Un virus n'a (presque) pas d'appartenance politique

Le débat entre religion et politique étant plus ou moins dépassé, c'est celui entre la science et la politique qui a pris sa place. Faut-il confiner, couper les derniers tentacules du virus et maîtriser les déplacements humains ou déconfiner avec le risque de voir une nouvelle vague d'épidémie s'installer, l'activité militante reprendre et le hirak ressurgir 'Gros dilemme, même si les dirigeants affirment que leur motivation n'est que scientifique, avec un sous-titre écrit en tout petit : «Science sans conscience [politique] n'est que ruine de l'âme [de la nation].» En attendant, le conseil scientifique scientifiquement réuni à la Présidence sous la garde de la Garde présidentielle a statué, on a dorénavant un peu plus de temps.
Mais pour quoi faire ' Pour rentrer plus tard. Mais pour faire quoi entre-temps ' Scientifiquement, moins on rentre tôt, plus on a des chances de croiser le virus, une idée nouvelle ou un activiste qui ne jure que par la poursuite du rapport de forces. Politiquement, si on rentre tard, c'est qu'on a quelque chose à cacher, l'obscurité étant le moment préféré des chacals et comploteurs. D'où cette balle au centre, ou presque, 20h pour le couvre-feu, c'est 8 minutes avant le coucher de soleil sur Alger en ce 15 juin (20h11 le 30 juin), il fera donc encore jour quand chacun rentrera dans ses pénates.
Qu'est-ce que le temps ' C'est cette étrange matière sableuse que l'on perd, ces longs mois de confinement auraient pu accélérer l'histoire, développer l'offre télévisions, statuer enfin sur les médias électroniques, améliorer l'internet, libérer la publicité, le e-payement ou même les détenus d'opinion qui ont perdu trop de temps en prison.
Ce qui n'a pas été fait, on a donc perdu du temps. Evidemment, c'est subjectif, politiquement et scientifiquement. Passer une heure avec Jennifer Lawrence dans une piscine paraît une éternité, à l'inverse, passer une heure avec Soufiane Djilali dans son bureau de Jil Jadid équivaut à passer un an. La déprime en plus.