En marge du Festival international de la musique andalouse
et des musiques anciennes qui a été organisé à Tlemcen à
,l’occasion de Tlemcen capitale islamique, du 27 avril au 6 mai
plusieurs conférences ont figuré au programme de cette grande
manifestation parmi lesquelles, celle animée à la Maison de la
culture Abdelkader Alloula, par l’universitaire Salim El Hassar
intitulée Musique andalouse : nouvelle approche historique.
Dans cette conférence, l’intervenant a abordé, dans
-un bref récapitulatif historique sur Tlemcen et son hé
ritage culturel, deux aspects importants du passé de
cette musique : la contribution des poètes et poètes
musiciens algériens (notamment de Tlemcen) à l’enrichissement du patrimoine et les différents courants
musiciens et leurs empreintes du point du vue de la
.mélodie et du rythme
Le conférencier a traité ces thèmes en raison de
l’actualité permanente liée à l’histoire de cette musique avec laquelle la société maghrébine conserve
des attaches profondes. C’est ainsi qu’il s’est posé la
question de savoir si ce legs avec son héritage à la fois
musical et poétique correspondait exactement à ce
,qui est avancé encore par de nombreux historiens
qui ont toujours considéré que cette musique était
d’origine essentiellement andalouse, limitée dans le
.temps et dans l’espace géographique de la péninsule ibérique au moment de la présence musulmane
L’intervenant est l’auteur d’un corpus de mouwachahate et de zadjal
ayant pour titre « De Grenade à Tlemcen », paru récemment aux éditions ENAG ; une œuvre entamé depuis plusieurs années, « après avoir
,compulsé des archives et une documentation importante et fragmentaire », a-t-il expliqué dans sa conférence. Lequel travail lui a permis
après l’étude des textes et l’identification de leurs auteurs, de lire autrement l’histoire de cette musique. L’évolution de cette musique, tel le
patrimoine de l’Ecole algérienne de musique andalouse, fut, toujours
à travers la lecture des textes poétiques et l’identification de leurs
auteurs, marquée, dira-t-il, par trois périodes suffisamment distinctes
la période de la brillance des royaumes de Cordoue et de Séville ; la :
,période post almohade avec la naissance des royaumes de Grenade
.Fès, Tlemcen et Tunis ; la période ottomane
Sans entrer dans les détails de chacune d’elles, avec l’évolution qu’a
-connue la langue poétique classique - mouwachah et zadjal -, le confé
rencier a déclaré avoir découvert l’importance de l’apport des littérateurs algériens à cette musique. Si l’histoire s’est, surtout, contentée
d’évoquer le nom de Zyrieb, créateur de cette musique dans les structures que nous lui connaissons, il est aujourd’hui possible de démontrer, a-t-il expliqué, que « la permanence de cette musique voire son
héritage tel que connu aujourd’hui, est dû à une sédimentation d’apports constants et permanents qui se sont effectués à
travers les âges et les textes poétiques confirment cette
approche. » « Nous avons sans doute, à ce jour, occulté
les œuvres de Tifachi parlant d’Ibn Baja (Avempace, XIIe
siècle) ou encore Abdelouahid Al- Wancharissi, fils de
Yahia de Tlemcen, auteur du Mi’yâr qui mentionne cette
évolution en évoquant l’influence des traditions du terroir berbéro-arabe sur cette musique restée longtemps
confinée dans les limites des palais en Andalousie, avant
l’avènement des royaumes berbères au Maghreb avec
les Almohades, les Almoravides et, enfin, les Zianides au
.Maghreb central », a encore démontré l’auteur
La société algérienne notamment à Tlemcen, n’est pas »
restée passive, dira-t-il, à l’égard de ce patrimoine qu’elle
a reçu de l’Andalousie à travers les multiples relations
à la fois de vassalité sous les Omeyyades, jusqu’au IXe
siècle, par le biais des émigrés andalous, des échanges
commerciaux et familiaux qui ont existé entre l’Espagne
musulmane et certaines vieilles cités, notamment Tlemcen, enfin et surtout, entre Grenade et Tlemcen sous les
.« Nasrides et les Zianides
Pour justifier cet enrichissement musical et poétique
permanent de la sanâa, à l’écart du haouzi, Salim El Hassar citera les principaux auteurs algériens de Tlemcen
dont les œuvres ont fait une incursion dans la nouba algérienne, à savoir Abou Hammou, roi et poète (XIVe siècle), Abi Djamaa Talalissi (XVe
siècle), Saïd Al Mandassi (fin du XVIe siècle), M’bareb Bouletabag (XVIIe
siècle), Mohamed Al Faroui (XVIIe siècle), Al Khadr (XVIIIe siècle), Ahmed
Bentriqui (XVIIe siècle), Mohamed Ben M’saib (XVIIIe siècle), Mohamed
Bendebbah (XIXe siècle), entre autres. Il citera le titre de leurs chansons
introduites dans le corpus de la sanâa comme Mal habibi malou, Hark
…dhana mouhdjati, Ana ouchkati fi es-soultan
Il conclura en soulignant que « cette musique dite andalouse en hommage à la civilisation produite en Andalousie pendant la présence
andalouse dans la péninsule ibérique, est également présente à travers
les différentes traditions de styles existantes en Algérie, aussi bien à
-Tlemcen, à Alger qu’à Constantine, œuvre de poètes musiciens algé
riens. « Ces poètes compositeurs, regrette El Hassar, ne doivent pas rester comme des anonymes puisque jamais un hommage ne leur a été
« .rendu contrairement aux interprètes
S’agissant des courants musicaux des autres traditions anciennes
de style et même d’exécution, qui ont existé en Algérie et qui caractérisent chacune d’elles aux plans mélodiques et surtout rythmiques
des influences léguées par les grands maîtres devanciers, tels Ichou Médiouni dit Maqchiche, Ménouar Benattou, etc., « l’uniformisation
des styles, a-t-il considéré, est un signe d’appauvrissement de l’héritage anciennement.
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Posté Le : 09/10/2011
Posté par : tlemcenislam
Source : tlemcem2011.org