Algérie

Un vaccin anticrise pour nos partis'



Un vaccin anticrise pour nos partis'
Le vent de la dissidence souffle sur les plus grands partis de la scène politique nationale.
Faut-il inventer un vaccin anticrise au sein des partis politiques'Avec cette épidémie de dissidences que subit notre classe politique, il faut réellement penser à cette éventualité. Depuis les législatives du 10 mai dernier, les crises au sein des partis se sont accentuées et continuent de défrayer la chronique. Du plus vieux parti au pouvoir, le FLN, au plus vieux parti de l'opposition, le FFS, en passant par le RND, le MSP et le FNA, le vent de la discorde et de la dissidence semble s'inscrire dans la durée. Au FLN, ce vent souffle d'une manière continue depuis deux ans avec la création du Mouvement de redressement et de l'authenticité conduit par Salah Goudjil et Mohamed Seghir Kara. Mais la crise s'est accentuée à la veille et au lendemain des élections législatives. La session du comité central qui se tiendra ces 15 et 16 juin s'annonce houleuse.
D'un côté, les contestataires qui veulent en finir avec un Belkhadem à la tête du parti et de l'autre, les partisans de ce dernier qui veulent le maintenir à son poste de secrétaire général. Si le porte-parole du mouvement de redressement, M.Kara, croit dur comme fer que le 15 juin sera le dernier jour de Belkhadem à la tête du FLN, d'autres estiment que ce scénario ne se produira pas.
L'incroyable membre du bureau politique, Abdelhamid Si Afif, après avoir défendu, à la veille des élections, que le nombre des signataires pour la chute de Belkhadem avait dépassé 220, retourne la veste et déclare, dans les colonnes d'un quotidien national, que le nombre de ceux qui soutiennent aujourd'hui Belkhadem a atteint 200 membres du comité central. Incroyable mais vrai dans un parti où les retournements de veste sont devenus légion et n'étonnent plus l'opinion. Les résultats des élections législatives ont donné lieu au FFS, qui a gagné 27 sièges de députés, à une fronde conduite par Karim Tabbou, ex-premier secrétaire national et Samir Bouakouir, ex-représentant du FFS en France.
Il a rêvé de succéder à Aït Ahmed
Les deux frondeurs ont dénoncé le rapprochement du parti avec un cercle du pouvoir dans le but de sa normalisation et la déviation du FFS de sa trajectoire. La direction nationale a répondu par le signal fort en excluant Samir Bouakouir et suspendant Karim Tabbou. Mais la contestation va en grandissant même si la direction nationale en minimise la portée.
«Le FFS n'a pas de contestataires mais juste des candidats non retenus sur les listes électorales. Ils sont mécontents après l'élaboration des listes aux législatives. Les portes du parti restent ouvertes à tous les militants et cadres qui ne sont pas frappés par des mesures disciplinaires. Il n'y aura pas de purge au FFS», a déclaré, hier, le chargé à la communication du parti, Chafaâ Bouaïche. Ce dernier est allé jusqu'à accuser Karim Tabbou de vouloir succéder au président du parti. «Il y a certains, à l'instar de Karim Tabbou, dont le rêve de succéder à Hocine Aït Ahmed s'est évaporé, essaient de pousser des cadres et des militants du parti à une fronde, mais les militants sont conscients. D'ailleurs, ils ne comprennent pas le fait que Tabbou siège au Parlement et siège dans la «fronde», a-t-il ajouté.
Le parti du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, n'est pas en reste de ces mouvements de protestation internes. Le résultat fait lors des élections législatives (68 sièges) a donné naissance à un Mouvement de redressement, dénommé Mouvement de sauvegarde du RND. Conduit par la secrétaire générale de l'Union nationale des femmes algériennes (Unfa), Nouria Hafsi et le maire de la commune d'Alger-Centre, Tayeb Zitouni; ce mouvement demande le départ de M.Ouyahia et la tenue d'un congrès extraordinaire pour «remettre le parti sur les rails». Lors d'une conférence de presse, tenue ce mercredi 6 juin à Alger, les contestataires ont annoncé que le mouvement s'inscrit dans la durée et qu'il a gagné la sympathie de la majorité des membres du conseil national, des élus, des ministres RND et des ex-ministres.
Le linge sale ne se lave pas toujours...
Pour sa part, la direction nationale joue sur le facteur temps, invitant les contestataires à s'exprimer dans le cadre des structures du parti. La crise au sein du parti est appelée, de ce fait, à s'exacerber d'autant plus que les dissidents sont décidés à aller jusqu'au bout de leur démarche.
La déconvenue subie par la mouvance islamiste en général et le MSP en particulier, lors des législatives du 10 mai, ont déstabilisé le parti de Bouguerra Soltani dont les avis et positions ne sont plus partagés par les dirigeants du parti. Alors que le président du MPS a annoncé que la décision de ne pas figurer dans le prochain gouvernement concerne tous les militants et cadres du parti, le président du conseil consultatif défend une autre position. Selon lui, le consentement d'un membre du MSP à participer au gouvernement ne signifierait pas forcément son exclusion. L'allusion de l'un et de l'autre faite au sujet de l'ex-ministre des Travaux publics, Amar Ghoul, il n'est pas exclu que la crise prendra une autre tournure d'autant plus que des observateurs prévoient la fin de M. Soltani et donnent pour sa succession le même...Amar Ghoul.
Le parti de Moussa Touati connaît lui aussi une crise aiguë au lendemain des élections législatives. Alors que le président du parti a décidé de prendre part au Front national pour la protection de la démocratie (Fnpd), les 9 nouveaux députés du parti ont décidé de se démarquer de la position de M.Touati. Dénonçant la gestion unilatérale des affaires du FNA, les dissidents réclament la tenue d'un congrès extraordinaire. M.Touati crie, pour sa part, à la trahison et qualifie d'infondé l'appel à la tenue d'un congrès extraordinaire alors que le congrès ordinaire se tiendra ce 21 juin, c'est-à-dire dans 12 jours.
Parmi les rares partis qui ont échappé au vent de la fronde post-électorale, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) qui a boycotté les élections. Le temps lui aura donné raison d'autant plus que des partis participants ont estimé, au lendemain des élections, que les boycotteurs avaient raison. Le parti dont l'ex-président, Saïd Sadi, en quittant son poste sans que personne ne le lui demande, a servi de leçon en pédagogie politique aux autres responsables politiques, s'attèle actuellement, sous la conduite du nouveau président Mohcine Belabbas, à l'organisation des conférences régionales du parti en vue d'affronter les nouvelles échéances qui s'annoncent. Alors, que traduisent les crises qui secouent actuellement les partis politiques' Les plus optimistes expliquent qu'il s'agit là de signes d'une vie démocratique.
Or, les signes d'une vie démocratique se reflètent dans les débats contradictoires publics entre les différents partis, en confrontant les idées et les projets des uns aux autres, et non dans les crises internes qui traduisent beaucoup plus la décadence de la classe politique nationale. A quand donc une vie politique sereine dans ces partis qui «adoptent les dissidences comme base principale d'activisme», pour reprendre le sociologue Nacer Djabi'




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