Algérie

UNE BLAGUE… '



UNE BLAGUE… '
« Incident regrettable», «moins-value» dans les relations entre les deux pays, le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, éprouve de visibles difficultés à placer le curseur au bon endroit pour exprimer le sentiment officiel vis-à-vis de la plaisanterie incertaine du président français sur l'Algérie. Les responsables algériens se seraient bien passés d'une saillie qui les met dans l'embarras après une visite officiellement très «réussie» du Premier ministre français à Alger.C'est un site pro-palestinien, Panamza, qui a mis en relief ce passage où le président français faisant un discours chez le CRIF s'est dit soulagé de voir son ministre Manuel Valls revenir «sain et sauf» d'Algérie. Dans l'inconscient colonial les Algériens demeurent, n'est-ce pas, une catégorie dangereuse ! Mais on dit que M. Hollande aime, tout comme A.Sellal d'ailleurs, à lancer des boutades et faire rire son auditoire. Rien de répréhensible, à condition de savoir utiliser à bon escient une arme à double tranchant. Car les gouvernants qui ne vivent que de jeux de mots finissent par apparaître, eux aussi, pour des plaisantins. Lors de sa dernière sortie, le président français a choisi le lieu le moins indiqué pour moquer l'Algérie. Le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) n'a rien d'un espace informel, c'est le creuset du sionisme français, et y faire de l'esprit aux dépens de l'Algérie ne peut être ressenti que comme une provocation.Que M. Hollande ne l'ait pas mesuré pose, aux Français d'abord, une vraie question sur le sérieux de leur plus éminente personnalité. Face à ce que cette plaisanterie suggère - les Algériens susceptibles d'attenter à la vie de son ministre de l'Intérieur -, les officiels algériens, même sans dramatiser, sont tenus de réagir. Ils ne pouvaient pas se permettre d'adopter un très diplomatique profil bas alors que les réseaux sociaux se sont emparés de la question. Et là, sur Facebook ou Twitter, les choses se disent, directement, sans le style compassé de la presse où chacun surveille ses propos… Ce que ne fait d'ailleurs pas François Hollande alors même qu'un chef d'Etat est supposé faire preuve de davantage de circonspection. Alors que notre Internet local subit d'étranges « ralentisseurs», une opinion algérienne libre s'exprime hors des canaux classiques et elle le fait avec beaucoup de verve, d'ironie et de hargne.Sur les réseaux, des Algériens ont constaté, choqués, en regardant la vidéo du show présidentiel que le mot français de « blocus» a de la peine à sortir de la bouche de François Hollande pour évoquer ce que subit la population assiégée de Ghaza. A la place, ils ont eu droit à l'euphémisme très atténué de «restrictions», comme quoi humour ou non, on sait se souvenir de l'art de la litote. Les Algériens ont de l'esprit, ils se moquent d'eux-mêmes avec beaucoup de verve et parfois avec une ironie mordante. Mais, solidarité anticoloniale oblige, ils sont particulièrement motivés par la question palestinienne. Et quand le président français, héritier de Guy Mollet selon le colon Shimon Pérès, se moque de leur pays devant un lobby colonial israélien, ils cessent d'y voir une aimable boutade. Les réseaux, qui montent, disent aujourd'hui plus fortement, plus clairement, que les officiels l'attachement des Algériens à la cause du peuple de Palestine.Quand le président d'une République française, constamment en train d'opposer sa «laïcité» évidemment très supérieure aux Français d'origine maghrébine ou subsaharienne, se plie à un rituel communautariste, cela ne fait pas rire grand monde. Et si les officiels algériens sont «contraints dans l'expression», selon la célèbre formule de Lionel Jospin, cela n'est pas le cas de l'opinion qui domine la toile.




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