Algérie

Une bombe à retardement


Les pouvoirs publics ont misé sur la formule "tout reloger" sans prendre en considération les retombées sur le plan de la sécurité.Mieux vaut tard que jamais, le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme, Abdelwahid Temmar, a reconnu, hier, que les cités à forte densité populaire, à l'image des cités construites dans le cadre des formule AADL et LPA, nécessitent un véritable "diagnostic sécuritaire", à défaut d'une prise en charge et/ou d'un diagnostic qui permettrait d'améliorer le cadre de vie des citoyens.
En ce sens, M. Temmar a révélé que son département, en coordination avec les services de la Gendarmerie et de la Sûreté nationales, ?uvrera, très prochainement, à un diagnostic global sur la montée de nouvelles formes de violences dans les nouvelles cités afin d'y remédier, et ce, dans le cadre d'une nouvelle stratégie de lutte contre la criminalité et le maintien des acquis sécuritaires. En marge du séminaire national intitulé "territoire, insécurité urbaine et prévention contre le crime", une rencontre organisée par l'Institut national de la criminologie et de la criminalistique (INCC-GN) de Bouchaoui, M. Temmar a affirmé que son département "prendra très au sérieux les recommandations de ce séminaire afin de trouver des solutions durables aux fléaux qui émergent dans les nouvelles cités à forte concentration démographique".
De son côté, le général-major, Menad Nouba, a relevé, dans son allocution, que "cette rencontre vise à développer toutes les approches sans exclusive pour définir une stratégie commune avec l'ensemble des intervenants. En plus des causes et des conséquences du comportement criminel dans le milieu et son impact sur la sécurité, nous devons arriver à des solutions durables pour mieux gérer l'aménagement sécuritaire du territoire". Selon M. Nouba, la criminalité induite par la densité des populations dans les zones urbaines et suburbaines, est la résultante directe de la naissance de la nouvelle cartographie du territoire.
De leur côté, les intervenants ont estimé que les nouvelles cités, allant jusqu'à 3 000 logements, notamment sur la formule AADL, "constituent une véritable bombe à retardement si les pouvoirs publics n'anticipaient pas la montée de nouvelles formes de violence à moyen terme". En effet, à défaut de construire des cités gérables, c'est-à-dire à faible et à moyenne densité de population, les pouvoirs publics ont misé sur la formule "tout reloger" sans prendre en considération les retombées sur le plan de la sécurité, à l'image des batailles rangées, le trafic de drogue, le vol de véhicules, les agressions, les vols et l'émergence des noyaux de délinquance.
Aux yeux des séminaristes, "la problématique est très complexe pour dégager des solutions durables. Aujourd'hui, les cités à forte densité populaire poussent comme des champignons au grand dam de la bonne gestion et de l'aménagement du territoire. Le cadre de vie se dégrade très rapidement, avec autant de facteurs qui amochent la cité, comme l'insalubrité, le manque d'espaces sportifs et culturels, de parkings et le manque d'entretien". D'ailleurs, des universitaires présents à ce séminaire ont relevé que "les problématiques sur lesquelles on devra se baser et les solutions qu'on devra préconiser s'inscrivent en porte-à-faux avec l'anarchie architecturale qui caractérisent ces cités dortoirs". Autrement dit, le ministère de l'Habitat et de l'Urbanisme, au même titre que le ministère de l'Intérieur à qui on avait confié la gestion de l'aménagement du territoire, devront, avant tout, estiment les participants, "amender la loi relative au territoire, donc à la gestion du foncier destiné à l'extension urbaine, et mettre fin aux cités à forte densité populaire, sources de tous les maux".
FARID BELGACEM
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