L'Institut du monde arabe (IMA) vient d'ouvrir une antenne à Tourcoing dans le Nord de la France. Dans cette ville de la métropole lilloise vit une importante communauté d'origine maghrébine. Elle dispose désormais d'un lieu qui se veut un rempart à la fois contre l'islamisme et l'islamophobie.C'est un projet culturel, mais aussi politique, financé par la région, la métropole lilloise et la ville de Tourcoing, inauguré dans une région où la présence maghrébine est importante, beaucoup de Ch'tis viennent d'Algérie et du Maroc. Dans le climat actuel, marqué d'une montée de l'islamophobie et du Front national, l'ouverture de l'IMA à Tourcoing est un geste plus que symbolique. «Notre pays va être valorisé» «On est un peu perdu avec tous ces amalgames qui sont faits, raconte Sabrina, une jeune femme d'origine algérienne croisée aux abords du musée et plutôt fière que sa ville accueille l'Institut du monde arabe. Quand on va en Algérie, on n'est pas très bien accueilli en tant qu'Algérien. Quand on est ici, je n'ai jamais senti du racisme, mais ces dernières années, je le sens. Je porte le foulard, j'essaie de ne pas trop le mettre, pour ne pas trop choquer, mais on est quand même jugé. Et là, ça se ressent. Le fait qu'il y a des instituts comme l'Institut du monde arabe qui ouvrent, notre pays va être valorisé par sa juste valeur. On va le voir autrement que de parler de religion, d'attentats, de femmes soumises... Les gens ont beaucoup à découvrir. Franchement, c'est un bon point.» Le maire de Tourcoing, il est de droite, il s'appelle Gérald Darmanin, une partie de sa famille vient d'Algérie. Ce qui l'a séduit dans le projet de l'IMA est que l'Institut va notamment proposer aux Tourquennois des cours d'arabe, comme l'IMA le fait déjà à Paris. C'est-à-dire offrir une alternative laïque à l'enseignement de l'arabe proposé dans les mosquées. «Autant que je suis attaché à ce que l'école de la République apprenne le français aux élèves à l'école primaire, ce qui est tout à fait normal. Autant lorsqu'on veut apprendre une langue, notamment la langue de ses parents ou de ses grands-parents, qu'on cherche ses origines, il vaut mieux que cela se fasse dans un lieu laïque comme ce bâtiment ici avec des professeurs connus par l'Education nationale et par les pays qui enseignent l'arabe que par les lieux cultuels, les mosquées. Je crois que c'est une énorme avancée pour les petits Tourquennois et Roubaisiens.» Lutter contre l'islamophobie L'IMA veut donc lutter contre l'islamophobie et les préjugés et cela passe par la promotion d'une image plus juste du monde arabe, comme le dit le président de l'IMA, l'ancien ministre Jack Lang. «La seule réponse aux obscurantistes, aux fanatiques, à tous les clichés, c'est de parier sur la culture, sur l'art, sur l'éducation, sur le savoir. Il faut donner toutes ses chances à l'intelligence et en particulier permettre à de jeunes générations à découvrir un monde qui bouge et qui change et qui est, en vérité, un monde pacifique. Car trop souvent, l'on réduit le monde arabe aux violences qui sont réelles dans certains pays, alors que dans l'histoire et dans le présent, c'est un monde riche, divers, multiple.» D'ici à 2019, l'IMA-Tourcoing proposera une bibliothèque, des salles de conférence, des galeries d'expositions... Mais d'ores et déjà la collection permanente est installée dans l'ancienne école de natation de Tourcoing. Un bâtiment assez étonnant, très «architecture patronale» du début du XXe siècle, tout en briques rouges, redécoré à la façon des maisons marocaines. Une centaine d'?uvres y a été rassemblée par Eric Delpont, le directeur de l'IMA-Paris : «Les ?uvres qui sont ici réunies, à peu près une centaine, sont à la fois issues des collections de l'Institut du monde arabe, du musée du Louvre à travers les départements des Antiquités orientales et des Arts de l'Islam, ainsi du musée Eugène Delacroix à Paris.» À Tourcoing, les artistes embrassent la modernité Eric Delpont a voulu faire dialoguer les époques et ce dialogue fonctionne très bien. Des ?uvres, datant pour certaines de l'Antiquité, côtoient des tableaux contemporains. Il faut voir les tableaux de l'Egyptien Hamed Nada, célébrant la musique et le cirque, les toiles figuratives du Libanais Nada Aki ou celles du Palestinien Soleïman Mansour pour embrasser toute la modernité de l'art du monde arabe. Et le fait qu'il ne se limite pas et ne s'est d'ailleurs jamais limité à la calligraphie.
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Posté Le : 26/11/2016
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : O R
Source : www.lnr-dz.com