Algérie

Une balade à M'dina Jdida




Plus qu'un marché à ciel ouvert, c'est tout le coeur de la ville d'Oranqui bat dans ces ruelles animées. M'dina Jdida, Ville Nouvelle, c'est toute une histoire, c'est mêmetoute une aventure pour le visiteur d'un jour ou pour l'habitué.Dès les premiers regards, la dynamique des lieux envahit le flâneur. M'dina Jdida, c'est des petitesruelles étroites, enchevêtrées dans des rues plus grandes, où le seul motd'ordre semble être «business». Les rues sont exiguës, un peu sales, desnids-de-poule sur pratiquement tous les chemins rendent la progressiondifficile. Mais peu importe, cela n'arrête pas les clients venus nombreux, desquatre coins de l'Oranie. Des voitures s'aventurent, parfois, dans ces espacesrestreints obligeant les vendeurs et les passants à se coller aux murs noirs etdélabrés des maisons, pour les laisser passer. Le marché s'étend sur une grandesurface, géographiquement, il peut être comparé à un grand cercle, plein derayons plus ou moins grands qui s'entrecoupent, avec, à l'intérieur, desmagasins et des boutiques en tout genre.Véritable labyrinthe, on peut passer et repasser par le même chemin sanss'en rendre compte. A l'origine, M'dina Jdida remonte à 1845, lorsque le général Lamoricière fondele village indigène sur le plateau Kargentah, quidevient le village des Djalis «le quartier desétrangers» aux portes de la ville. Les Français baptiseront l'endroit «village nègre» et ses habitantsl'appelleront ensuite M'dina Jdida.C'était, à cette époque, le lieu de rencontre des musiciens et des chanteurstraditionnels, dans ses cafés à la mode et son marché.Il est 10h du matin et déjà une foule dense est sur le pied de guerre,tous, sont à la recherche de la bonne affaire. Ici tout se mêle, s'emmêle,s'entremêle... le boucher côtoie le marchand de tapis, le primeur, le vendeurde prêt-à-porter... et tout ce petit monde s'active dans un chahut presquesympathique. Il faut dire que l'on trouve vraiment tout ici, les locaux lesavent bien, tout se vend ou presque à M'dina Jdida et à moindre prix.A la vue de la surexposition des marchandises dans les étals et partoutailleurs, il semble évident que les commerçants, ici, ont bien compris quec'est l'offre qui crée la demande. Le regard des passants est sans cessesollicité, l'espace est exploité au maximum. Les couleurs sont vives, le bruitest constant, les vêtements accrochés sur des pare-soleil bougent au gré duvent, obligeant continuellement les passants à se baisser pour les éviter. Surle sol, des produits pour la maison, des balais pour 200 dinars pièce, desustensiles de cuisine remplissent les trottoirs. L'allure générale est rapide,les gens sont pressés, tout doit se faire vite, même la négociation se faitdans l'urgence. Un groupe de trois vieilles dames intéressées par un tissu exposé,dans une des boutiques, essayent de persuader le vendeur de leur consentir unrabais. Le commerçant, gêné par l'insistance et le surnombre, finit au boutd'un quart d'heure de discussion effrénée par céder et baisser son prix initialde près de la moitié. La scène est typique des lieux et le sourire des damestémoignent de leur satisfaction et de leur sentiment du devoir accompli.Sur l'artère centrale, une multitude de jeunes,s'improvisent pour l'occasion «businessmen», exposent quelquesproduits, made in China, de la décoration pour la maison, jetée en vrac côtoiedes poupées tahitiennes, qui se déhanchent sur fond de musique exotique,faisant au passage le plaisir des tout-petits et parfois même des plus grands.Il est 11h, la foule se fait pressante, presque étouffante, plus aucunmoyen de mettre un pied devant l'autre, sans risquer de toucher ou de bousculerles gens. Midi sonne dans la grande horloge de la gare routière, le soleil està son zénith, les passants activent le pas, les ménagères font leurs dernièrescourses dans le marché couvert puis quittent, presque soulagés, la frénésie deslieux.Et pendant que certains partent, d'autres viennent, bien décidés euxaussi à faire de bonnes affaires. Lieu de toutes les rencontres, M'dina Jdida c'est aussi le lieu dela mixité sociale, toutes les classes sociales y sont représentées, des femmesélégantes, aux allures de femme du «beau monde» côtoient des femmes modestes,usées par une vie de misère.La délinquance est bien présente aussi, proximité oblige, et il n'est pasrare de voir hurler et crier «au vol», une passante, victime d'un pickpocket oud'un arrachage brutal de son collier...13h, le bruit devient assourdissant, les marchands s'égosillent à enperdre le peu de voix qu'ils leur restent, après cette matinée bien remplie,les voitures continuent inlassablement leur concerto de klaxons, pour se frayerun chemin dans cette masse...L'ambiance est assurée à Mdina Jdida !


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