Algérie - A la une

"Une beauté loin d'être déserte"



Poussé à l'aide d'une vague de fraîcheur, le traîneau de l'artiste peintre Eltsova Maria a fait une halte samedi 18 mai à la galerie I-Fru.design. Le choix d'élire bivouac à Telemly n'est pas fortuit. Loin s'en faut, car "voyager au-delà de la mère Russie, c'est aller de soi à soi en passant par les autres", s'est-elle dit dans l'optique qu'elle se réchauffe à l'immensité du Sahara qu'elle désigne d'"une beauté loin d'être déserte". Impériale du diadème d'une tsarine, l'élève de l'Académie d'Etat des arts plastiques Sourikov de Moscou a planté son chevalet qu'elle a convoyé sur sa troïka lochadiey tirée par trois chevaux de sa lointaine steppe jusqu'à Tala Oumlil de Telemly. Mais "qu'importe si le chemin est long, du moment qu'au bout il y a un puits", et ce puits ne peut-être que la source blanche de l'ancien chemin de l'Aqueduc, où l'avaient précédée ses aïeux et auteurs de notes de voyages : L'Algérie des temps modernes (1849) de Modeste Bagdanovitch et L'Algérie (1877) d'Alexander Kouropatkine (*). Cela dit, l'artiste peintre Eltsova Maria s'escorte d'une parade de "matriochkas" (poupées russes) qui rétrécissent lorsqu'elles se déboitent l'une de l'autre pour offrir la toile peinte à l'huile qu'il y a en chacune d'elle. "Outre qu'elle est fertile, l'huile est d'essence inventive, d'où l'euphorie que je ressens à l'ausculter dans l'intimité de mes pinceaux", a déclaré cette diplômée de magistère of fine arts lors d'un intermède volé à sa cérémonie de vernissage. Férue d'une terre où l'hiver se fond au soleil, l'artiste peintre Eltsova Maria a éclairé la nuit polaire de sa Russie à la chaleur de l'oasis de Aïn Sefra, ce pays d'adoption d'Isabelle Wilhelmine Marie Eberhardt (1877- 1904) où "on n'a rien, mais on ne manque de rien". C'est dire l'éclat de l'astre qui poudroie les toiles de l'artiste peintre Eltsova Maria qu'elle puise de l'alliance de tranches de vie et de l'allégorie d'hommes au bleu céleste de "Kel Tamasheq" et d'intrépides femmes touareg qui font frémir l'historien au monocorde de l'imzad. Mieux, l'artiste peintre Eltsova Maria a évacué le folklore local pour offrir au visiteur la pureté du blanc et l'écarlate rubis d'un "thé au Sahara". En ce sens, l'artiste Eltsova Maria a su créer l'alchimie des nuances pastel où s'allie l'ambré du henné à la peau cuivrée du Targui. Talentueuse à l'air qu'elle a tété de sa datcha, Eltsova Maria a rétabli les tons qui s'amalgament aux grains de sable d'une dune. "Il y a des jours où l'on est poète, musicien, tout ce qu'on veut, et quand tu possèdes la musique, tu possèdes tout", lit-on en légende des toiles 1 et 6. D'où qu'il est aisé de deviner le pressentiment d'une quête identitaire qui couve dans les pinceaux de l'artiste peintre Eltsova Maria. Liée qu'elle est au trait d'union avec l'Algérie, l'artiste peintre s'est enchaînée d'abord à Alger depuis le jour où elle s'est envoûtée à l'eau bénite du saint Sidi Abderrahmane qu'elle honora d'une exposition à Moscou au retour de sa "tahwissa" (promenade) à la Casbah d'Alger. En ce sens, le soleil d'où luit l'inégalable lumière de la baie d'Alger reste l'argument maître qui lie l'artiste peintre Eltsova Maria à la terre qui a fasciné des générations durant d'artistes d'obédience "orientaliste" ou pensionnaires de Dar Abdeltif du Hamma. Donc, autant y aller vers le talent d'Eltsova Maria qui témoigne jusqu'au 3 juin prochain de l'esthétique d'un Sahara qui se vit au lieu qu'il se conte.Louhal Nourreddine
(*) Voir le livre L'Algérie vue par les orientalistes russes, de Abdelaziz Boubakir (éd. Mim).


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