitler a été proposé en 1939, Mussolini en 1935 et Staline par deux fois, en 1945 et 1948.

Rassurez-vous ! Gandhi, présenté par différentes personnalités internationales et nommé comme candidat cinq années de suite, n'a jamais obtenu le hochet.

Copenhague :

plouf et re-plouf !

 Le sommet international de Copenhague sur le réchauffement de la planète, suivi par toutes les télévisions et médias de la planète, a fortement déçu. Même pas un pavé dans la mare, à peine un crachat dans la mer. Qui monte inexorablement : comme le note Jean Jouzel, climatologue et membre du Groupe d'experts sur le changement climatique (Giec), un autre Prix Nobel de la Paix (2007), « Il y a d'abord l'élévation du niveau des mers. Elle a été de 17 cm au XXe siècle; elle est aujourd'hui de 3 mm par an. On se rend compte également que la fonte des glaces du Groenland et de l'Antarctique contribuent de plus en plus à la hausse du niveau des mers (...) ». Le diagnostic de l'expert est sans appel : « La valeur moyenne du réchauffement prévu sur le XXIe siècle par les différents modèles est de 3°C, mais la fourchette oscille entre 2°C et 6°C.

 Cela dépend en partie des émissions de gaz à effets de serre. ». Pour résultats déjà sensibles, aridité accrue dans de nombreuses zones, typhons et moussons monstres ailleurs, élévation de la famine et de la misère partout.

 Le diagnostic ne fait guère débat. Sur les solutions possibles ? Aucun accord envisageable ! Laissons de côté l'impuissance de l'Europe, l'oubli de l'Afrique, les petits arrangements entre amis chinois et américains, l'impuissance traditionnelle des grandes messes internationales (G7, G8, G20, Assemblées générales de l'ONU...), pour se concentrer sur un mécanisme essentiel. Les pays riches aimeraient que les pays pauvres ou en émergence polluent moins donc produisent moins. Ces derniers comprennent mal pourquoi ils devraient se priver du progrès dont bénéficient les autres, et consomment de plus en plus du produit à base carbonique (charbon, pétrole, gaz, et, tous moyens à réserves limitées).

 Tout le monde sait que seuls de nouveaux progrès technologiques permettraient d'éviter le pire et de trouver de nouvelles sources d'énergie infinies et surtout moins polluantes (comme par exemple, la fusion nucléaire de l'hydrogène).       Mais pour cela, il faudrait que les pays riches et pauvres partagent le savoir. Or, la défense intransigeante de la « propriété intellectuelle des brevets », chasse gardée des pays riches, est une pierre angulaire de tous les traités de l'Organisation mondiale du Commerce. (OMC). Ah ! Quel manque de chance !




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