L'anthropologie est une réflexion sur la nature humaine.
Conscience universelle, concept des différences, philosophie de l'autre, elle est de faire resurgir un jeu de convergence et de divergences et une dialectique des systèmes; ainsi dés le départ il sera question de confrontation avec le problème de l'herméneutique. Ainsi s'interdire d'interpréter une culture en fonction d'une autre ou se restreindre à des monographies narratives et descriptives entraînerait un relativisme étatique qui anéantirait l'explication anthropologique de notre approche au sujet de la femme tlemcénienne, de sa place et de son rôle dans la Cité.
Cependant il est utile en tout premier lieu de visualiser un aperçu de la société algérienne dont la femme tlemcénienne est issue à travers une chronologie de portraits féminins.
On usera à cet effet de synchronisme conformément à l'anthropologie, qui couvrira une longue série de périodes à travers l'algérie ainsi que tout se qui se rattache au diachronique qui annoncera les différentes attitudes a-chronique de la femme dans la Cité. D'où l'importance de rappeler que de tout temps depuis l'Antiquité il est question des femmes et la femme algérienne n'est pas une exception.
En effet les fresques du TASSILI sont déjà toute une écriture. Les images rupestres de ce Sud de l'Oranie représentent clairement des vies actives animées par les femmes y compris cette femme-épouse-mère au long cordon ombilical rattaché au Dieu Amon-Râ, le Dieu soleil de l'époque. Terrible imago qui annonce un puissant matriarcat fortement signifié dans les premiers Dieux-Femmes tout à fait comme ces déesses nées à la Mekke signalées dans le texte coranique : "Uzzat, Manat, et Ellat".
Un peu plus tard l'algérie paganiste, païenne vouera un culte à Cybèle et à Vénus avec le sacrifice de la plus précieuse des créatures: une jeune vierge dédiée aux Dieux à des fins religieuses pour arrêter les catastrophes et les colères de la Mère-Terre, rappelant ainsi la mémoire hellénistique d'Iphigénie, fille d'Agamemnon pour arrêter la tempête en mer Egée.
l'Algérie judaïque a vu la sublimation de Léa, Rebecca et Rachel.
L'Algérie phénico-romaine a glorifié le sens de la patrie et du devoir à travers la bravoure de la reine des Gétuliens, Irexe face à Carthage et à Sophonobise fille d'Asdrudal, reine et esclave de la passion de Syfax roi des numides dans le royaume de Honein, ouverture maritime de la ville de Tlemcen. pierre Corneille en saisit l'occasion pour en composer au XVIIème siècle une tragédie classique à la manière de Bérènice, ou d'Athalie de Jean Racine en la présentant à Paris à l'Hôtel de Bourgogne en 1663.
L'ère chrétienne a observé le génie d'Apulée de l'Algérie Mineure (IIème siècle J.C) à travers les "Métamorphoses". Ce chantre des drôleries, des tonalités comiques et burlesques met en scène des femmes et des épouses qu'il encourage de décider d'elles-mêmes. ses textes littéraires et philosophiques seront pastichés dans une réécriture de Rêda Houhou dans "al-himar al-dhahabi" ou "L'Ane d'or".
Au VIIème siècle avec l'avènement de l'Islam, une reine berbère surnommée "Kahina" de son vrai nom Dihia ou Damia fille du grand Tabéta et reine des "Gerawa" est en lutte contre des soldats en répliquant farouchement à la conquête arabe.
L'Algérie musulmane soutiendra la femme à tous les niveaux jusqu'à disposer d'elle-même et de ses biens (riches compilations à ce sujet à travers les écrits des berbères andalous.
L'Algérie ottomane dénoncera avec fougue et indignation l'humiliation des femmes subit par les soldats ottomans à travers les écrits d'al-Wansharisi dans son célèbre "al-Mi'yar" pour défendre et préserver le statut des femmes algériennes.
L'Algérie coloniale dressera à travers les toiles de Delacroix le portrait des femmes algériennes égorgées, mutilées par les soldats français pour avoir dit "Non" sur les berges d'Alger à l'invasion française. Un siècle plus tard, le mouvement réformiste avec al-Ibrahimi et Benbadis prêtera un soutien inconditionnelle à l'éducation des femmes adapté à leur modernité.
