Un véritable casse-tête chinois

En dépit de toutes les augmentations des prix, la dotation budgétaire destinée à la prise en charge des frais liés à la restauration demeure inchangée. Le repas d'un élève dans les deux cycles moyen et secondaire est toujours fixé à 100 DA, alors que celui du primaire est évalué à 45 DA.La gestion des cantines scolaires, à la lumière des dernières augmentations des prix de la quasi-totalité des produits alimentaires, notamment des fruits et légumes, ne semble guère une mince affaire pour les responsables des établissements scolaires, qui font face à plusieurs contraintes. D'un côté, les fournisseurs des cantines exigent la révision des tarifs des produits ayant connu ces derniers mois une hausse vertigineuse des prix, alors que de l'autre côté les enveloppes budgétaires allouées au secteur de l'éducation ont subi des restrictions drastiques. "Honnêtement, nous sommes devant une situation ingérable.
En fait, l'explosion des prix des produits alimentaires risque de compromettre notre équilibre budgétaire. Nos fournisseurs se plaignent de cette énième flambée de la mercuriale et menacent de résilier leurs contrats qui sont en cours de validité jusqu'à la fin de l'année", nous confie un intendant gestionnaire d'un CEM à Béjaïa. Notre interlocuteur déplore qu'en dépit de toutes ces augmentations des prix la dotation budgétaire destinée à la prise en charge des frais liés à la restauration demeure inchangée. Selon lui, le repas d'un élève dans les deux cycles moyen et secondaire est toujours fixé à 100 DA, alors que celui du primaire est évalué à 45 DA. "C'est une véritable aberration", s'est-il exclamé.
À noter que sur les 565 écoles primaires que compte la wilaya de Béjaïa, 492 sont dotées du service de demi-pension (DP), dont 147 disposent de cantines typifiées, alors que le reste dispose de salles aménagées en réfectoires. Concernant les 160 collèges de l'enseignement moyen (CEM) existants, on dénombre 92 cantines fonctionnelles. Quant aux 65 lycées répartis à travers les quatre coins de la wilaya, seuls 47 sont dotés de cantine, nous a affirmé une source proche de la direction de l'éducation de Béjaïa. Dans la commune de Béjaïa, ajoute-t-on, seul un CEM sur les 24 existants est pourvu du
régime de demi-pension.
Il s'agit du CEM Meziani-Belkacem, sis à Nacéria, qui compte quelque 1200 élèves, dont 1000 sont concernés par le repas de midi. Néanmoins, le conseiller pédagogique de cet établissement de l'enseignement moyen, Nabil Ferguenis, également membre du Syndicat national autonome des fonctionnaires de l'éducation (Snafe), relève "l'exiguïté" de leur réfectoire, dont les capacités d'accueil sont limitées à 350 couverts, tandis que le nombre de collégiens à faire manger dépasse un millier. "Face à ce manque d'espace, nous sommes contraints de répartir nos élèves en trois groupes.
Toutefois, le facteur temps constitue une autre contrainte, puisque nous n'avons qu'une heure (entre 12h et 13h) pour assurer la restauration pour l'ensemble de nos collégiens", a-t-il déploré. Afin de désengorger ce CEM de Nacéria, M. Ferguenis estime que la solution réside dans l'ouverture de nouvelles cantines scolaires au niveau d'autres établissements de la ville de Béjaïa, eu égard au nombre croissant des élèves scolarisés au chef-lieu de wilaya, dont une partie est issue de la zone rurale (Boulimat, Saket, Boukhiama, Ighil El-Bordj, Amtik n Tafat, Oussama, Aïn Sekhoune...).
Sur un autre registre, le représentant du Snafe à Béjaïa tient à dénoncer "les disparités constatées dans la qualité des repas servis dans les écoles primaires", en affirmant que "les élèves issus des communes riches, à l'instar de Béjaïa et d'Akbou, ont droit à des repas plus consistants et équilibrés, alors que ceux des zones rurales, dont les APC sont pauvres, sont vraiment lésés".

KAMAL OUHNIA