Algérie

Une arme redoutable contre les soubassements du crime organisé Les douanes se dotent d'une nouvelle direction du renseignement


Cette direction, créée dans le sillage du nouvel organigramme et dans le cadre de la modernisation de l'institution des douanes, vise essentiellement à asseoir une stratégie de collecte de renseignements avec la contribution de tous les douaniers activant à tous les niveaux et tous secteurs confondus.
«La transmission par le biais de canaux sécurisés et l'exploitation des renseignements cumulés dans un cadre pluridisciplinaire peut protéger l'économie contre le crime organisé», explique M. Bouanem Menad, responsable de cette névralgique direction devant contribuer à un changement en profondeur de «l'image des douanes algériennes».
En mettant en place cette nouvelle structure de renseignements, les douanes passent à une étape supérieure et affichent une volonté de sortir de leurs missions essentiellement basées sur le contrôle aux ports, aux aéroports et aux frontières. Ne négligeant pas les résultats et les efforts entrepris par le service de lutte contre la fraude dans le cadre de ces contrôles, notamment a posteriori, M. Bouanem Menad, qui dirige cette structure, connaît parfaitement l'importance du renseignement et son impact sur les réseaux transnationaux versant dans des trafics en tout genre.
«La différence entre le renseignement et l'information est que le renseignement est une matière non encore divulguée contrairement à l'information qui est rendue publique», dit-il, précisant que «le renseignement bien analysé (recoupements et confirmations), bien exploité et partagé avec les divers services de sécurité peut surprendre les criminels au moment où ils s'y attendent le moins et, d'une certaine manière, juguler les multiples courants de fraude constatés».
«La direction du renseignement est en construction», révèle le responsable de cette structure qui souligne que «grâce aux échanges entre les divers services de sécurité liés par des conventions (DGSN, Direction générale des impôts, Gendarmerie nationale, Banque d'Algérie mais également les douanes étrangères) et au travers d'une collecte d'informations, nous nous attelons à l'élaboration d'un fichier national des fraudeurs et à la création d'une base de données qui serviront à localiser et identifier les fraudeurs et cerner les activités criminelles, notamment celles relatives aux crimes économiques».
Une base de données comportant les multiples facettes inhérentes aux modes opératoires ainsi que des indications sur les auteurs d'infractions ou de crimes économiques. Le renseignement revêt un caractère de confidentialité. Partant, son exploitation et la célérité des interventions opérées par les services peuvent conduire ces derniers à anticiper en agissant sur les soubassements du crime organisé, soit déstabiliser les structures criminelles.
Il est notoirement connu que les agents de renseignement ne sont pas très bavards sur les questions liées à la logistique, effectifs ou celles ayant trait aux ramifications du réseau de renseignement disséminés à travers le territoire national. «Telle une toile d'araignée, ce réseau s'emploie à collecter des renseignements qui seront canalisés et emmagasinés à l'aide de l'outil informatique», a indiqué le responsable.
Précocité et célérité découlant de l'utilisation du renseignement
L'utilisation du renseignement varie selon les spécificités et les formes des activités délictuelles et criminelles. Faisant montre de réserve et esquivant subtilement de révéler les détails du réseau de renseignement des douanes, le responsable indique que des moyens conséquents ont été mis en place. Ils sont traduits sur le terrain par «l'amélioration notable des moyens de communication dans le sud algérien mais également pour sécuriser et fiabiliser les canaux de transmission des renseignements collectés».
La lutte contre le fléau du blanchiment d'argent et autres opérations de transferts illicites de capitaux constitue une des cibles privilégiées de la direction du renseignement. En concertation avec un organe spécialisé (Cellule de traitement et de renseignements financiers liés par une convention), les douanes tentent de juguler
ce phénomène dont le taux de préjudice sur l'économie algérienne est incommensurable. aAu même titre que tous les autres services de sécurité confondus, nous entretenons une relation étroite avec la CTRF et les échanges de renseignements complémentaires nous aident à plus d'un titre pour la constitution d'un fichier fiable pouvant être consulté par tous les organismes de lutte contre le crime organisé», indique M. Bouanem.