Reines, guerrières ou moudjahidates comme Hassiba Ben Bouali, 'Awisha HaG Slimane et Maliha Hamidou, l'article 81 de la Révolution annoncé par Frantz Fanon déclare "Les femmes algériennes constituent des systèmes de références, hors espace, intemporelles, elles resteront toujours les mêmes.
A partir de cette approche historique des femmes algériennes il est aisé à présent de se rapprocher plus intimement de la femme tlemcénienne. En effet rien n'est plus étrange, plus inexplicable que les détails les plus ordinaires de la vie quotidienne, les aspects les plus révélateurs de sa personnalité en s'attachant d'abord à développer et à analyser ce que A. Leroi-Gourhan appelle la pensée parlée dans son ouvrage intitulé" le geste et la parole".
Rappelons d'abord que la société tlemcénienne s'exprime par la bouche de la femme tlemcénienne. On dit bien que le le langage trahit l'homme car le social et l'individuel sont totalement confondus. Il nous semble donc essentiel de nous attarder sur le rôle important que joue la société féminine tlemcènienne pour la conservation de son patrimoine linguistique. Langue urbaine, citadine, héritée des vieilles traditions, elle définit son identité culturelle, Langue fine, élégante, fortement policée, elle dénote un raffinement affirmé et fait que l'activité langagière unit le groupe, le rend plus solidaire, complice et farouche défenseur de l'art de bien parler. Cette pensée parlée est la langue de l'enracinement. Elle opère comme un agent unificateur de tous les tlemcéniens telle une LOI: Loi coercitive qui implique un certain repère, qui structure aussi les enfants et les contraint à entrer dans un ordre symbolique. De ce fait, liée à l'identité, rattachée fermement au socle familial, la langue tlémcénienne est une réalité et est en réalité une loi du pouvoir dans la société tlemcénienne.
Loi qui repose sur quelques variantes de la langue arabe liées au raffinement linguistique et langagier.
Ce raffinement se retrouve dans ce qu'appelle les spécialistes de la phonétique arabe ('ilm al-aswat) "al-tsaltsala". C'est une prononciation du "t" en "ts" se rapprochant intégralement du "tsadé" hébreu. Les phonéticiens arabes la définissent ainsi:" al-tsaltsala, désigne le consonne fricative en consonne occlusive douce et légère opposée à la grossièreté des sons de la "al-shanshana", langue parlée des ruraux et des bédouins." Définition soutenue par al-suyyuti, le géant de la linguistique arabe dans son ouvrage "al-Itqan", ainsi qu'Ibn al-Sikkit dans son 'Islah al-Muntiq", révélant ainsi une codification de la prononciation des sons en harmonie avec on milieu. "Kitab al-Aghani" d'al-Isfahani développe également une longue étude à propos de la" tsaltsala" dont la caractérisation n'est autre que ce raffinement de la langue citadine.
A ce raffinement du "t" afriqué en "tsé" s'ajoute le "dje", une initiale dentale qui se prononce en tlemcénien "je", une prononciation plus légère, plus agréable, moins agressive et surtout plus discrète.
De toute évidence , il 'a pas lieu ici d'occulter la marque la plus authentique de ce patrimoine linguistique, celui de l'altération du "Qaf" articulé en "a", une simple attaque glottale. Nos phonéticiens arabes lui accorde aussi une terminologie particulière celle du"qof lahwi" articulée en "qof halqi" soit en hamza (="a") et en font une théorie tout aussi spécifique soutenue par Zammakhshari et Sibawayh ainsi que par Ibn Khaldoun qui fondait une distinction essentielle entre langue citadine et parlers bédouins ruraux attirant dit-il parfois la raillerie des alentours. Ibn Khaldoun en rappelant la légitimité de cette langue citadine que Tlemcen est une vieille population citadine depuis longtemps fixée sans origine campagnarde mais que sa vie économique comme dans le passé le plus lointain est fondé sur ses relations avec ses campagnes avoisinantes.
