Algérie

Une absence et des interrogations



Le chef de l'Etat boucle aujourd'hui un mois d'hospitalisation en Allemagne où il se fait soigner contre la Covid-19.Transféré en Allemagne le 28 octobre, Abdelmadjid Tebboune y est toujours "en convalescence", selon les autorités qui semblent peiner à faire taire les rumeurs sur son état de santé. La longue absence du président de la République met à rude épreuve la communication officielle et suscite des interrogations au sein de l'opinion publique, d'autant que la presse étrangère évoque de plus en plus le sujet.
Jusque-là, les services de la communication de la présidence de la République, qui préfèrent recourir aux réseaux sociaux pour communiquer sur la santé du chef de l'Etat, se limitent à une communication parcimonieuse. Ils ont, dans un premier temps, annoncé la mise en quarantaine "volontaire" du chef de l'Etat, puis son hospitalisation à Aïn Naâdja quelques jours plus tard, avant, enfin, son transfert en Allemagne, à la fin du mois d'octobre, "pour des contrôles médicaux".
Depuis, les communiqués se sont raréfiés, et lorsque la présidence de la République consent à communiquer, c'est pour rappeler que l'état de santé d'Abdelmadjid Tebboune "n'inspire aucune inquiétude".
À partir du 3 novembre, après que les services de la Présidence ont finalement indiqué que le chef de l'Etat était atteint de la Covid-19, les éléments de langage se sont résumés à des marques d'assurance selon lesquelles, le chef de l'Etat "subit des examens post-protocole sanitaire".
Cette parcimonie et cette hésitation dans la communication présidentielle ont fini par être prises à défaut.
Des rumeurs spéculant sur l'évolution de l'état de santé du chef de l'Etat ont, en effet, été véhiculées par des sites internet et des réseaux sociaux, obligeant la présidence de la République à réagir. Mercredi, des sources au sein de l'institution présidentielle ont été contraintes de réagir maladroitement à une rumeur annonçant la dégradation de l'état de santé, puis un présumé décès du chef de l'Etat.
Comme pour démentir, elles se sont adressées à des chaînes de télévision étrangères pour annoncer qu'Abdelmadjid Tebboune avait entamé "une convalescence". Sur la chaîne qatarie Al-Jazeera, la Présidence a précisé que le chef de l'Etat attendait "le rapport définitif" de ses médecins avant de regagner le pays. Mais aucune échéance n'est donnée.
Cependant, la situation suscite des interrogations même au-delà du pays. La presse étrangère, notamment les médias français et arabes, longtemps silencieux, se sont mis à s'intéresser au sujet depuis quelques jours.
Ils s'interrogent notamment sur l'impact de cette absence sur le fonctionnement institutionnel du pays qui n'est toujours pas sorti de la crise politique née du Hirak populaire du 22 février 2019. Ils décrivent souvent un pays qui fonctionne sans président de la République.
Au niveau local, rares sont ceux qui s'aventurent à aborder le sujet. Mais certains observateurs commencent déjà à se poser des questions sur la vacance de la fonction présidentielle. Surtout qu'avant son hospitalisation officielle, le chef de l'Etat avait disparu de l'espace publique depuis plusieurs jours.
Or, le pays fait face à de multiples défis, politiques et diplomatiques. La dernière activité officielle connue d'Abdelmadjid Tebboune remonte au 15 octobre. Il avait accordé une audience au chef de la diplomatie française, Jean-Yves le Drian.

Ali BOUKHLEF


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