Algérie

Une affaire en béton



Une affaire en béton
L'instauration du régime des licences par le gouvernement Sellal, et s'il avait pour premier objectif avoué de réduire les factures en devises, est en train de sérieusement entraver, pour certains produits, les programmes de construction de logements tracés en parallèle. L'exemple du rond à béton suffit à illustrer ce mauvais choix puisqu'il a ouvert la porte à toutes les spéculations induisant une hausse vertigineuse du prix du quintal, passant presque du simple au double en une année. L'Etat, en verrouillant les importations du rond à béton et en choisissant soigneusement les bénéficiaires de licences, n'a pas anticipé sur cette inflation des prix tant l'offre locale reste en deçà de la demande nationale.En effet, la sidérurgie algérienne est devenue la proie de l'opportunisme grandissant des compagnies étrangères et de certains investisseurs locaux, à vrai dire sans grande compétence dans le domaine. Les procédés de fabrication étant constitués à 70% d'énergie ce qui la rend, en Algérie, très attractive compte tenu du coût du facteur énergétique principalement le gaz et l'électricité au même titre que les cimenteries qui pullulent dans le pays. Aujourd'hui, l'industrie sidérurgique n'emploie plus autant que dans les années soixante-dix du fait de la numérisation des unités et de l'automation industrielle où il faut compter 30 à 50 emplois directs dans un laminoir de 500.000 t/an, très loin du complexe d'El Hadjar qui brasse à lui seul des milliers d'emplois directs rien que pour son laminoir.
En attendant de redonner vie, pour la énième fois, à El Hadjar, d'attendre le lancement des autres aciéries comme le mégaprojet de Bellara des Emiratis et pour honorer ses engagements en termes de logements, l'Etat est obligé de composer avec un statut de presque monopole exclusif de l'aciérie turque.
Selon les spécialistes, les marges bénéficiaires dégagées sont colossales et les aciéries présentes en Algérie dont certaines, actuellement en position dominante, n'importent que 20% de matière première (billettes, aciers) car produisant leur propre matière première à partir des déchets ferreux achetés sur le marché local à 17 DA le kg.
Avec une marge amoindrie de transformation du fait du coût des facteurs très bas dans la transformation (hors avantages fiscaux), ces aciéries arrivent à vendre leur produit à plus de 90 DA le kg et profitent de leur position de monopole de fait contrairement aux lois du pays et notamment à l'article 6 de l'ordonnance modifiée et complétée n°03-03 du 19 juillet 2003. Si le marché est certes libre, il ne doit pas néanmoins être jugulé par des entités qui spéculent lourdement sur un produit sensible tel que le rond à béton, un intrant nécessaire pour le développement du logement et de l'économie en général. Cet exemple est l'un des plus frappants de cette politique de licence d'importation qui fait plus mal à l'Algérie que le contraire.


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