Quant à sa voix, ce trait bien spécifique et purement individuel comporte un élément social connu dans le geste et la parole en rapport avec la personnalité de la femme tlemcénienne. L'étude de ses qualités vocales sont passionnantes mais elles sont aussi un indice de sa personnalité mesurée, pondérée, réservée toute entière semblable à son intonation, un aspect de sa dynamique vocale. le style, le vocabulaire y contribuent e sont difficiles dissocier du social et de l'individuel.
Tous ces niveaux d'expression linguistique définissent sa place et son rôle au niveau social et culturel.
La femme tlemcénienne vit dans une vie urbaine importante et riche, dans une cité blottie dans ses remparts, dans ses quartiers et dans ses impasses. Un violent décalage de par plusieurs aspects distingue la femme citadine de la femme rurale au niveau langagier comme défini plus haut mais aussi au niveau des habitudes, de l'histoire, du mode de vie et du vêtement. Certes le vêtement permet de la différencier par l'emploi de tel ou tel détail vestimentaire, du costume de tous les jours au costume de fêtes ou de cérémonies. Face à la rurale, l'emploi de son vêtement est chargé de significations. Il est un signifiant permettant de transmettre les diverses informations 'statut de fille, de jeune fille, de jeune mariée, de veuve ou de personne âgée..). Tout dans le vêtement conduit à une différenciation importante y compris les broderies proportionnelles à son rang social et à la richesse de ses étoffes(mensouj, velours gênois pour le Kaftan, al-arftan, ou la blouse de soie ou de mousseline.....)
Le vêtement constitue un véritable indice de valeurs et de l'organisation sociale de la femme qui accentue certains traits de son costume avec les différentes manières de le porter représentant un type fréquent de signifiant : le raffinement, la perfectibilité,le goût du détail, la minutie, en u mot l'EXCELLENCE. Le tout avec un art de se parfumer, de se couper les ongles, de se peigner, au sortir du rituel du bain(al-hammam). Eternellement belle, élégante, savoureuse, pudique et discrète elle sait ce qu'il faut réduire ou accentuer. Toute une éducation dés la naissance la prépare à ce modèle implicite pour la protection et la conservation des traditions fortement ancrées.
Cette manière d'être ne lui interdit pas d'exceller dans l'art culinaire. Elle sait que sa cuisine met en oeuvre ses représentations qui reflètent les conditions historiques et économiques ainsi que ses valeurs sociales et culturelles. ainsi, les processus culinaires sont diversifiés pour la préparation des mets, des pâtisseries comme le décorticage, le lavage, le séchage et la mouture de toutes les épices et de tous les condiments utilisés; tâches réservées à tous les types de statut de la femme sans aucune distinction, lettrée ou illettrée, riche ou pauvre... Trés importantes aussi pour elle, les opérations culinaires qui sont un lieu d'interactions, des techniques et même des rapports sociaux.
Elle procède rigoureusement à la sélection des aliments qui se fonde sur une classification liée à une mise en ordre de son espace, à une cosmologie reliant sa personne à sa société, lui assignant sa place, son rôle et sa conduite de mère et d'épouse et de "rabatu al-bayt" (la Déesse-Mère). Elle observe les opérations de cuisson, de préparation, de combinaison des aliments qui obéissent à des règles de compatibilité. Elle règle le boire et le manger dans un ordre chargé de sens: on ne mange pas n'importe où, n'importe quoi, n'importe quand et avec n'importe qui. Elle tient compte de la préparation des plats toujours en corrélation avec les saisons et surtout les goûts, les inclinations et les tempéraments de la famille. Toute l'activité culinaire fait l'objet d'un ordre et d'une organisation car tout est chargé de sens et prend valeur de signe, signe de raffinement, de noblesse et de savoir-vivre.
Son système culinaire parle avec ses couleurs safranées, les saveurs diversifiées et les textures des sauces sucrées, salées ou sucrées-salées. Son système culinaire est un langage, il signifie une partie de ce qu'elle est: c'est à dire la femme tlemcénienne et son pouvoir de séduction, fondement de l'altérité et de l'identité affirmées d'interactions.
Ces deux aspects vestimentaires et culinaires font partie des rites de passage qu'elle assume comme la naissance et son cérémoniel, signifiant le plus important de la vie humaine destiné à intégrer les enfants dans la société tlemcénienne.
