Algérie

Un sommet à Versailles



La crise en Ukraine a révélé au grand jour la forte dépendance de l'Union européenne en ce qui concerne les importations de gaz russe. Mardi dernier, l'UE a donc planché sur la question pour tenter de trouver une échappatoire, avec une réduction «immédiate» de ses achats qui devront être réduits, affirme-t-elle, de deux tiers d'ici à fin 2022. Une véritable gageure, surtout que d'autres matières premières, tout aussi essentielles, sont concernées, comme le pétrole et le nickel dont Moscou est un exportateur incontournable. «Ce sera dur, incroyablement dur, mais c'est possible», assure le vice-président de l'institution Frans Timmermans alors que le sujet va constituer l'essentiel des débats au sommet de Versailles, prévu les 10 et 11 mars courant, la France assurant la présidence tournante pour six mois de l'UE en cette phase des plus délicates.Mardi dernier, Bruxelles a présenté son plan, accueilli avec un certain scepticisme par des pays comme l'Allemagne et avec beaucoup d'inquiétude par d'autres. À l'origine, l'objectif était inscrit aux horizons 2030 mais l'intervention russe en Ukraine et la mise en oeuvre d'une vaste série de sanctions contre Moscou, ciblé en tant qu'Etat mais aussi à travers ses entreprises et les oligarques, a chamboulé la donne, au point de donner des sueurs froides aux places boursières occidentales. Parmi les pistes suggérées, il est question pour les vingt-sept pays membres de diversifier leurs «approvisionnements». Plus facile à dire qu'à faire. L'Italie et l'Espagne ont sans tarder couru vers Alger, un «partenaire fiable». Mais un changement des rapports en la matière implique de vastes et coûteux chantiers pour pouvoir acheminer le gaz après plusieurs années de travaux et d'investissements. Et rien ne dit que, d'ici là, des renversements de situation ne mettent pas à mal les objectifs visés.
Moscou fournit à l'UE et, plus exactement, à l'Allemagne qui reste son partenaire principal, 45% de leurs importations. Ce sera un exercice gigantesque que de remplacer le gaz russe par du gaz américain, norvégien ou qatari. Quant au biogaz, à l'hydrogène ou aux énergies renouvelables, la course sera obligatoirement de longue durée. Certains pays aux ressources plus modestes sont, d'ores et déjà, «condamnés à s'en tenir au nucléaire ou au charbon. Mais l'industrie a des besoins que la politique ne peut ignorer. Reste le stockage d'une quantité maximale de gaz et l'UE a déjà anticipé la démarche avec un décret rendant obligatoire le remplissage des réservoirs souterrains à 90% de leur capacité au minimum pour chaque 1er octobre des années futures. À cette heure, il semble que les réserves permettent de passer l'hiver sans trop d'angoisse mais la hantise est là pour ce qui est de l'hiver prochain, même si, entre-temps, beaucoup d'eau aura coulé dans les fleuves européens de l'Ouest comme de l'Est.


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