Un vol de planches et sept ans de prison

M. Farouk et B. Nabil, âgés de 33 ans, ont comparu hier devant le tribunal criminel de Constantine pour répondre, selon l'arrêt de renvoi, d'une accusation «d'association de malfaiteurs, vol qualifié, perpétré de nuit, avec utilisation d'un véhicule».

Selon l'arrêt de renvoi, le 06 janvier 2008, aux environs de minuit, M. Farouk a garé un camion appartenant à son frère devant la menuiserie de son cousin M. Mohamed, située aux 412 logements de Tadjanet (W de Mila). M. Mohamed, qui habite à l'étage supérieur, a été réveillé par le bruit du moteur. Il s'est mis au balcon pour s'enquérir de la situation. Et là, il voit trois jeunes qui s'affairaient à charger des planches. La victime alerta aussitôt les services de sécurité qui arrivèrent 10 minutes après. Aidé par un neveu et des voisins, il réussit à rattraper M. Farouk, par contre B. Nabil a réussi à fuir.

Au prétoire, M. Farouk dira qu'il a agi seul cette nuit-là et étant ivre, il ne se rappelle de rien du tout. Le président lui dira «sache que tu aggraves ta situation en évoquant un état d'ébriété. Donne-nous la vraie version et dis-nous la vérité. Etais-tu seul ou avais-tu un complice ? Pourquoi ne veux-tu pas dénoncer ceux qui t'ont aidé dans ta besogne ?» M. Farouk était catégorique, il était seul. «Comment arrives-tu à charger ces longues planches seul ?», reprit le président.

Appelé à donner sa version sur ce qui lui a été reproché, B. Nabil, arrêté plus tard, dira qu'il était certes ivre, mais n'a jamais eu l'idée de voler quoi que ce soit. Il n'a fait qu'aider son voisin à «pousser» ce camion pour le faire démarrer. A la question, «pourquoi t'étais-tu sauvé, donc ?», B. Nabil répondit qu'il a eu peur en voyant ce nombre de personnes armées d'armes blanches.

La victime dira pour sa part qu'elle ne s'attendait pas à ce qu'un parent lui face ce coup. «Ces planches étaient devant ma menuiserie, le local étant exigu. Au début, je n'avais pas reconnu les voleurs. C'était le bruit du moteur du camion qui m'a réveillé. J'étais étonné de voir ce genre d'engin, dans cette ruelle et à cette heure tardive de la nuit. C'est grâce à mon neveu et aux voisins que nous avons pu arrêter le principal auteur alors que ses deux autres complices se sont sauvés», a expliquait la victime.

M. Djamel, le frère de M. Farouk, qui est le propriétaire du camion, a expliqué au prétoire qu'il se trouvait à Alger au moment des faits. L'avocat de la partie civile a déclaré au tribunal que «mon mandant a été lésé, a subi énormément de préjudices. Il a été volé et par qui ? par son propre parent. Nous demandons réparation».

Le représentant du ministère public a mis en exergue «ce cas spécial de vol de planches, de cette longueur et de ce poids. Il est impossible que le principal accusé ait agi seul». Il requit 15 ans de prison ferme et 100.000 DA d'amende pour chacun des deux accusés. Les deux avocats de la défense précisent que «il n'y a jamais eu d'association de malfaiteurs. M. Farouk est marchand de légumes, il est aisé. Il n'a pas besoin de voler. Son tort, c'est d'avoir bu de l'alcool. B. Nabil n'a fait que l'aider à pousser ce fameux camion uniquement. Nous demandons la relaxe pour nos mandants», ont déclaré les avocats. Après les délibérations, les deux mis en cause ont été reconnus coupables et condamnés à 7 ans de prison ferme et à 100.000 DA d'amende chacun.