Elle se donne aussi cette autorité de diriger pour le mariage les prestations matrimoniales "sdaq" et les modalités des transferts des biens qui vont de la famille du fiancé vers celle de la jeune promise. Pareillement pour les événements funèbres elle assure toutes les activités des funérailles avec dignité et courage dans le calme et la discrétion en se rapprochant de la volonté divine.
Quant à son cadre de vie, son lieu de vie, elle est dans un lieu d'habitation où toutes les maisons sont à l'intérieur, c'est son espace à elle et en fera une vraie forteresse. Il faudra aussi distinguer deux types de femmes dans le système architectural tlemcénien. Celle qui habite dans les impasses et les petites ruelles (al-druba) et qui a le souci de livrer à autrui une image exemplaire de soi conforme aux règles de la civilité. Celle qui habite l'espace résidentielle qui est un espace prohibé par ceux qui n'habitent pas la ville et assure une ségrégation spatiale entre le public et le privé.
Le complexe architectural est un symbole puissant car Tlemcen rassemble toutes les fonctions qui sont régies par l'éthique musulmane d'où le contrôle constant de la femme pour surveiller la conformité des comportements de son entourage.
La femme tlemcénienne dans son contexte de femme citadine ne se définit par seulement par comparaison à la ruralité car elle dispose aussi de critères intrinsèques impalpables de ses traditions urbaines et culturelles et sociales. Les différences essentielles entre la rurale et la citadine se traduisent surtout par les mauvais rapports entre elles. Comme le signale J. Berque, la citadine méprise la rurale et sa grossièreté et la rurale méprise la citadine pour ses allures efféminées, la jalouse, envie ses richesses et guette l'occasion de l'en déposséder. Cette hostilité est fortement exacerbée car elle légitimé par rapport à la ville. Tlemcen se profile dans un système urbain organisé et en très forte harmonie, avec le système familial. La femme y veillera à cette organisation cohérente et solidaire où chacun représente le groupe auquel il appartient. On verra au niveau du lignage d'où surgit cet aspect un peu endogame à Tlemcen que la symbolique du NOM est fortement sacralisée. Fil de ..., Fille de.... répondent aux repères inscrits dans la paternité et de son autorité certes, mais le nom s'apparente aussi à une symbolique de l'autorité de la mère.
Pour conclure cet aspect culturel et social de la femme tlemcènienne il est triste de révéler aujourd'hui cette réalité cruelle quelques années après l'indépendance de l'Algérie que la femme vit une crise de la citadinité de la ville. Tlemcen ancienne cité victorieuse (al-mansourah) et stable fait apparaître des ruelles abandonnées et un certain délabrement parce que la cité stable est bouleversée par le déséquilibre du rythme des valeurs .Tlemcen, berceau de la citadinité s'inquiète face aux antagonismes brutaux et vit une culture urbaine qui s'impose dans tous les domaines y compris l'habitat qui ne répond plus au système architectural tan car les architectes aussi ont renoncé à construire leur ville qui ont plutôt raisonné en ingénieurs. Et pourtant la femme s'agite, s'anime en s'intéressant à travers son patrimoine pour jouer un rôle économique majeur.
Bien que la femme semble ne point s'intéresser directement aux marchés, elle convient plutôt à modéliser les décisions précises par des types d'acteurs économiques qui ne sont autres que les institutions apparentées à des entreprises (fabricants d'étoffes, de tissage, de laine ou de soie...) et des consommateurs(j'intègre ici tout ce qui constitue le trousseau de la mariée, une liste fort longue et fort coûteuse jusqu'à l'endettement des familles).
On se rend compte que les marchés en tant que tels considérés comme des structures sociales sont fondées sur les perceptions et décisions croisées d'acteurs individuels et sont modélisés à l'aide des différents archétypes conventionnels.
Cette dynamique nous a permis d'analyser l'interdépendance de l'échange dans la société tlemcénienne grâce au travail féminin avec les autres parties du système social.
