La 30ème session des ministres des Affaires étrangères des pays de
l'Union du Maghreb arabe (UMA), qui s'est tenue samedi à Rabat, entrera-t-elle
dans l'histoire comme le début officiel du dégel ou, pour reprendre le ministre
tunisien des Affaires étrangères, un « tournant crucial » ? A vérifier avant la
fin 2012.
On pourra, en effet, le vérifier avant la fin de l'année avec la tenue ou
non d'un sommet des chefs d'Etat de l'UMA dont le
principe a été retenu par les ministres des Affaires étrangères et qui devrait
avoir lieu en Tunisie, ainsi que le souhaitait Moncef
Marzouki. Le dernier sommet des chefs d'Etat du
Maghreb remonte à 1994 à Tunis et il est évident que sa tenue avant la fin de
l'année 2012 aurait une portée politique significative. La Tunisie -très active dans
ce domaine contrairement à la diplomatie de l'ancien régime qui faisait dans
une très prudente équidistance entre Alger et Rabat- sera ainsi l'hôte du prochain
Conseil des ministres. Il lui reviendra, de ce fait, de mener les concertations
entre les cinq pays de l'UMA pour fixer la date du
sommet. Elle devra tenir compte des agendas politiques de certains pays
maghrébins où des élections sont prévues. Mais en tout état de cause, un sommet
devrait avoir lieu dans l'année 2012 si les responsables veulent donner plus de
contenu à l'impression positive laissée par la réunion de Rabat. A priori, à
moins d'une nouvelle régression, les choses paraissent avoir pris la bonne
direction.
QUAND TOUT VA ENTRE ALGER ET RABAT, L'UMA VA
En raison notamment de l'apparent -et encore prudent- réchauffement des
relations entre l'Algérie et le Maroc. Et il est clair que quand les choses
vont entre Alger et Rabat, l'UMA n'en va que mieux. On
n'en est encore loin. Mais l'Algérie et le Maroc paraissent avoir donné, de
concert, une chance à l'idée pragmatique d'avancer sans faire de la question du
Sahara Occidental une question «centrale», l'éternel sujet qui empêche de
discuter et de progresser. Outre la mise en place d'une concertation politique
régulière, on peut noter une avancée dans le domaine de la coopération
sécuritaire qui, de toute façon, sera primordiale dans la perspective d'une
réouverture des frontières. Ainsi, le Maroc, qui critique régulièrement le
refus de l'Algérie de le voir faire partie des concertations et dispositifs
sécuritaires au Sahel, est désormais convié à une concertation maghrébine sur
ce thème…
CONCERTATION SECURITAIRE
A l'initiative même de l'Algérie qui a préconisé et fait avaliser la
tenue d'une réunion ministérielle à Alger consacrée au volet sécuritaire dans
la région. Il est clair qu'il existe une nécessité de coopérer dans le domaine
de la sécurité. C'est devenu encore plus pressant avec l'évolution de la
situation en Libye et les «transferts» d'armes vers les groupes armés en tout
genre dans le sillage de la destruction du régime de Kadhafi. Or, les questions
sécuritaires dans le Maghreb ne sont pas séparables de l'environnement sahélien
où une partie des djihadistes se sont installés et
incrustés, sans compter la résurgence des rebellions targuies. Les conditions
sont favorables «à une coopération multisectorielle incluant les questions
sécuritaires qui seront discutées avec sérieux et de manière permanente», a indiqué M. Mourad Medelci. Le
ministre algérien a ainsi appelé à la mise en place «d'instruments pour
coordonner les efforts afin de lutter contre le terrorisme, le crime organisé, le
trafic d'armes, la contrebande et l'émigration clandestine». Dans le domaine
économique, M. Medelci a préconisé une «approche
pragmatique évolutive» allant dans le sens d'une nouvelle étape dans l'action
maghrébine commune. Il restera à donner un contenu à cette «approche». Rabat a
été l'occasion d'une réaffirmation des professions de foi dans le projet
maghrébin. Il reste à aller vers le concret. Le secrétaire général de l'UMA, Habib Ben Yahia, en a donné
une feuille de route sur le court terme: la ratification de l'accord de libre-échange,
résolution de la question des règles d'origine des produits, tenue de
l'assemblée constitutive de la
Banque maghrébine d'investissement et du commerce extérieur (en
gestation depuis 1992 !) et mise en Å“uvre d'une stratégie maghrébine pour la
prise en charge des problèmes des jeunes en matière d'emploi et de formation.
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Posté Le : 20/02/2012
Posté par : sofiane
Ecrit par : Salem Ferdi
Source : www.lequotidien-oran.com