Algérie

Une battante de vocation accomplie



Consternante fut cette douloureuse et sidérante nouvelle de la mort de cette battante accomplie, cruellement emportée par l'affreuse pandémie du coronavirus, le 13 juin 2021 à l'âge de 83 ans.C'est son époux et inséparable compagnon d'une vie commune de 64 années, Si Kaddour M'Hamsadji, le doyen de notoriété de la littérature algérienne d'expression francophone qui, avec une voix nouée en pleurs, mais empreinte de dignité et de foi qui nous l'a téléphoniquement annoncée en larmes de chagrin et d'affliction ainsi prononcées.
«Samya, ma chère et inoubliable épouse vient de décéder. Maintenant je suis atrocement seul et sans elle je suis amputé de mon âme.»
Une pathétique et bouleversante émotion qui illustre par la lumineuse devise du serment conjugal «Pour le meilleur et pour le pire» l'exemplarité d'un couple uni par ce précepte de valeurs humaines d'universalité. Dès les phases d'âge respectives de 24 ans pour Kaddour M'Hamsadji et de 19 ans de Samya-Zehour Khojet El Djeld, une destinée commune les a tous deux «scellés» pour ensemble accomplir et partager une traversée de l'existence à travers les cycles successifs d'épreuves et de facettes d'une vie.
Celle-ci fut pleine, dense et intense où Kaddour M'Hamsadji, son époux était dès l'année 1956 jeune enseignant diplômé de la prestigieuse Ecole normale d'Instituteurs de Bouzaréah qui a formé des promotions successives d'éminents pédagogues de grande renommée.
Enseignante d'inauguration de la première rentrée scolaire de l'Algérie indépendante Parallèlement et par vocation, la défunte et regrettée Samya M'Hamsadji s'est orientée vers l'enseignement dès l'année 1962 à une période critique où la première rentrée scolaire de l'Algérie indépendante était compromise par l'exode des Français qui représentaient une proportion potentiellement majoritaire du corps enseignant colonial, ceci dans un engouement de mobilisation patriotique citoyenne afin de relever un défi historique de l'époque.
Institutrice aux écoles de l'agglomération de Birkhadem, les Sources et Birmandreïs, Madame Samya M'Hamsadji découvrit sa véritable vocation d'éducatrice et d'enseignante avec l'amour et la passion d'initier et de transmettre les prémices d'éveil pour le Savoir et ses Lumières à ses jeunes élèves avec lesquels elle était en parfaite symbiose psychologique et pédagogique d'écoute, de partage, de tendresse et d'affection au ravissement de ces derniers et de leurs parents.
Un long parcours de plus de 25 années, où elle a pu savourer la réussite sociale de nombre de ses élèves devenus des cadres, médecins, enseignants qui à sa rencontre lui témoignaient une haute considération de respect, de reconnaissance et d'une touchante gratitude d'affectivité. Une union de destinée et d'affinités pour l'enseignement et la culture
Par ailleurs et aux côtés de son époux Kaddour M'Hamsadji un écrivain émérite de notoriété de la littérature d'expression francophone, la regrettée Samya M'Hamsadji a inlassablement oeuvré avec motivation à l'accompagnement et au soutien assidu et permanent de celui-ci dans son prodigieux et fécond parcours livresque, romanesque, poétique et dramaturgique.
À ce propos, il est judicieux de rappeler cette récente et émouvante évocation de Si Kaddour M'Hamsadji à l'auteur de ces modestes lignes à qui il a affirmé avec la solennité de la reconnaissance et de la gratitude à l'égard de son épouse en ces termes d'une poignante révélation. «Madame Samya M'Hamsadji a été mon épouse, fidèle compagne de vie dans toutes ses épreuves et aussi mon inséparable collaboratrice de littérature où elle a constitué un apport déterminant, d'inspiration et d'encouragements.
À ce titre elle fut ma première conseillère, ma première lectrice et ma première critique très pertinente et perspicace. Inoubliablement et à l'éternité, je lui dois tout.» Et d'ajouter «C'est la raison pour laquelle la primeur des dédicaces de toutes mes oeuvres lui a naturellement et toujours été réservée par une perpétuelle reconnaissance pour sa précieuse contribution stimulante et encourageante.
