Algérie

Un trouble-fête nommé Bayrou



C'est une tradition bien française : à chaque élection présidentielle sontrouble-fête. En 2002, le leader de l'extrême droite Jean-Marie Le Pen avaitbrillamment joué ce rôle en se qualifiant au second tour après avoir battu lecandidat socialiste Lionel Jospin. Cette année, le trouble-fête s'appelleFrançois Bayrou. Depuis l'annonce, dimanche 22 avril, des résultats du premiertour, il est au coeur du débat électoral dans le pays, alors qu'il n'est mêmepas qualifié au second tour. Hier encore, il a bousculé la tradition électoraleen rencontrant la candidate socialiste Ségolène Royal pour un débat téléviséinédit dans l'histoire des élections présidentielles françaises. Dans ce pays,en effet, la tradition politique veut que le débat télévisé entre les deuxtours se déroule uniquement entre deux candidats qualifiés au second tour.Nicolas Sarkozy, dans tous ses états après l'annonce de ce débat qui le dessertsur tous les plans, a résumé les choses en usant de la métaphorefootballistique : « dans une compétition de football, il y a une finale entrele numéro un et le numéro deux. Le numéro trois, il fait autre chose ».  Mais François Bayrou n'en a cure: depuis le début de la campagne, l'homme impose ses propres règles du jeu. Ila réussi à ringardisé l'éternel clivage droite-gauche qui a façonné la viepolitique française depuis plusieurs dizaines d'années. Son idée de travailler avec les «meilleurs des deux camps » a séduit de nombreux Français même si aucunepersonnalité de droite ni de gauche ne s'est déclarée prête à travailler avec lui.Autre raison de son succès auprès des électeurs : ses attaques contre lesmédias qu'il accuse de favoriser son rival de droite, Nicolas Sarkozy. Enjanvier dernier, en direct sur le plateau du journal de 20 heures de TF1,devant plus de 10 millions de Français, il avait vivement reproché à laprésentatrice vedette Claire Chazal d'être impartiale dans le traitement del'information. Quelques jours plus tard, il gagnait plus de 5 points dans lessondages et s'imposait définitivement comme « le troisième homme de cetteélection ». Mais François Bayrou ne se contente pas d'attaquer les puissants.Ces dernières années, il s'est affirmé comme un homme de conviction et unredoutable stratège. Après avoir soutenu la droite pendant plusieurs années, ila pris ses distances avec elle. Il lance les hostilités en 2004 : au Parlementeuropéen, son parti, l'UDF, quitte le groupe parlementaire de droite du Partipopulaire européen auquel appartient l'UMP, pour rejoindre, avec ses alliés duParti démocrate européen, le groupe de l'Alliance des démocrates et deslibéraux pour l'Europe. En France, il s'oppose de plus en plus à la politiquedu gouvernement de droite sur de nombreuses questions : réformes, budget,immigration, sécurité... Pour la première fois depuis son arrivée à la tête del'UDF en 1998, il vote même une motion de censure contre le gouvernement deDominique de Villepin, avant d'inviter - en vain - les ministres de son parti àquitter l'exécutif. Trahi par de nombreux proches, moqué par ses adversairespour ses propositions jugées ringardes ou sur son ancien bégaiement qu'il apourtant admirablement vaincu, il n'a jamais cédé.  Avec plus de six millionsd'électeurs qui ont voté pour lui le 22 avril dernier, François Bayrou a,aujourd'hui entre ses mains, les clés du second tour du 6 mai prochain. Etc'est sans doute ce qui met Nicolas Sarkozy dans tous ses états.


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