J'ai lu tout récemment, dans un quotidien de langue arabe, que le ministère de la Jeunesse et des Sports avait ordonné à ses 58 directions de wilaya, à travers le territoire national, une étroite collaboration avec les services de sécurité pour ce qui concerne les investigations ayant trait aux comportements individuels des animateurs de camps de vacances d'été (bref, des enquêtes de moralité). Ceci, semble-t-il, après avoir enregistré, durant la saison 2022, des faits d'actes immoraux à l'encontre d'enfants, ce qui avait entraîné des actions en justice.Pour l'année 2023, il fallait donc que les animateurs désignés fassent l'objet d'enquêtes de moralité individuelles, avant toute affectation. Et, le journal de citer (pour l'année 2022) deux cas de harcèlement sexuel dont l'un, assez grave, ayant entraîné, chez l'enfant victime, un profond traumatisme psychologique.
Bien sûr, la justice s'est saisie de l'affaire mais, semble-t-il, cela n'a pas été chose aisée, que ce soit du côté des parents ou du côté de l'administration de tutelle, le sujet (celui de la pédophilie exploitant de jeunes enfants) étant encore tabou, les uns bien qu'avertis n'osant pas soulever un problème qui mettrait à «mal» leur enfant, et les autres (la tutelle lorsqu'elle est mise au courant ) pratiquant les politiques de «tout va bien madame la Marquise» et «l'exception ne fait pas règle». Il a fallu un changement de ministre pour, enfin, prendre le problème à bras le corps et, surtout, le courage (pour dénoncer et ester en justice les coupables présumés) de certains parents, tout particulièrement, me dit-on, les mamans.
Notre société de décideurs, déjà vieillissante, est si engoncée dans ses principes de pudeur et de conservatisme sexuel, si enfermée dans sa croyance en l'honnêteté morale de tous les «fidèles», si convaincue qu'un discours (politique ou autre) moralisateur peut arriver à contenir les pulsions de plaisir et ( hélas) de mal chez l'individu, tout particulièrement chez les jeunes qui «pètent le feu», qu‘elle a oublié de laisser naître et se développer des lieux (sous contrôle) où les corps peuvent «exulter».
Pis encore, tout a été fermé sinon interdit. D'où l'ensauvagement, par ailleurs, avec ses dégâts parfois monstrueux (par ex, le viol puis le meurtre). Idem pour les débits et les points de vente de boissons (à partir de 2007 à Alger), ce qui a entraîné des consommations orgiaques laissant derrière elles, dans les endroits les plus inattendus, dont les forêts, bouteilles et canettes pouvant même entraîner, lors des grandes chaleurs, des incendies.
Une société d'interdits, comme une société permissive, si elles contentent les décideurs moraux du moment, qu'ils soient au pouvoir ou non, ne peut déboucher, à long terme, que sur des vies sans morale et sur des comportements, d'un côté comme dans l'autre, immoraux. Il s'agit, donc, avant qu'il ne soit trop tard, de récupérer, le plus tôt possible, une morale équilibrée, celle qui permet à l'être humain de vivre sa vie personnelle comme il l'entend et, surtout, de respecter tous les autres, les femmes et les enfants d'abord et l'environnement. Une autre morale '
Ps : La dernière interdiction, en Algérie, du film «Barbie» (qui a connu un succès fou dans le monde et en Algérie, durant trois semaines : 40.000 spectateurs, nous dit-on) ne fait, à mon sens, que poser (ou réveiller) un ou plusieurs «problème(s)» que personne n'avait évoqué avant que quelques «influenceur(s)» repus ou frustrés en parlent et dont les élucubrations ont pris le pas sur l'avis de la commission (étatique, svp !) de visionnage qui avait accordé le visa d'exploitation. Le règne des extrémismes ! L'interdiction et/ou la prohibition déguisée, source de tous les maux '
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Posté Le : 19/08/2023
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Belkacem Ahcé ̈ne Djaballah
Source : www.lequotidien-oran.com