Algérie

Une association des plasticiens est née à Constantine Pour promouvoir l'art dans la région, avec option d'élargissement à tout le pays



Une association des plasticiens est née à Constantine Pour promouvoir l'art dans la région, avec option d'élargissement à tout le pays
Photo : Riad
De notre correspondant à Constantine
Nasser Hannachi

Certains plasticiens veulent casser la monotonie qui perdure. La dernière visite de la ministre de la Culture, qui invitait les artistes à sortir de leur coquille pour faire valoir leurs prouesses, semble avoir provoqué un déclic chez quelques-uns. Le 2015 (Constantine, Capitale de la culture arabe) en est, certes, une cause, mais le vide dans lequel baignent les pinceaux dans la ville des ponts a poussé quelques artistes à essayer de renverser la vapeur pour s'illustrer. Ce qui a débouché sur la création, il y a quelques jours, d'une association régionale des plasticiens et dont la vocation s'étendra peu à peu pour gagner le territoire national.
«Nous l'avons lancée pour ranimer notre activité en difficulté à Constantine depuis des années», indique Mme Boulfoul Latifa,plasticienne et membre de cette association. Cette initiative, selon elle, permettra aux artistes de recouvrer leur «liberté d'expression artistique», et ce, en exposant leurs créations sans se couper de leur milieu naturel. Présidée par le peintre Allalouche, l'Association des plasticiens algériens (APA) boostera à coup sur les 'uvres des artistes et tentera, comme consigné dans sa charte, de promouvoir l'art à l'échelle régionale, tout en gardant l'option d'un élargissement de son horizon à tout le territoire national. «Actuellement, elle compte sept membres, tous des artistes. Nous avons décroché l'agrément auprès de la wilaya», confie la même source.
S'agissant du budget de fonctionnement, il sera arrêté ultérieurement sur la base du règlement régissant ce genre d'association. «Avec évidemment un penchant plus intense pour l'art», souhaite l'APA.

La salle Issiakhem, le stimulant
Les arts plastiques n'ont de nom que par leurs auteurs qui se démènent pour les faire valoir aux quatre coins de la cité. L'ouverture, il y a plus de deux semaines, de la salle Issiakhem, à la Maison de la culture Mohamed El Aïd El Khalifa, aura permis à cette activité de nourrir de nouvelles ambitions. Mais sans programme préétabli ni implication des artistes qui font l'actualité et dont les 'uvres pourraient constituer une vitrine, cet espace d'exposition demeure vierge. Nous apprenons que les responsables sont en train de peaufiner une liste d'exposants afin de permettre à la galerie en question d'être fonctionnelle en permanence et, ainsi, de renouer progressivement les liens avec les férus des beaux-arts. Cet espace, qui avait été détourné de sa vocation depuis des années en raison des multiples échéances électorales, dès lors qu'il servait de siège pour les diverses commissions de surveillance des élections, pourra ainsi recouvrer son identité pour servir les arts plastiques. «L'essentiel, c'est d'avoir récupéré un espace qui sera dédié aux artistes peintres», dira un plasticien local avant de préciser : «Il ne faut pas oublier que les aires d'expositions n'existent pas à Constantine, ce qui a découragé quelque peu la plupart des créateurs.»
Resté isolé de la grille culturelle, à l'exception de quelques expositions éphémères, le plasticien local a aujourd'hui quelques chances d'émerger avec la réouverture de cet espace d'exposition et la constitution de cette association. Mieux, des perspectives seraient amorcées pour lui permettre une activité teintée de marketing. «Jusqu'ici, aucune partie institutionnelle ne sollicite les 'uvres. Et pourtant Constantine en détient toute une collection», déplore un artiste. Pourtant, rien que pour les délégations étrangères qui visitent la ville des ponts, les responsables locaux auraient pu faire un effort en leur offrant des toiles d'artistes locaux. Mais les 'uvres d'art sont les derniers «objets» qu'on penserait à mettre sur la liste des cadeaux à offrir aux hôtes, bien que les enveloppes budgétaires réservées à ce genre d'événements soient suffisamment pourvues, ajoutera l'artiste. Une toile ne coûte pas ce que coûtent les méchouis et les fêtes qui les accompagnent.
D'ailleurs, des gestionnaires que nous avons rencontrés avouent n'avoir aucune commission spécialisée qui serait en mesure de faire des propositions pour l'acquisition d''uvres artistiques en général et d'art plastique en particulier ou même le sponsoring d'activités
culturelles. Aucune indication sur l'existence d'un service, ne serait-ce que d'une personne, qui défendrait la culture au sein des administrations publiques ne nous est donnée, alors que des observateurs interpellent les plasticiens leur demandant de s'organiser pour faire valoir leur profession. «Cirta n'a pas vu des associations qui défendent les arts, les artistes et leurs 'uvres, monter au
créneau ou même descendre sur le terrain. Cette indifférence manifestée pour des causes multiples, dont l'éternelle question de leadership sur la scène locale, aura fragilisé les beaux arts. Au lieu de confirmer leurs présences en diverses manifestations et d'en créer d'autres, moyennant un effort d'imagination, certains artistes préfèrent ''le recul'', et comme la nature a horreur du vide, c'est l'amateurisme de tout bord qui profite de cette situation de vacuité», commente un peintre autodidacte.
Le rush vers les galeries d'art n'est pas pour demain. Toutefois, avec cette nouvelle tentative de redonner aux tableaux une chance de retrouver les cimaises et une place sur la scène culturelle locale, les collectivités locales pourraient, peut être, songer à soutenir le travail de cette association et, ce faisant, aider un art mal en point à Constantine.
Et lui garantir une longévité au-delà de 2015'


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