Un usage plus sobre et raisonnable de l'énergie

  Lyon.
De notre correspondant

H ier, en France, dimanche 11 mars, le collectif «Sortir du nucléaire» a organisé une chaîne humaine de milliers de personnes, entre Lyon et Avignon, près de 230 kilomètres, pour exiger l'arrêt du programme nucléaire français. Le choix de cette région ne doit rien au hasard, puisqu'il s'agit de la zone la plus nucléarisée du monde(*), avec14 réacteurs. N'importe quel habitant réside à  moins de 30 kilomètres d'une centrale, sachant que cela correspondant à  la zone morte autour de Fukushima. «Sortir du nucléaire, c'est possible !», affirme l'appel qui devrait àªtre très suivi. «D'autres pays européens le font, pourquoi pas nous ' Réagissons pour manifester notre solidarité avec le peuple japonais et ses générations futures sacrifiées».
Le réseau a été rejoint par Stéphane Hessel, 93 ans, auteur du livre Indignez-vous !, le best-seller mondial qui avait entraîné la création du mouvement des Indignados en Espagne avant de se propager aux Etats-Unis. Appelant à  «s'insurger», il estime que «la France doit sortir du nucléaire, elle doit dire adieu à  cette technologie dangereuse. Elle doit sans retard se tourner vers les énergies renouvelables et un usage plus sobre et raisonnable de l'énergie. En un mot, la France doit choisir un avenir énergétique... plus humain ! Nous savons que c'est possible, alors n'attendons pas qu'il soit trop tard».   Cette manifestation sera d'autant plus importante que les tenants de la continuation de l'utilisation du nucléaire ne désarment pas, malgré un rapport accablant de l'autorité de sûreté nucléaire qui, en janvier dernier, a estimé que les travaux de mise aux normes des réacteurs existants coûteront des milliards d'euros, des sommes qui augmenteront encore. Peu sensible aux questions environnementales, l'énergie pas onéreuse était l'argument ultime mis en avant par les pro-nucléaire. Il vole en éclats, plombé aussi par l'ardoise exorbitante du prix des nouveaux réacteurs EPR, dont aucun n'a vu encore le jour, alors qu'ils doivent remplacer les réacteurs actuels qui seront hors course dans vingt ans, ou trente ans au plus. En ce jour anniversaire de Fukuhima emporté par le tsunami, le débat n'a donc pas encore fini de faire des vagues en France.

  (*) Avec ses 58 réacteurs et 1100 sites renfermant des déchets nucléaires, la France détient le record du pays le plus nucléarisé au monde par rapport au nombre d'habitants.