C'est ainsi que nous nous sommes attachés à développer cette théorie qui nous invite à donner une explication essentiellement sociologique des phénomènes économiques. L'étude empirique "des mécanismes sociaux" qui existe dans l'économie a permis à la ville de Tlemcen de comprendre l'urgence et la nécessité de répondre aux traditions séculaires de la dot et du trousseau de la mariée.
Rompre avec cet aspect social et culturel allait générer la perte de 80% de l'économie tlémcenienne et mettre au chômage plus de 400 familles. La femme par ce rôle économique a décloisonné deux disciplines permettant aux institutions économiques et sociales d'évoluer et de résoudre elle-même toute une série de problèmes à mesure que le système se modifie. On peut ajouter aussi que la femme est le moteur d'une économie centrée autour du luxe, un luxe vu non pas comme le définit Flaubert un corrupteur des civilisations vertueuses ou un signe de distinction de la représentativité d'un pouvoir politique ou économique. Le luxe est plutôt perçu et contenu dans un sens de rentabilité. Le luxe se porte bien comme le signale Anne Beaujour quand l'économie se porte bien. Tlemcen perçoit le luxe et le définit à la manière de Saint -lambert qui lui réserve un article dans l'encyclopédie de Diderot comme étant générateur d'une dialectique Travail/luxe/travail/luxe. Et c'est dans cette dialectique que s'inscrit la pensée tlemcénienne dans l'appropriation et l'acception du phonème "LUXE" et de sa conceptualisation.
Une constatation empirique nous a fait observer et analyser l'importance du rôle de la femme dans la cité. Elle apparaît comme le chaînon stable, le point fixe autour duquel évolue et s'agite le reste du monde. L'ordre social est soumis à son immobilité dans ce sens qu'elle est traversée socialement et idéologiquement par ses modèles et ses référents puisés dans son éducation et dans sa religion.
Instance religieuse dominante la femme tlemcénienne joue un rôle capital dans le phénomène de la transmission et d'une transmission correcte. Symbole dominant, elle est détentrice du savoir religieux indissociable de l'éducatif.
Porteuse d'une solide culture arabo-musulmane, elle sait tout de la dynamique éthique et religieuse même dans les domaines les plus ordinaires tels que : l'art de ranger son tapis de prière, d'ouvrir le texte coranique, psalmodier ou ranger ses chaussures, aérer ses vêtements ou se comporter devant la maladie de la manière la plus douce et la plus lente, sans oublier les rires et les pleurs bien mesurés.
Elle est un exemple exceptionnel des normes de la conduite islamique idéale, même si elle a recours un discours narratif, normatif. Sa culture religieuse est puisée des modèles pour les qualités morales ou physiques dans les hadiths ou les versets coraniques. Son éducation religieuse lui permet de se référer aux connaissances des traditions et des connaissances autour des thèmes de la vie du prophète et de ses épouses, de ses filles et de ses compagnons, de la vie de Médine et de son raffinement ou de certaines pratiques grossières de la Mekke antéislamique pour bannir les comportements les plus vils et les plus démesurés. Elle profitera de cette formule "al 'ilmu fardun 'ala kulli muslimin wa muslima" qui lui permet d'accéder aux sciences religieuses et aussi à la Science.
Il n'est pas négligeable de rappeler que jadis de son statut de femme savante et lettrée elle fut poète, chef de guerre, faqiha, , princesse (lalla shumisha) ou musicienne (shikha Tetma). Aujourd'hui elle est avocate, médecin, diplomate ou ingénieur et allie fidèlement ses traditions à la modernité.
Authentique à travers tous ses codes, elle incarne les valeurs de la vie fondamentalement menacées par le matérialisme croissant de la société actuelle, de la société des bourgs qui lui reproche de s'ankyloser dans ses traditions pourtant nécessaires à l'harmonisation de la dynamique de la vie dans la cité et à son équilibre. Dans sa culture authentique elle retrouve tous les éléments animés d'un sens où tout est signifiant et contribue au fonctionnement du milieu dans elle baigne sans provoquer un sentiment d'effort ou de contraintes.
Sa remarquable authenticité définit aussi l'adéquation de chacun des membres de la famille, de chaque individu à une culture qui supporte la transmission de la connaissance, la compréhension, l'acception et l'intériorisation des valeurs qui régissent les comportements de chaque tlemcénien et de chaque tlemcénienne.
