Présenté comme un gouvernement de crise, l'éxécutif conduit par le premier ministre Ahmed Ouyahia peine à trouver ses repères dans cette confusion des rôles et des missions des différents acteurs qui interviennent dans la gestion des affaires de l'Etat. Ce n'est pas faire injure à Ahmed Ouyahia que d'affirmer que le premier ministre -pas plus que tous ses prédecesseurs d'ailleurs- n'a pas été nommé à ce poste pour gouverner mais pour coordonner l'action du gouvernement et appliquer un programme revêtu de sceau de la sacralité, celui du chef de l'Etat qu'il soutien d'ailleurs de manière inconditionnelle.Dans les Etats démocratiques la relation entre le chef de l'Exécutif incarné par le président de la République et le premier ministre est clairement défini en ce sens que le premier préside les affaires de l'Etat et le second gouverne . Cet architecture institutionnel a rendu possible des cohabitations politiques inimaginables dans des sociétés comme la notre entre un premier ministre et un président de la République issus de deux familles politiques farouchement opposées au plan programmatique. En Algérie , le gouvernement est placé sous la loupe de l'institution présidentielle et des décideurs de l'ombre qui lui fixent le cap, contrôle son fonctionnement, inspire ses décisions, le censure ne lui laissant qu'une étroite marge de man?uvre. D'où les rapports d'allégeance et de subordination qui s'imposent naturellement au premier ministre par rapport au pouvoir régalien de l'institution présidentielle. Ouyahia est dans cette posture. Il a toujours accepté cette règle du jeu.
Mais depuis quelques jours des vents contraires assez violents soufflent sur lui. La nouveauté, c'est que les tirs nourris qui le ciblent proviennent d'un camp supposé ami . Coup sur coup, il a ainsi subi les assauts de Chakib Khelil qui a démonté son bilan de gestion , Ould Abbas qui a poussé la provocation jusqu'à vouloir organiser au niveau du parti un audit sur le bilan du gouvernement . Le coup de grâce qui confirme que l'étau est en train de se resserer autour de Ouyahia , c'est ce carton rouge brandi dimanche par le ministre de l'Industrie Youcef Yousfi qui souligne que rien ne se fera en matière de privatisations sans l'accord du président de la République. Les jours d'Ahmed Ouyahia sont-ils comptés ' Avant lui, l'ancien Premier ministre Abdelmadjid Tebboune a été évincé suivant un scénario identique pour avoir voulu faire de la résistance à la toute puissante oligarchie.
Aujourd'hui, dans certains cercles, on semble suspecter Ouyahia de s'être écarté de la doctrine néolibérale et de connivence avec les milieux d'affaires pour la cession des actifs des entreprises publiques. Encore une autre erreur de Casting ' Présenté, hier, comme l'homme de la situation, diabolisé aujourd'hui par les mêmes cercles proches de Bouteflika qui lui tressaient des lauriers lors de sa nomination, Ouyahia est-il en passe d'être lâché pour avoir «trahi» la confiance du président, s'être écarté de la doctrine politique et sociale du programme de Bouteflika come l'accusent ses détracteurs et le soulignent certains commentaires de presse ' Ou pour ses ambitions présidentielles qui dérangeraiennt le clan présidentiel, à en croire certaines indiscrétions ' La mise au point de l'agence officielle aps diffusée hier en fin d'après-midi, citant une source autorisée, apporte un éclairage sur la polémique en question. Faut-il interpréter ce recadrage comme un renouvellement de la confiance de Bouteflika vis-à-vis de son Premier ministre '
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Posté Le : 16/01/2018
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Omar Berbiche
Source : www.elwatan.com