Si la première Intifada et la seconde ont duré respectivement six et cinq ans (de 1987 à 1993, et de 2000 à 2005), combien va durer cette troisième intifada, et sur quoi déboucherait-elle'Au-delà des réactions émotionnelles et les familières manifestations de soutien à la Cause palestinienne, visible d'une manière directe, il est manifestement plus important encore de voir plus loin et tenter de saisir l'issue de cette brusque escalade militaire israélienne contre le peuple palestinien. Ce n'est pas une poudrière qui risque de semer chaos et désolation au Proche-Orient, mais bien un volcan entré en éruption qui met en péril toute la région.
Déjà, au début de la deuxième semaine du conflit, on parle de plus de 200 morts parmi les Palestiniens et une dizaine parmi les Israéliens, ainsi que des dévastations de plusieurs bâtisses à Ghaza.
Ce n'est plus la guerre des pierres (première Intifada) mais la guerre des roquettes, qui peut évoluer vers un usage de force insoupçonné, une guerre de drones explosifs et de guérilla urbaine, et autres moyens de défense légitime à l'égal de ceux utilisés par l'ennemi. La force militaire dont se prévaut Israël n'est pas toujours gage de victoire. Des exemples témoins parsèment l'histoire, l'échec militaire des Etats-Unis au Vietnam, des Russes en Afghanistan, de la France en Algérie, pour ne citer que ces références contemporaines.
Certes, Israël a toujours tiré les ficelles quand il s'agit de choisir le moment de l'engagement de ses forces militaires et de leur retrait, mais les guerres n'ont jamais été une science exacte. La troisième Intifada va-t-elle, ainsi, durer le temps que lui imposerait Israël ' C'est ce qu'a laissé entendre le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, qui a clairement signifié, malgré les interventions diplomatiques qui plaident pour un cessez-le-feu, que les frappes sur Ghaza vont continuer encore jusqu'à l'élimination de « la menace terroriste » (en parlant du Hamas), annonçant dans le même sillage que les attaques israéliennes ont permis d'éliminer des commandos du Hamas et de détruire plusieurs passages souterrains à Ghaza.
Pour les enfants palestiniens qui ont perdu la vie, ces derniers jours, Netanyahu n'en dit pas mot. « Nous allons continuer nos frappes jusqu'à ce qu'on assure sécurité et tranquillité aux Israéliens », a-t-il soutenu imperturbable face aux innombrables appels à l'arrêt des attaques meurtrières sur Ghaza. Netanyahu serait-il, déjà, le grand gagnant de cette troisième Intifada ' Le conflit avec les Palestiniens, le Hamas, comme tient à le personnifier le Premier ministre israélien, arrangerait bien les affaires de ce dernier qui détournerait l'opinion interne de la crise politique aigüe que vit Israël. Et, plus intéressant, pour lui, d'aller négocier la paix avec les Palestiniens en tant que vainqueur. En somme, pour tirer les leçons de l'histoire, sachant que la première intifada a pris fin en 1993, avec la signature des Accords d'Oslo, la seconde s'est conclue en 2005 par un sommet entre Ariel Sharon et Mahmoud Abbas à Charm El-Cheikh, pour la troisième intifada, en cours, les Israéliens ne veulent apparemment pas qu'elle se termine sur une issue qui laisserait entrouverte la porte à une quatrième Intifada. A moins que les Palestiniens, eux, également, décident de régler radicalement les différends, une bonne fois pour toutes, sans avoir besoin d'un quelconque quatrième round '
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Posté Le : 19/05/2021
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Abdelkrim Zerzouri
Source : www.lequotidien-oran.com