Algérie

Une base de données pour enregistrer automatiquement les victimes de violences



Le ministère de la Solidarité nationale se dotera à partir de l'année prochaine d'une base de données lui permettant de comptabiliser en temps réel et automatiquement toutes les femmes victimes de violences. Ghania Eddalia a annoncé également que son département va lancer en 2019 une nouvelle stratégie de prise en charge des femmes en difficulté.Salima Akkouche - Alger (Le Soir) - A travers cette base de données, expliquait hier la ministre de la Solidarité nationale à l'occasion de la journée internationale de lutte contre la violence à l'égard des femmes, que cette base de données va permettre d'avoir des statistiques fiables qui vont pouvoir comptabiliser en temps réel chaque femme qui se présente pour déposer plainte pour violence auprès de la Gendarmerie nationale, de la Sûreté nationale, des structures de santé ou au niveau des différents centres relevant de la solidarité nationale. Ces plaignantes, dit-elle, seront comptabilisées automatiquement.
Ainsi, suite à ces données, explique encore Ghania Eddalia, le secteur va mettre en place une nouvelle stratégie de prise en charge spécifique pour chaque type de violence. «Les femmes victimes de violence conjugale ne seront pas prises en charge au même titre que celles victimes de violence et de harcèlement dans la rue, ou celles qui subissent un harcèlement en milieu professionnel, ou des violences verbales, nous allons réagir en fonction des cas», a expliqué la première responsable de la solidarité et de la condition de la femme. Les deux projets de Ghania Eddalia seront lancés au courant de l'année prochaine, promet-elle.
Par ailleurs, la ministre de la Solidarité, qui a souligné que la dénonciation pose toujours problème eu égard à des pressions que subit la femme pour ne pas franchir ce pas, a indiqué que son secteur a lancé une campagne de sensibilisation contre les violences à l'égard des femmes qui va durer 16 jours. Sous le thème, «écoutez-moi aussi», des tables rondes, des conférences et plusieurs activités médiatiques sont au programme.
La ministre de la Solidarité a également indiqué que durant le premier semestre de l'année en cours, 7 156 femmes en situation de difficulté ont été prises en charge et 1 128 ont été victimes de violences.
Les cellules de médiation au profit des familles, dit-elle, ont accueilli, pour la même période, 30 672 familles dont 1 719 ont bénéficié d'une médiation familiale. La ministre de la Solidarité nationale estime que l'auteur de la violence est une personne malade qui a besoin d'une prise en charge psychologique. C'est pourquoi, dit-elle, il faut réfléchir à la création de centres de prise en charge des auteurs de violences.
Par ailleurs, selon le rapport établi par ONU Femmes, 7 687 plaintes de femmes victimes de violences ont été enregistrées de janvier à septembre 2017. Mais de nombreux cas ne sont pas connus et visibles car les femmes n'osent pas en parler et encore moins aller déposer plainte.
Le même rapport révèle que 59% des femmes âgées de 15 à 49 ans justifient la violence du mari pour une ou plusieurs raisons.
Cette proportion est de 41% au sein des femmes de niveau d'instruction supérieur. 50% des femmes ayant porté plainte pour violence physique en 2016 en Algérie ont subi ces violences dans le cadre familial. Une femme sur trois dans le monde est victime de violence physique ou sexuelle. La plupart de ces actes sont commis par son partenaire intime.
S. A.


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