Une étape de vie ainsi accomplie grâce au soutien persévérant de celle-ci dans la constance du bonheur éprouvé à ses côtés. Particulièrement lors de ces dernières années où Si Kaddour M'Hamsadji a contracté une sérieuse et invalidante pathologie oculaire de la macula qui a affecté et réduit son acuité visuelle.
Une phase redoutable d'existence pour l'homme dont le sens fondamental de la vie s'articulait alternativement autour de l'écriture, de la lecture, de la poésie et de la créativité culturelle.
Dans ces pénibles conditions de perturbation où sa vision oculaire était sévèrement réduite pour ne plus pouvoir convenablement distinguer les caractères de lettres alphabétiques, il entreprit au cours de l'année 2019 un audacieux projet d'écriture d'un ouvrage consacré à la dégénérescence de la macula: une dépression de la rétine dont il souffre sous le titre éloquemment humanisé de La Poétique de l'oeil.
Un travail de longue haleine en un temps relativement court pour une publication rapide de l'ouvrage que souhaitait Si Kaddour afin de relever le défi à l'adversité des aléas handicapants de son état de santé visuel.
Avec sa proverbiale passion de transcrire la profondeur de ses sensations, il s'y attela avec ferveur dans la quotidienneté à la tâche en retrouvant toute la force et la vigueur de sa créativité littéraire auprès de son assistante et collaboratrice de toujours, Samya son épouse qui, dans cette contraignante conjoncture particulière pour l'écrivain, amoindri par l'incidence oculaire, redoubla d'efforts pour entièrement s'investir à l'élaboration du projet ardemment ancré dans l'intime aspiration de son époux.
Dans ce contexte et pour cet essai intitulé La Poétique de l'oeil d'une démarche instructive et attrayante de science, d'humanisme et de poésie, l'écrivain Kaddour M'Hamsadji s'est inspiré d'une réalité vécue qui est la sienne et a su captiver un lectorat avide de connaissances sur l'oeil, l'organe anatomique et son vaste univers
à l'infini de ses multitudes constellations d'extase lumineusement versifiées par les poètes d'immense célébrité de la planète à l'instar des monumentaux Ibn Zaydoun, Mohamed Bencheneb, Alfred de Musset, Louis Aragon, Paul Valéry pour ne citer que ceux-là.
Un défi qui instinctivement dans l'enthousiasme de la motivation mobilisa Samya M'Hamsadji pour inséparablement et dans la continuité seconder son époux dans l'accomplissement de toutes les tâches et prestations inhérentes à la structuration de l'ouvrage et ce dans la complexité visuelle handicapante de l'écrivain. Samya M'Hamsadji à la rescousse livresque de son époux atteint de déficience visuelle Ceci à travers de multiples et répétitives séances de lecture des chapitres élaborés du livre cependant illisibles pour ce dernier en complément de la saisie des textes, de leur compilation et répartition thématique de pagination.
Enfin toute une série d'opérations d'agencement livresque effectuées avec le recours à l'utilisation d'un attirail de loupes d'agrandissement de caractères d'écriture nécessité par la déficience visuelle de Si Kaddour M'Hamsadji.
Une épreuve fastidieusement très contraignante certes, mais compensée d'un bonheur inouï ressenti encore une fois comme toujours par le couple d'accomplir une oeuvre d'amour, d'union et de partage dans la symbolique de lumière incarnée en cette particulière circonstance par le livre.
La Poétique de l'oeil, un superbe essai littéraire de Kaddour M'Hamsadji en une oeuvre laborieuse d'abnégation de son épouse Samya.
Ainsi, Kaddour M'Hamsadji en écrivain de notoriété est le concepteur essayiste littéraire de la «Poétique de l'oeil» revigoré dans son oeuvre par l'accompagnement de sa moitié, expression souvent usitée par celui-ci pour désigner son épouse de labeur et de partage.
Samya M'Hamsadji son assistante culturelle morale et technique en constitue activement l'artisane de ce joyau livresque qui, enfin, a vu le jour en dépit de toutes les adversités et à eux deux, ils demeureront pour la postérité un couple exemplaire à l'échelle des valeurs humaines d'algérianité de dimension universelle.