Elle réclame toujours un niveau culturel au sein de sa culture authentique afin de léguer un héritage culturel, commun enrichi, vivifié, et fécondé à travers les pratiques vécues, laissant entendre implicitement que son authenticité soit en fait réservé uniquement et exceptionnellement à son rôle et à sa place.
Nous observons aussi qu'elle révèle son authenticité non pas par ethnocentrisme mais par son mode de participation à la Cité. Elle fournit un aperçu sur les modèles et les mécanismes essentiels de la conduite des tlemcéniens se prévalant ainsi d'une supériorité définie par un complexe culturel qu'il faut appréhender à travers des ensembles dans une solidarité synchronique pour découvrir toutes les significations fonctionnelles de son rôle et de sa place.
Comment donc ne pas distinguer très nettement les niveaux de raffinement, de civilisation et d'excellence des valeurs atteint par la société tlemcénienne dont les tlemcéniens s'insèrent dans leur culture afin de protéger ce que ce géant de la littérature française, natif de la ville de Tours, Balzac a développé au sujet de l'aristocratie menacée de disparition à travers ce Monsieur Du Châtelet, un parvenu, venu dérégler la cité, vide et superficiel , insuffisant, inauthentique et qui sème le doute.
Cette future société tlemcèniennene ne serait -elle pas celle de Nicandre, un bourgeois, un homme des bourgs, que La Bruyère aussi méprise et rejette parce qu'il est le symbole de la disparition des vraies valeurs et de l'authentique.
Société de Nicandre ou de Monsieur DuChatelet, la société tlemcénienne s'interroge et pleure un symbole, le symbole d'un vêtement blanc, de soie ou de coton contenant l'éthique l'authentique et les valeurs aristocratiques, un vêtement depuis la nuit des temps noble et élégant le "ksa'" ou "ha'ik" disparu aujourd'hui du paysage tlemcénien .
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Par Rachida ROSTANE | Avant | 23/05/2006 08:13 | Après | Actes des rencontres | un commentaire | Lu 1590 fois | Version imprimable
Commentaires
1 -
par Arslane, le Vendredi 6 Octobre 2006, 11:23
Bonjour,
Je suggère le livre de Germaine Tillion " Le Harem et les cousins".
Bonjour belle tlemcénienne ,j'ai lu en diagonale ton texte sur la femme tlemcénienne ,où se cache t-elle en moment?
Je serais Rosse de dire que d'un amour féroce ,elle pouvait être la gardienne de la loi, par la foi en son destin de femme.Elle était la chaîne qui transmettait la tradition.Parfois, dès la nuit des noces( atroce rupture familiale) elle se devait d'être fidèle à une parole nouvelle traversant de nouvelles générations. Il existe autant de femmes tlemcéniennes que de charmes anciens de ces vieilles maisons qui abritaient des mémoires.Une mémoire séculière portant haut le Verbe et pour d'autres l'Habit.
De mauvaises habitudes ont été prises celle du non respect des hommes de science. Les parades nuptiales renversèrent le lit de la Culture. une déliaison avec la raison. Peu fe femmes tlemcéniennes perpétuèrent cette quête à la connaissance et à l'érudition,pourtant les femmes savantes( n'en déplaise à Jean Baptiste Poquelin) étaient bien Tlemcéniennes auparavant et ne faisaient point dans le dandinisme mondain ni dans la préciosité des choses futiles. Elles respectaient une règle établie, celle d'habiter la maison du père..et comme Elvire défendant da tradition ,elle lutta contre la mort des mots.Cette femme là est morte avec.
Tlemcen tente de ressusciter son passé,de redonner à la femme tlemcénienne sa place. Le trône est libre ,mais pour être reine, il vaut mieux ne pas avoir que de beaux bijoux,mais une tête bien pleine.
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Posté Le : 10/04/2019
Posté par : tlemcen2011
Ecrit par : par Rachida ROSTANE, Professeur Agrégée de Lettres Modernes, Docteur en Anthropologie Historique et Sociale
Source : tours-tlemcen.com