Algérie

Une année ardente et remuante


Cette année qui nous quitte ne se distingue pas trop des précédentes en termes d'atteintes aux libertés, si ce n'est que les interdictions n'ont pas épargné cette fois-ci la sphère économique.C'est une tradition : les rues de Béjaïa ne connaissent pas de répit, elles convulsent à chaque fièvre et appel citoyen et l'année 2017 n'est surtout pas une exception.
Elle se termine presque comme elle a débuté, dans la tension. Les protestations de ces derniers jours, dont celles pour tamazight, rappellent, bien qu'elles soient pacifiques, à notre souvenir les événements du début de l'année, qui ont dégénéré malheureusement en émeutes. Le 2 janvier, la grève des commerçants, qui avaient répondu à un appel anonyme, a installé un climat tendu qui a entraîné plusieurs communes dans une spirale de saccage. 13 individus, casseurs d'un showroom de Condor, viennent d'être condamnés à trois ans de prison, dont deux fermes. Pendant le même mois de janvier éclate une affaire qui ajoutera de la fièvre à la rue.
Des navires transportant des équipements de Cevital sont interdits de déchargement au port, et ce, jusqu'à aujourd'hui. En cela aussi, l'année se termine comme elle a commencé : déclarations, sit-in, marches... La rue a porté la colère de bien d'autres mouvements, qui remettent sur le tapis d'éternelles aspirations. Des syndicats, associations, collectifs de citoyens ont battu le pavé. Le 1er mai a connu une grande marche des syndicats autonomes, qui ne pouvaient célébrer la Fête du travail que dans la revendication.
De son côté, le MAK s'est distingué en mobilisant des foules, notamment parmi les étudiants qui ont marché le 12 janvier sous ses couleurs et le 20 avril aux côtés du RCD. 2017 est l'année de la chasse aux autonomistes, dont certains ont été interpellés et auditionnés par les services de sécurité. La grogne a aussi couvé à Aokas, où la mobilisation s'était organisée sur deux fronts : la protection de la bande boisée et la dénonciation des interdictions des Cafés littéraires.
L'année 2017 sera marquée d'une pierre blanche pour les interdictions répétées qu'elle a connues, dont celles concernant l'université d'été et le forum de la LADDH et une rencontre du Café littéraire de Béjaïa. La rue a vibré en conséquence et on se souviendra de la mémorable et belle marche, le 29 juillet, célébrant le livre à Aokas. On retiendra aussi que le festival Holi Colors, qui a essuyé des attaques islamistes sur la Toile, a été annulé cette année, les organisateurs ayant certainement senti le risque d'une attaque physique.
La menace nous l'avons vécue le 20 mai, avec le désamorçage de deux bombes artisanales à Sidi Aïch. Avant cela, les pouvoirs publics ont cru voir le danger de la part des Ahmadiya, dont des membres ont été arrêtés à Seddouk. Et pendant ce temps, le blogueur Merzoug Touati a été arrêté et croupit toujours en prison où il a entamé une grève de la faim le 13 septembre. L'année se termine avec une grève des boulangers et le sinistre jeu en ligne de la baleine bleue qui a tué deux adolescents à Sidi Aïch.
Mais de tout cela, on retiendra surtout que 2017 a été l'année de la mobilisation citoyenne qui a fait sortir aussi, en plusieurs occasions en décembre, lycéens et étudiants dans la rue pour dénoncer, sans dérapages, le rejet d'une proposition d'amendement pour la promotion de tamazight.
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