Seule la sublimité de la dédicace du livre la Poétique de l'oeil qui est une authentique ode d'amour et de reconnaissance de Kaddour M'Hamsadji à l'endroit de son épouse Samya peut traduire l'intensité émouvante de cette verve, évocatrice d'une profonde confession, d'âme affectueusement rimée des entrailles de l'écrivain en cette éloquente exclamation ainsi transcrite pour la postérité «A elle sans laquelle je ne suis».
Le Silence des Cendres: une fresque romancée d'héroïques épopées de la guerre de libération et premier ouvrage algérien traduit en langue chinoise.
À ce propos, il est également opportun de se remémorer le roman-phare d'un éclatant succès de Kaddour M'Hamsadji Le Silence des Cendres publié en 1963 à Rodez en France par les Editions Subervie, adapté en film cinématographique de long métrage par le célèbre réalisateur Youcef Sahraoui et qui a fini sa traversée en Chine et être traduit dans la langue du pays de la retentissante révolution culturelle de l'immense leader de mondialisation Mao Tsé Toung aux Editions des Ecrivains Chinois à Pékin en 1965.
Cette Chine qui bien que géographiquement si lointaine de l'Algérie a historiquement été si proche du peuple algérien qu'elle a indéfectiblement soutenu dans son implacable lutte pour l'indépendance de son pays.
Un lien privilégié pour lequel elle a tenu à célébrer officiellement par la symbolique littéraire de la traduction en langue chinoise les épopées historiques d'un âpre combat fidèlement revisitées avec le talent qui est le sien par l'écrivain algérien Kaddour M'Hamsadji à travers son oeuvre romanesque Le Silence des Cendres un titre d'une symbolique évocatrice de la mémoire et de l'histoire de la glorieuse guerre de libération.
Le couple Kaddour et Samya M'Hamsadji invités officiels de la République populaire de Chine
C'est ainsi que la prestigieuse Fédération nationale des hommes de lettres chinois présidée à l'époque par Kuatso Moy, un écrivain et poète de grande notoriété en Chine, initiateur du projet de traduction a adressé par l'entremise de la représentation diplomatique de Chine à Alger, une invitation officielle à l'écrivain Kaddour M'Hamsadji et à son épouse Samya M'Hamsadji pour une visite d'amitié en Chine à dessein d'un rapprochement d'échanges et de complémentarité culturelle entre les deux pays.
Ce qui fut au couple M'Hamsadji une heureuse surprise pour une féerique découverte de la mythique Route de la Soie charmeusement contée et décrite par des générations successives d'écrivains et de poètes dans le monde.
Planifiées au cours du mois de juin 1967, pour un séjour d'une longue durée de plus d'un mois, des visites guidées ont été organisées de Pékin à la Muraille de Chine, des sites historiques et archéologiques, aux grandes villes et aux merveilleuses provinces et contrées attenantes, et implantés dans un harmonieux décor environnemental de biodiversité typiquement asiatique. Un fabuleux périple qui a durablement marqué Kaddour et Samya M'Hamsadji par l'accueil, l'amabilité, la considération affectueuses et chaleureuses témoignés à leur égard. Des rencontres avec des écrivains et des poètes chinois organisées pendant toute la durée de leur séjour ont favorisé l'animation conjointe de conférences thématiques algéro-chinoises au ravissement de nombreuses assistances séduites par les fructueux débats d'échanges judicieusement développés pour le raffermissement des liens culturels de l'Algérie et de la Chine.
Photo souvenir d'une rencontre au siège de la Fédération nationale des hommes de lettres chinois à Pékin en juin 1967
Au premier rang: au centre Kuatso Moy président de la Fédération, à sa droite Kaddour M'Hamsadji à côté de Mme Kuatso Moy épouse de président. À gauche l'interprète chinoise de Mme Samya M'Hamsadji en compagnie de celle-ci élégamment vêtue du traditionnel «Karakou» algérois.
Au deuxième rang:écrivains chinois avec à l'extrême droite le traducteur du Silence des Cendres de Kaddour M'Hamsadji
La regrettée défunte Samya M'Hamsadji a inséparablement de son époux Kaddour M'Hamsadji activement très proche par des liens d'amitié avec les membres de «l'Association des amis de la rampe Louni Arezki Casbah» participé à ses côtés à une multitude d'actions culturelles dont nous citerons celle de la Conférence thématique sur le livre au Palais El Menzeh à la casbah d'Alger qui a suscité un engouement auprès d'une nombreuse assistance composée essentiellement de jeunes élèves des lycées Emir Abdelkader et Okba limitrophes de la Médina, complétée par les lycéennes du lycée Frantz Fanon de Bab El Oued ainsi que des universitaires conviés à cet important évènement livresque dont l'impact a impulsé un centre d'intérêt culturellement et didactiquement très instructif.
