Algérie

Un tremplin pour faire du business et de la politique



Un tremplin pour faire du business et de la politique
Le sport paye bien en Algérie. En plus des gros sous que l'on peut facilement s'y «faire», la «filière» ouvre grandes les portes de la célébrité pour se lancer dans d'autres sphères d'activité comme le business ou la politique. Preuve irréfutable : nos dirigeants sportifs à tous les échelons de la responsabilité s'agrippent fermement à leur fauteuil comme le naufragé à la planche du salut ! Que cela soit au sein de l'administration de tutelle, dans les instances sportives ou à la direction des clubs, chaque responsable veut ouvertement s'éterniser à son poste, quitte à mécontenter toute la galerie. «Vous savez, être président d'un club professionnel de football peut vous faciliter la vie en Algérie. On est reçu aisément partout. On peut accéder à n'importe quel ministère, se faire délivrer un visa dans un délai record, accéder aux services de l'administration locale, à la wilaya, aux hôpitaux et à toutes sortes de faveurs. C'est un passe-partout très commode. Rien que pour cela, aucun président de club ne voudra céder facilement sa place», avoue, récemment sur un plateau de télévision, un de ces chefs inamovibles qui cumule plus de quarante ans à la barre de sa formation. Voilà qui explique la témérité des présidents de clubs de football des deux ligues professionnelles à s'accrocher contre vents et marées à la fonction, malgré la furie et le rejet du public. Profitant des substantielles subventions publiques qui leur sont gracieusement accordées et de juteux contrats de sponsoring, certains se sont constitués des fortunes douteuses pour se lancer, ensuite, dans le commerce, l'import import, la concession automobile ou la spéculation immobilière. D'autres ont vilainement utilisé leur statut pour se jeter dans des batailles politiques. Lors des élections législatives de mai 2012, nombre de présidents de clubs, d'anciens footballeurs, de dirigeants d'instances sportives et d'animateurs ont brigué la députation. Certains cumulent à ce jour les deux fonctions et changent souvent de casquettes sur les écrans de la télévision et les colonnes des journaux. Les instances sportives n'échappent pas, non plus, à cette mainmise. Les crises de succession à la tête de plusieurs Fédérations, dépassant le cadre national, ont ouvert la voie à l'intervention des instances internationales. C'est le cas notamment de la FAHB où le bras de fer entre l'ancien président et ses opposants a coûté au handball national une année à blanc. Un feuilleton similaire a entaché aussi le renouvellement du Comitéolympique algérien (COA). De nombreuses autres Fédérations ont été pareillement secouées par de violents conflits. L'examen de la gestion de ces instances a, ensuite, révélé de graves manquements et des malversations grossières. Bon nombre des dirigeants concernés sont aujourd'hui traînés devant les tribunaux pour mauvaise gestion et détournement de derniers publics. Pour faire court, la majorité des dirigeants du sport algérien ne se soucie que de ses petites affaires et de ses intérêts propres. De l'avis général, les enjeux financiers et politiques ont manifestement pollué le secteur. La détection de jeunes talents, la formation, l'encadrement et l'équipement sont, partout, renvoyés aux calendes grecques. Le mouvement sportif est ainsi parasité par une gente intéressée qui en fait, au nez et à la barbe de tous, un vulgaire tremplin au service de sesdesseins bassement individuels. Le ministère de tutelle a récemment misen ?uvre une nouvelle loi sur le sport, qualifiée de prometteuse par lesspécialistes. Mais les textes, à eux seuls, ne changent rien. On doit surtout sévir contre les mauvais dirigeants, instaurer l'alternance au niveau des instances, exiger la compétence et les moyens requis pour prendre en charge les clubs professionnels. Il s'agit d'un problème d'éthique sportive. Sans la moralisation du mouvement sportif, aucune loi, aussi généreuse soit-elle, ne portera ses fruits.K. A.




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