Algérie

Une année sous le signe de l?érosion du pouvoir d?achat



Pays dont l?économie reste suspendue aux cours du baril du pétrole, l?Algérie en 2008 ressemblera à bien des égards à celle qui vient de s?achever. La loi de finances signée hier par le président de la République et élaborée sur la base de 19 dollars prévoit une importante enveloppe budgétaire pour la poursuite de la réalisation du Programme complémentaire de soutien à la croissance (PCSC). Il est prévu des dépenses de 4322,9 milliards de dinars se répartissant en 2018 milliards de dinars pour le fonctionnement et 2304,9 milliards de dinars pour l?équipement. En entamant sa quatrième année de mise en ?uvre, le PCSC devra connaître une accélération dans son exécution et livrer les chantiers promis pour cette année, car la particularité de 2008 est celle d?être sous le signe de? 2009, année de l?élection présidentielle. Alors une année plutôt en veillée d?armes !? Avec un baril de pétrole flirtant avec les 100 dollars, l?Algérie aura à présider, par le biais de son ministre de l?Energie et des Mines, l?Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Une présidence où il sera question de rechercher une stabilisation des prix et multiplier le dialogue avec les pays consommateurs. Des prix de pétrole qui devraient rester à leur niveau actuel jusqu?à la fin du premier trimestre 2008 avant de commencer à baisser, avait prédit Chakib Khelil. Avec un prix de pétrole fort, l?exécution du PCSC ne souffrira guère d?un manque de financement, mais rien n?indique qu?il en sera de même en termes de qualité d?exécution et de délais de livraison des projets. A ce titre, parmi les multiples projets qui devraient être livrés en 2008, le plus attendu est sans conteste celui du métro d?Alger, véritable feuilleton qui tarde à connaître son épilogue. La date de septembre 2008, annoncée à plusieurs reprises par le gouvernement pour le début de fonctionnement du métro, sera-t-elle ainsi respectée et permettra-t-elle à un vieux de voir le bout du tunnel ? Et toujours dans le secteur des transports, qui foisonne de projets, les négociations sur la concession du port d?Alger avec celui de Djendjen avec l?opérateur Dubaï Ports World (DPW) peuvent connaître une issue positive, même si des sources affirment que les négociations se heurteraient à une difficulté liée à l?avenir du port de Djendjen, dont le gouvernement semble ne pas renoncer à ce qui s?apparente à une vente concomitante avec celle du port d?Alger. Dans le secteur bancaire et financier, l?année 2008 sera placée encore une fois sous le signe de la réforme. Une réforme qui tarde à donner ses résultats et dont la privatisation du Crédit Populaire d?Algérie (CPA), considérée comme le point focal, peut connaître sa relance durant l?année. D?autre part, des sources affirment qu?en 2008, de nouvelles banques privées peuvent être créées, prêtant à l?Egyptien Naguib Sawiris l?idée d?ouvrir une banque en Algérie. L?année 2008 sera aussi celle de la monétique et de l?élargissement de l?utilisation de la carte bancaire, selon les prédictions des milieux bancaires et financiers. D?autres secteurs connaîtront des réalisations durant l?année, mais les résultats de l?embellie financière du pays se lisent plus dans la stabilisation macroéconomique. Même le FMI parle de perspectives favorables pour 2008 et considère que la poursuite d?une politique monétaire prudente devrait permettre de maintenir le taux d?inflation autour de 4% en dépit de la hausse des prix des produits alimentaires. Pour le FMI, la position extérieure de l?Algérie se renforce avec un niveau des réserves officielles élevé et un solde extérieur courant atteignant 25% du PIB. Un constat qui paraît soutenable, mais qui fait fi de la précarité sociale des Algériens, dont des pans entiers trouvent du mal à faire face à la cherté de la vie. Ainsi, si les hausses des cours du pétrole permettent de telles « prouesses », sur le plan macroéconomique, le consommateur algérien devra payer un peu cher le gasoil, comme l?a prévu la loi de finances 2008. L?Algérien aura à payer un peu plus cher la dépendance alimentaire de l?Algérie en 2008, face au renchérissement des cours des matières premières sur le marché international. A titre illustratif, les prix du blé ont connu une augmentation de 90%, 80% pour le soja et 20% pour le riz. Avec des tensions itératives sur des produits de première nécessité et devant l?érosion du pouvoir d?achat des Algériens, la bataille de 2009 se jouera certainement en 2008. Cela conforte d?ailleurs l?idée que la nouvelle année sera aussi celle des mouvements sociaux.


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