«En entendant la sirène qui résonnait d'une manière discontinue, on avait compris à ce moment qu'il s'agissait d'un danger provenant de l'extérieur.»
Onze rescapés de l'attaque, perpétrée mercredi dernier contre la base-vie du site gazier à In Amenas, qui se disent «miraculés», ont atterri jeudi vers 13h à l'aéroport de Tébessa. Ils étaient fatigués et traumatisés par ce qu'ils ont vécu, des scènes difficiles à oublier. Ils ont vécu un calvaire de plus de 18 heures. Rencontré à l'aéroport, l'un d'eux a accepté de nous en parler : «Comme à l'accoutumée vers 5h45, tous les travailleurs de la base-vie se préparent à rallier leurs postes respectifs quand un tir se fait entendre, puis suit une rafale.» Selon notre interlocuteur, le bus, qui d'habitude est escorté par 6 voitures et qui devait transporter ces travailleurs, a été pris pour cible, à mi-chemin entre la base-vie et l'usine, le CPF (Central Processing Facility), par un groupe terroriste dont le nombre demeure indéterminé.
«Le chauffeur d'escorte du premier véhicule a été tué et un autre touché à la mâchoire ; dans le deuxième véhicule, un gendarme a été blessé par balle. Peu après cette attaque, un groupe d'assaillants à bord d'une voiture aurait défoncé le portail de la base-vie où sont cantonnés des travailleurs de sociétés internationales, telles que British Petroleum, JGC (Japan gasoline.co), GTP (Grands travaux pétroliers) et SARPI (Société algérienne de réalisation de projets industriels). D'autres terroristes auraient attaqué le poste de garde de l'usine ou le CPF qui se trouve à 3 km de la base-vie. Un jeune de 32 ans, originaire de Tiaret, agent de sécurité, refusant d'ouvrir la porte aux terroristes, a été tué d'une balle dans la tête», a ajouté le témoin.
A ce moment-là, les assaillants se sont attaqués aux générateurs qui alimentent les chalets de la base-vie ; les travailleurs, alors dans le couloir, sont revenus dans leurs chambre dans l'obscurité. La panique était à son comble. Quelques minutes après, l'alarme de la base-vie a retenti. «En entendant la sirène qui résonnait d'une manière discontinue, on avait compris à ce moment qu'il s'agissait d'un danger de l'extérieur», explique-t-il.
Alors qu'on tentait à chaque fois de contacter avec nos postes radio l'extérieur pour en savoir un peu plus, on n'entendait que les mots «blessés» et «mort». Dix minutes après, un des terroristes qui a pu entrer dans nos fréquences de poste radio, et avec un accent targui, nous a transmis le message suivant : «Où êtes-vous, les Algériens '» Quelques seconde après, il ajoute : «On va détruire l'usine.» Puis : «On veut négocier nos prisonniers, si vous refusez, vous serez les perdants.»
Ensuite un silence se fait, aucune radio ne marchait. «Vers 8h, la sirène s'arrête, alors qu'on croyait que la situation est revenue à la normale, en essayant de sortir, nous sommes tombés face à face avec un terroriste armé jusqu'aux dents, qui avait un accent libyen, on a eu peur. Nous menaçant, il nous a retenus pendant une demi-heure. Il nous a demandé ce que nous faisions, nous lui avons répondu que nous étions de simples man'uvres. Entre-temps d'autres travailleurs sont sortis de leur bloc. Il nous traitait de ''taoughite''. Un autre terroriste, ayant l'accent égyptien, nous a rejoints, nous ordonnant de quitter immédiatement la base-vie, nous étions environ 35 personnes.
Un troisième terroriste en face du poste de garde chargeait son lance-roquettes, il avait l'accent de l'Ouest algérien ou marocain. Il nous a confiés à un autre de type occidental, cheveux blancs et barbe rousse, s'exprimant en anglais, et un peu en arabe. Il nous a interrogés sur les gens qui travaillent dans cette usine, on lui a répondu que nous ne savions rien, car nous ne sommes que de simples man'uvres. Alors que nous nous pressions de quitter immédiatement la base-vie, nous avons rencontré un groupe de ces assaillants qui tenaient en joue des expatriés, qui étaient à plat ventre ou à genoux. Notre groupe grossit, soit 61 travailleurs, dont 8 femmes, nous avons rejoint un poste avancé du GGF, qui nous a pris en charge.»
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Posté Le : 19/01/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Lakehal samir
Source : www.elwatan.com