Ainsi, Madame Samya M'Hamsadji a vécu le bonheur d'un cycle d'hommages chaleureusement célébrés à l'endroit du Doyen de la littérature algérienne d'expression francophone Kaddour M'Hamsadji avec lequel elle a partagé la prodigieuse traversée d'un parcours intensément riche de créativité littéraire, poétique et culturelle.
Un véritable palmarès d'hommages successifs qu'elle a avec humilité savouré très sensible à l'expression de reconnaissance générationnellement témoignée à l'écrivain, l'auteur, le romancier, le poète célèbre, qui à son tour a perpétuellement illuminé par sa plume et en exclusivité toutes ses oeuvres d'une dédicace d'affectueuses gratitudes à sa Samya, son épouse dans la symbolique d'une destinée solidairement partagée.
Une consécration de l'oeuvre prolifique du parcours de Kaddour M'Hamsadji qui sera rééditée des années durant à travers plusieurs régions du pays particulièrement la ville de Miliana, à l'initiative de l'Association des amis de Miliana Arts et Culture présidée par le docteur Lotfi Khouatmi, complété par la direction de la culture de Bouira, la ville de Sour El Ghezlane, ville natale de l'écrivain et clôturée par le lycée Colonel Lotfi de Birkhadem, où a enseigné pendant de longues années Kaddour M'Hamsadji. Samya M'Hamsadji en symbiose d'une vie féconde dans le bonheur d'être ensemble et à l'unisson avec Kaddour M'Hamsadji son époux expressivement illustrée par cette photo souvenir de l'hommage célébré à l'endroit du Doyen par l'Association des amis de la rampe LOUNI Arezki, Casbah, à la Bibliothèque nationale du Hamma le 6 janvier 2016. Comblée dans la plénitude d'avoir vécu la célébration de ces inoubliables moments de profonde communion collective, du souvenir et de la mémoire, elle ne cessait en la circonstance d'exprimer avec une amabilité particulièrement chaleureuse ses vifs remerciements de reconnaissance à l'ensemble des nombreux participants de l'évènement, férus de littérature et de culture algérienne.
Au terme hélas de l'éphémère existence sur terre Madame Samya M'Hamsadji, cette grande dame de devoir qui, sa vie durant, a été une battante motivée de partage et de solidarité, a quitté ce bas monde pour rejoindre un meilleur univers céleste où elle y reposera à l'éternité couvée par la miséricordieuse Rahma d'Allah le Tout-Puissant et sa bénédiction pour l'accueillir en Son Vaste Paradis.
C'est vendredi 16 juillet 2021 que la traditionnelle commémoration du décès de la regrettée Samya M'Hamsadji a, dans la stricte intimité familiale, de douleur, de résignation et de foi en la volonté divine, eu lieu autour de sa tombe édifiée pour devenir désormais un repère d'éternité mémorielle de sa dernière demeure. En cette douloureuse épreuve, l'entière composante des membres de l'Association des amis de la rampe Louni Arezki Casbah et ses nombreux sympathisants où Madame Samya M'Hamsadji jouissait d'une exceptionnelle estime et d'une grande considération ont effroyablement été affligés par sa brutale disparition.
Une funeste et attristante circonstance où ils tiennent une fois de plus à réitérer leur commisération appuyée de leur soutien de sympathie, d'amitié et de solidarité à l'ensemble de sa famille, ses proches et particulièrement Si Kaddour M'Hamsadji profondément éploré, un proche d'intimité de notre Association ainsi qu'à ses filles Adila et Mamouna tant affectionnées par l'inoubliable défunte qui fut leur chère maman adulée. Que la terre lui soit légère en son impérissable souvenir empreint de qualités et de valeurs humaines qui dans le recueillement d'une pieuse pensée à sa mémoire sera pérennisée par tous ceux qui l'ont connue et aimée.
À Dieu nous appartenons et à Lui nous retournons
*Président de l'Association des amis de la rampe Louni Arezki Casbah


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