Algérie

Un théâtre détourné de sa vocation à Aïn Taya



Un théâtre détourné de sa vocation à Aïn Taya
L'ODS (Ordre de service) est déjà donné pour l'étude d'aménagement de l'ancien théâtre fermé depuis 25 ans. Garder le cachet original de l'établissement, propriété à l'origine de la Cinémathèque, est possible.Après avoir dilapidé les rares assiettes de terrain disponibles, les autorités locales se tournent vers les établissements culturels dont ils changent, sans état d'âme, de vocation. Si dans certains quartiers des salles sont devenues, à la faveur d'un micmac juridique ou d'une transaction opaque, des salles des fêtes ou même des supérettes, dans d'autres, les autorités locales, qui n'ont cure de l'émoi suscité par leur décision, aménagent des bureaux de l'état civil dans des établissements culturels fermés à double tour.A El Harrach, l'ex-salle de cinéma Le Ritz, qui servait de dépôt, a été rouverte, mais non pas pour une quelconque projection de film ou pour un spectacle, mais pour la délivrance de papiers d'état civil à une population qui était à l'étroit dans l'ancien siège de l'APC. A Aïn Taya, les autorités locales ont décidé, sans en référer aux administrés, d'aménager, là aussi, des bureaux d'état civil dans ce qui fut le théâtre de la ville, hérité de l'époque coloniale. Propriété de la Cinémathèque d'Alger, qui avait concédé la gestion à l'APC autrefois rattachée à la wilaya de Boumerdès, le théâtre, mitoyen du siège communal, n'avait plus accueilli de spectacles depuis au moins le début des années 1980. Cette commune à l'est d'Alger, qui a vu l'arrivée de plusieurs milliers de nouveaux résidants (34 500, 2008), est dépourvue d'espaces culturels.L'APC de Aïn Taya a vu ses équipements abandonnés ou transformés : l'église, devenue salle d'arts martiaux ou de conférences, a été ravagée par un incendie début 2000. Seuls un centre culturel transformé en atelier de couture et une maison de jeunes, ou ce qui en tient lieu sont ouverts. La fréquentation y est très faible, vu l'absence de programmes culturels attirants. Le théâtre était certes fermé et délabré, mais l'APC pouvait bien l'aménager pour des spectacles. «Le toit de l'édifice s'est dégradé, mais les murs et la scène qui a accueilli au lendemain de l'indépendance des pièces populaires dont raffolaient les habitants de la coquette commune balnéaire sont encore debout et donc il serait possible de garder la vocation de cet endroit. Les autorités de la culture et de la wilaya doivent intervenir», estime un quadragénaire qui a pu y accéder. Le P/APC ne semble guère gêné par le changement de vocation future de l'édifice.«Le théâtre est délabré. Il est fermé depuis au moins 25 ans. A côté, nos besoins sont pressants. Notre service d'état civil accueille non seulement nos propres administrés, mais également des habitants d'autres localités tels ceux de Heuraoua, El Marsa, qui cherchent un meilleur service, d'où la pression exercée sur nos agents. Les instructions du ministère de l'Intérieur nous obligent à mieux prendre en charge les citoyens par l'extension de l'état civil vers l'ancien théâtre.L'ODS (Ordre de service) est déjà donné pour l'étude d'aménagement. Une fois remis, nous lancerons les travaux d'aménagement dont les délais de livraison ne devraient pas excéder 18 mois», précise Ahmed Malek Benlamri, qui estime que l'édifice, délabré, ne peut plus accueillir un quelconque spectacle. Pourquoi l'APC n'a pas «épargné» cet établissement en construisant des bureaux sur une autre assiette de terrain ' L'élu répond aux détracteurs en ressassant la même rengaine : «Le foncier est inexistant. Il nous est impossible de trouver des poches pour réaliser des projets d'utilité publique. Pourtant, des demandes ont été formulées par nos soins aux autorités».L'élu s'enorgueillit de l'ouverture d'une nouvelle bibliothèque et du budget de 1 milliard de centimes alloué à l'opération de réhabilitation de la Maison de jeunes. La population à Aïn Taya, sevrée d'événements culturels, ne semble pas attendre grand-chose de son APC, qui ne se soucie guère de la chose culturelle. L'époque glorieuse du groupe El Bahara, originaire de la localité, est révolue. Ni Sadek Djemaoui ni même Bertolt Brecht, Kateb Yacine ou Mohia ne feront sortir de sa torpeur cette localité de la banlieue est de la capitale.




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