Algérie

Une autre année perdue pour le tourisme saharien, avec ou sans le Mali



C'est la guerre au Mali. L'accélération des évènements au cours de ces derniers jours ne change pas la donne. Il n'est pas besoin d'attendre le mois d'avril qui marque la fin de la saison touristique dans le grand Sud, pour faire le bilan : désastreux. Les opérateurs vendent leur 4X4. Seul le «tourisme armée» marche note un observateur attentif du secteur.
A la fin novembre 2012, Tamanrasset n'a enregistré l'arrivée que de 643 touristes, pour la plupart français et allemands, trois fois moins qu'en 2011 où le bilan n'était pas particulièrement réjouissant avec 1807 touristes. Le tarissement de l'arrivée des touristes étrangers, principaux clients de la destination, n'est pas compensé par des touristes nationaux. Mais la crise malienne ne fait qu'accentuer une situation qui prévaut depuis au moins d'une décennie. Les soucis sécuritaires ayant entrainé la fermeture des itinéraires les plus courus, Tassili-Ahagar et Tamanrasset-Janet-, avaient déjà impacté l'activité touristique. La «valeur marchande» des otages occidentaux augmentant les risques d'enlèvement, la destination est ainsi boudée. Durablement. La guerre en cours au nord du Mali n'ajoute pas grand-chose à un secteur déjà sinistré. Le principe de précaution des autorités algériennes qui ne veulent pas revivre l'épisode des enlèvements a entrainé non seulement la limitation de l'accès à des circuits très demandés mais aussi un tarissement des visas octroyés aux touristes étrangers. Pour la plupart des opérateurs, la situation au Mali est pratiquement sans impact sur un secteur qui est «déjà à l'agonie». Les opérateurs sont en quasi-faillite et certains en sont réduits à céder leurs 4X4, le «moyen de travail» par excellence dans ces régions. Pourtant, enragent les opérateurs, les sites touristiques du grand sud algérien «sont sécurisés» mais subissent les effets des soucis politiques d'Alger et aussi d'une mauvaise image qui affecte l'ensemble de la région. Les touristes nationaux ne prennent pas vraiment le relais.
LA SAOURA, C'EST POUR LES «HAPPY FEW»
Si les opérateurs ont obtenu une légalisation de l'hébergement touristique chez l'habitant, l'arrêté interministériel qui l'autorise exclut son application aux wilayas du sud. Même si les opérateurs admettent que le grand sud, c'est d'abord le bivouac, le trekking, ils considèrent que cette exclusion handicapante alors que la formule peut intéresser des personnes qui ont des soucis de confort et de sécurité. Il y a enfin la réduction de 50% sur les billets d'Air Algérie pour les groupes de plus de quinze personnes. Mais la formule ne «fonctionne pas» estime un connaisseur. «On parie sur les oasis de la Saoura mais là aussi seuls les initiés ou les happy few y vont». C'est une question de «culture» dit-il, les Algériens préfèrent «économiser pour le dépaysement en Turquie plutôt que sur les dunes». En outre, les opérateurs admettent, en aparté, qu'ils n'ont pas les moyens d'une vraie campagne de promotion et ils attendent du Ministère qu'il le fasse. «Le public potentiellement intéressé, celui des jeunes, n'est ni ciblé ni encouragé» estime-t-il. Il y a eu une petite incidence sur la fréquentation de fin d'année, plutôt «moyenne». Mais pas quoi atténuer un bilan en recul par rapport à 2011. Bachir Djeribi, président du SNAV Algérien (Syndicat national des agences de voyages) n'y va pas par quatre chemins : «le secteur agonise». Une lente agonie depuis une décennie aggravée par l'anxiété sécuritaire. Les opérateurs algériens ont beau mettre en avant le fait qu'il existe du coté algérien des circuits sécurisés et permettant aux opérateurs de travailler normalement, le message ne passe pas. «Nos sites touristes sont très loin du théâtre de guerre malien. Ils sont sécurisés, mais l'image dont souffre la sous-région a eu des effets directs sur la baisse de la fréquentation.» souligne un opérateur sur les circuits sahariens. «Il y a des choses qui nous dépassent comme l'impact de la situation au nord du Mali et au Sahel d'une manière générale» relève Bachir Djeribi.


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