Enjeu - Devant le chaos qui règne dans les pays arabes au lendemain des soulèvements populaires, les mouvements islamistes semblent en bien meilleure posture que leurs adversaires politiques pour conquérir le pouvoir.
Si les Frères musulmans en Egypte ont annoncé leur intention de ne pas présenter de candidat à la prochaine élection présidentielle, en Tunisie, en revanche, le retour triomphal de Rached Ghannouchi de son exil a provoqué un sentiment de crainte et de peur chez beaucoup de Tunisiens. Une appréhension partagée par la communauté internationale. Les plus pessimistes évoquent souvent les électeurs allemands qui ont porté Hitler à l'assaut du Bundestag et à la prise du pouvoir. Et pour s'en convaincre, ils n'hésitent pas à faire le lien avec la victoire du FIS dès le premier tour des élections législatives de 1991 en Algérie. Pour les plus lucides cependant, l'imposture des dictateurs arabes qui ont souvent entretenu l'islamisme pour s'en servir au moment opportun, est à l'origine de ce phénomène. Car au-delà de la politique équivoque de ces deux anciens régimes qui n'hésitaient pas à jouer à la fois sur la démagogie religieuse et sur la répression la plus dure, cette stratégie a eu des conséquences désastreuses sur l'avenir des Tunisiens et des Egyptiens, voire des Libyens. Elle a fortement favorisé le développement de l'intégrisme religieux dont les représentants devenaient, dans certains cas, la première force politique d'opposition. S'appuyant sur ce sentiment religieux qui ne cesse de gagner du terrain, beaucoup de formations politiques à obédience islamiste affichent clairement leur volonté de prendre le pouvoir.
C'est le cas de la Tunisie qui vient d'élire les représentants de l'assemblée constituante où le raz de marée du parti islamiste Ennahda s'est confirmé avec plus de 40 % des voix. Ce scrutin s'apparente en réalité à un référendum entre deux projets de sociétés contradictoires. Le premier incarne le «bourguibisme», autrement dit la modernité dans son ensemble, alors que le second symbolise l'archaïsme et l'anti-démocratie. Là, c'est la politique prônée par le Président déchu Ben Ali qui a brillé avec sa démagogie à la fois tolérante et répressive vis-à-vis des islamistes. Pour assurer la paix sociale et par ricochet son règne, Ben Ali a accordé beaucoup plus de crédit aux islamistes.
Le constat est presque le même en Egypte où la principale force politique bien organisée du pays demeure les Frères musulmans. Ces derniers même s'ils refusent jusqu'alors de cautionner un des leurs pour se porter candidat à la prochaine présidentielle, ne cachent pas leur intention de vouloir emporter les législatives prévues dans les semaines à venir.
Il en est de même pour la Libye où le premier homme du Conseil national de transition (CNT) Moustapha Abdeljalil avait indiqué dans son premier discours vouloir appliquer la charia comme seule source juridique avant de se rétracter face aux mises en garde internationales pour revenir à la charge après la mort de Kadhafi.
Posté Le : 30/10/2011
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Info Soir
Source : www.infosoir.com