Une agression qui sent l'opération commanditée

Dimanche, Saïd Sadi, ancien président du RCD, a été victime d'une agression à Marseille de la part de deux individus connus pour être des militants islamistes. Une agression filmée par ses auteurs pour être ensuite diffusée sur les réseaux sociaux. Le coup est prémédité. Tout porte à le penser. Surtout la pancarte brandie par l'un des agresseurs. La victime, Saïd Sadi, un homme politique doublé d'un intellectuel, est un militant engagé qui prend la parole publiquement, donc avec qui le débat est possible.Mais il n'était pas dans l'intention de Salim Laïbi, l'un des deux agresseurs, et de son acolyte, dont l'identité n'est pas encore dévoilée, de débattre. Leur objectif était visiblement autre. Tout autre. Pour preuve, la célérité avec laquelle des chaînes de télévision aux "lignes éditoriales" bien connues sur la place d'Alger ont amplifié la vidéo qu'elles ont diffusée en boucle.
Ces chaînes, dont il n'est pas nécessaire de citer les noms, ont en effet promptement repris la vidéo qu'elles ont diffusée en boucle, renversant sciemment les rôles, pour présenter le Dr Sadi comme l'agresseur et les deux autres individus comme les victimes. La grande diffusion faite de la vidéo cache mal l'objectif et la diversion recherchés par un tel acte. S'en prendre dans cette conjoncture à une personnalité grandement impliquée dans le soulèvement que vit le pays depuis plusieurs mois n'est surtout pas accidentel ou marginal.
L'acte vise à créer, d'une part, une diversion en agressant un opposant déclaré et, de l'autre, à susciter des dissensions idéologiques au sein du mouvement populaire. Il faut rappeler dans ce contexte que l'agression dont a été victime Saïd Sadi à Béjaïa lors des premières marches du mouvement populaire a été filmée "comme par hasard" par le journaliste d'El Bilad. L'une des chaînes qui ont repris la vidéo de l'agression de Marseille.
La scène, telle que filmée par les agresseurs, montre clairement que la victime a été attendue par ses assaillants. Dans la vidéo, un des agresseurs tenait entre les mains une pancarte et l'autre filmait la scène. Ce qui prouve que l'agression a été minutieusement préparée. Pendant plusieurs minutes, le Dr Sadi a été harcelé par ces deux personnes.
Cette provocation et cette agression caractérisée contre l'ancien chef du RCD sont l'?uvre, entre autres, de Salim Laïbi, qui serait le neveu de Kasdi Merbah, ancien patron de la Sécurité militaire. Selon des informations, Salim Laïbi est un militant islamiste proche des cercles de l'ex-FIS. Les propos tenus à l'encontre de Saïd Sadi éclairent nettement sur leurs penchants idéologiques.
Dans un message posté sur facebook, Saïd Sadi a évoqué une "grossière provocation assortie de menaces verbales, hier après-midi à Marseille, par deux nervis tenant un discours islamiste". L'ancien chef du RCD a ajouté que "l'un d'eux, Laïbi Salim, serait un neveu de Kasdi Merbah, ancien responsable de la police politique", informant qu'une plainte a été déposée le jour même.
Le Dr Sadi a également souligné que "les allégations proférées par cet individu ont déjà été condamnées par la justice en tant que propos diffamatoires". Il est à se demander pourquoi cette agression sur l'un des rares hommes politiques à soutenir corps et âme le mouvement populaire ' Il est à s'interroger aussi sur le fait que Saïd Sadi, qui voyage depuis des lustres en Europe, n'a jamais été inquiété comme cette fois-ci.

Mohamed Mouloudj