La formation, un vecteur de réussite et de progrès
Participer ou collaborer dans la collecte du renseignement requiert des connaissances spécifiques sur les méthodes utilisées par les réseaux. Cela requiert également des connaissances sur les techniques d'approche et de transmission du renseignement.
Cela va sans dire les douaniers algériens ne bénéficient pas de chapitre relatif aux agents chargés d'infiltrer les réseaux, à l'instar de leurs homologues étrangers, mais se contentent de tracer et identifier les diverses activités criminelles. Il convient de souligner qu'en sus de l'absence de ce chapitre, les douaniers algériens sont démunis du statut de police judiciaire leur permettant d'aller au-devant des criminels en toutes circonstances.
La direction des ressources humaines, épine dorsale de l'administration des douanes, s'affaire à la formation spécialisée et recyclage d'agents pour l'acquisition des connaissances en matière de comptabilité et de fiscalité en totale conformité avec les standards universels.
«Il est indéniable de souligner que le crime organisé sous-entend une interconnexion de tous les réseaux maffieux qui activent comme des organisations structurées, et pour combattre ces derniers, il est utile de prodiguer des formations pointues aux douaniers», souligne le responsable. A titre informatif, «la direction entend mener une lutte sans merci contre le trafic de stupéfiant et narcotique, le blanchiment d'argent et le transfert de capitaux qui saignent notre économie», a relevé ce dernier.
La coordination des services internes et externes, une nécessité absolue
Le responsable, tout en évoquant la contrebande comme étant un des moyens de financement du terrorisme dans le sud algérien et dans le Sahel insiste sur «les dotations concédées aux douaniers du sud assignés à une collaboration et une coordination avec les autres services». Dans ce cadre, il évoque la création d'une nouvelle école spécialisée dans la formation des douaniers dans la lutte contre la contrebande. Une école située à Tlemcen est fonctionnelle depuis quelque temps.
En réitérant une question relative à l'effectif relevant de la direction du renseignement, M. Bouanem affirme que «tous les douaniers activant à tous les niveaux sont de potentiels agents de renseignements».
En matière d'échanges de renseignements avec les douaniers de par le monde, le responsable relève «les multiples conventions bilatérales signées dans le cadre des accord avec l'UE ayant trait à la circulation des marchandises, (identification des origines et authentification) dans le cadre du commerce extérieur», indiquant que «ces renseignements fournis par les partenaires étrangers sont utilisés dans la lutte contre le crime économique»,
notant, toutefois que «la valeur demeure une des préoccupations des douanes». «Pour cibler les opérateurs, il est nécessaire d'avoir un service de renseignement performant» car, ajoute-t-il, «la lutte frontale à montré ses limites». Concernant les relations banques-douanes, il indiqua que «les douanes sont contraintes de formuler des déclarations de soupçons vis-à-vis des opérateurs ayant transféré des sommes à l'étranger sous couvert d'opérations d'importation».
A ce titre, une autre source bancaire relève une carence dans les conventions paraphées entres les deux institutions. Indiquant que «les banques devraient communiquer aux douanes et en temps réel les domiciliations des factures convoitées par les opérateurs avant que ces derniers n'entament leurs transactions, permettant ainsi aux services des douanes de communiquer, à leur tour, les informations aux douaniers étrangers dans la perspective de traçabilité des fonds».
Pour M. Bouanem, «il est plus que nécessaire d'interconnecter tous les acteurs dans un réseaux intranet et hyper sécurisé pour gagner en efficacité dans la lutte contre le crime organisé». Pour ce faire, la nécessité de mettre en place un mécanisme d'incitation à la collecte du renseignement et dont la source ferait l'objet d'une protection absolue.
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