Algérie

Un test décisif pour la démocratie



Les craintes et les appréhensions d'un rush islamiste, lors de ces législatives se ravivent avec l'approche de la date fatidique des élections du 12 juin. Mais qu'est-ce qui motive réellement de telles appréhensions' Y a-t-il des indicateurs fiables à même de conforter ou justifier ces craintes d'un raz-de-marée islamiste' A priori, rien n'augure d'une telle percée, si ce n'est une plus grande discipline, une meilleure organisation et un militantisme constant au sein de la société, dont font preuve les partis islamistes. Contrairement aux partis dits démocrates, dont les pratiques restent en décalage et sans prise avec le réel. Une présence islamiste qui pourrait être payante, dans ce scénario ambiant d'effritement général, de baisse de côte des grosses cylindrées et de novices en course. La fuite en avant des démocrates n'arrange pas les choses, dans ce cas de figure. Certes, sans grandes bases militantes et électorales, ces derniers auraient néanmoins pu, à défaut d'intégrer la course aux strapontins de la chambre basse du Parlement, appeler à faire face à ces velléités islamistes hégémoniques. Car, en définitive, seule une participation massive est à même de renverser la vapeur. C'est un grand virage historique qu'amorce la société algérienne. D'une part, une Algérie qui se recherche et qui avance, inexorablement, vers sa destinée, celle d'un renouveau et d'un changement progressif. Et de l'autre, une Algérie fâchée avec elle-même et avec son avenir. Une Algérie qui attend l'avènement d'un changement hypothétique, sans concéder la moindre concession, campant sur des positions risquées et inflexibles. Pourtant, en sciences sociales, il est dit que le changement ne peut advenir que de deux manières distinctes et diamétralement opposées. Un changement violent et hâtif, à travers une révolution ou un soulèvement armé. Comme il peut être un processus pacifique et latent, à travers des luttes hardies et un militantisme engagé, au sein de la société et des institutions de l'Etat. Un Hirak disloqué et à bout de souffle, faute de solutions globales de redéploiement ou de propositions réalistes, a finalement permis une migration d'un grand nombre de ses artisans vers la solution des élections législatives. Fait saillant et remarquable, la campagne électorale qui boucle sa première semaine d'activités et de sorties des candidats, a réussi à faire émerger un certain nombre de nouveautés. Tout d'abord, c'est la première fois dans l'histoire de l'Algérie indépendante, que l'on ne voit plus ce débarquement d'antan de ministres-candidats sur le terrain, de personnalités nationales encombrantes et de réseaux clientélistes en campagne. Il y a également cette revendication hirakienne de rupture générationnelle qui est consacrée par une présence extraordinaire de jeunes diplômés et d'horizons divers. Un processus qui pourrait concourir à un renouvellement de la classe et du personnel politiques, comme le réclament de larges pans du soulèvement populaire algérien du 22 février. Tout comme la transition qui est, de facto, en cours de déroulement, à travers la vacance de la chambre basse du Parlement. En tout cas, en dehors des hypothétiques recommandations de vote du camp dit démocrate, qui fait défaut, la société a démontré par le passé qu'elle reste consciente des enjeux et des exigences du moment. Finalement, rien ne prouve que la prochaine Assemblée populaire nationale sera acquise à une majorité quelconque, quelle qu'elle soit. Plusieurs scénarios sont probables, mais le plus plausible est celui qui est porté par nos espoirs et nos attentes de voir émerger une nouvelle force politique, constituant une véritable force de proposition et d'engagement. Ce qui est sûr, c'est qu' un nouveau projet de société qui n'est pas idéologique, mais plutôt foncièrement civique, est en branle pour une Algérie que nous voulons nouvelle.


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