«Ce texte vient en contradiction totale avec les orientations du président de la République qui, lors de son discours d'avril, a souligné la nécessité d'ouvrir le pays vers des libertés publiques et des droits humanitaires. Ce texte arrive à un moment où une grande vague révolutionnaire dans le monde arabe est suscitée, initiée, façonnée par les avocats d'abord puis par d'autres forces vives», nous dit Me Bourayou, en marge des travaux à huis clos de l'AG de Béjaïa. Le décret-loi régissant la profession d'avocat en Tunisie est cité comme référence d'un texte valorisant «une profession des libertés et d'expression» en donnant «des prérogatives extrêmement larges aux avocats». Me Bourayou décèle dans le texte algérien une velléité de «dompter, de bureaucratiser et de fonctionnariser le barreau pour en faire un instrument inféodé au ministère de la Justice».
Il est reproché au ministère de la Justice de vouloir «réduire le rôle de la défense à un simple instrument d'alibi du procès». «Or, nous refusons d'être un alibi», objecte Me Bourayou qui rappelle que l'une des meilleures recommandations de la Commission nationale de réforme de la justice de 1999, dont il avait fait partie, était de faire participer l'avocat à la garde à vue. «Où est cette recommandation '» s'interroge-t-il. «Ce projet est une régression manifeste et grave pour les droits et l'indépendance de la profession et il va à contresens de ce qui se fait dans le monde en général, et le monde arabe en particulier», nous dit, de son côté, Me Sellini, bâtonnier d'Alger, dénonçant un projet qui «veut museler la défense». «Le mot ministre est répété dans 46 articles. Dans le statut des avocats tunisiens, il n'est cité que quatre fois», relève Me Selini qui révèle que «les magistrats expulsent au quotidien des avocats des salles d'audience». «Nous ne sommes que des faire-valoir dans notre exercice», estime le bâtonnier d'Alger.
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Posté Le : 15/10/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Kamel Medjdoub
Source : www.elwatan.com