Algérie

Un sit-in de la place Tahrir réprimé par des gaz lacrymogènes: Les décisions du président égyptien sèment les divisions



Les décisions contenues dans la nouvelle déclaration constitutionnelle, décidée dans la nuit de jeudi dernier,par le président égyptien a suscité un grand remous sur la scène politique égyptienne. La majorité des courants islamistes ont rejoint le camp de soutien tandis que les partisans de l'Etat civil, toutes tendances confondues, ont opté pour le groupe de l'opposition. Les réactions et déclarations contradictoires ont exacerbé les tensions de la rue où se sont massés des milliers d'égyptiens dans plusieurs gouvernorats d'Egypte donnant lieu à des accrochages entre groupes rivaux, faisant plusieurs blessés. Pour les opposants, les décisions du président Morsi concentrent les trois pouvoirs, exécutif, législatif et judiciaire entre les mains du président et annule l'Etat de droit. Le journaliste et activiste politique Mustapha Bakri a indiqué que les décisions du président Morsi "aggraveront les divisions dans la société", critiquant "le mutisme américain" envers ces décisions qu'il a qualifiées de "despotiques". Le prédicateur Amrou Khaled, (parti de l'Egypte, courant islamiste) a rejeté la déclaration constitutionnelle, estimant que "seul le peuple est habilité à conférer au président de la République de telles prérogatives". Le part islamiste "Misr el kawiya" (L'Egypte forte), présidé par Abdelmounim Abou El Foutouh a, lui aussi rejeté la déclaration qui consacre, selon lui, "le pouvoir individuel". L'Alliance des forces nationales qui rassemble en son sein des partis présidés par des personnalités éminentes comme Amr Moussa, Al Baradei et Hamdine Sebahi, a exprimé son opposition aux décisions de Morsi appelant à des marches pour "annuler la déclaration constitutionnelle". Les avocats sont eux aussi fermement opposés à cette déclaration qui empiète, selon eux, sur leur domaine et contrevient aux principes de la séparation des pouvoirs. Les parties qui soutiennent ces décisions estiment, quant à eux, qu'elles "répondent à la volonté populaire". Le vice-président du parti de la liberté et la justice Issam Al Aryane voit dans ces décisions, "un sauvetage de la révolution de janvier et de ses hommes fidèles". Il est rejoint sur ce point par le porte-parole des frères musulmans Mohamed Ghezlane. Le "front salafiste" défend également les décisions du président égyptien les qualifiant de "rempart de l'Egypte contre le vide constitutionnel, institutionnel et politique du pays". Le parti salafiste "Ennour ", allié des frères musulmans a salué ces décisions et appelé le peuple égyptien à soutenir le président Morsi". Le spécialiste en droit constitutionnel Tharwat Badaoui a estimé que le président avait usé de ses prérogatives pour sauver le pays des tentatives de sabotage et de destruction". Le conseiller politique à la présidence Seïf Eddine Abdelfetah a indiqué que ces décisions viennent contrecarrer l'hégémonie de la cour constitutionnelle qui veut retarder toute décision ou orientation visant à garantir la stabilité de l'Etat".
Morsi promet "la liberté et la démocratie"
Pour défendre le décret pris la veille qui renforce ses prérogatives, le président Mohamed Morsi a tenu vendredi un discours au Caire Il a promis devant ses partisans que le pays était sur la voie de "la liberté et la démocratie". Des manifestations parfois violentes d'opposants ont dénoncé une dérive dictatoriale. "La stabilité politique, la stabilité sociale et la stabilité économique, c'est ce que je souhaite et ce pourquoi je travaille", a déclaré M. Morsi dans un long discours devant ses partisans rassemblés près du palais présidentiel. "Personne ne peut arrêter notre marche en avant. Je remplis mes fonctions au service de Dieu et de la nation et je prends des décisions après avoir consulté tout le monde", a-t-il aussi déclaré. A l'étranger, Washington a rappelé que "l'une des aspirations de la révolution (de 2011) était de s'assurer que le pouvoir ne serait pas trop concentré entre les mains d'une seule personne ou d'une institution". L'Union européenne a appelé M. Morsi à respecter "le processus démocratique".
Retour à place Tahrir
Les forces antiémeute égyptiennes ont tiré, hier matin, des gaz lacrymogènes sur l'emblématique place Tahrir, au Caire, pour disperser des manifestants qui, depuis la veille, observent un sit-in. Ils protestent contre le renforcement des pouvoirs du chef de l'Etat Mohamed Morsi. Une trentaine de tentes étaient toujours installées sur cette place du Caire hier matin. Un petit nombre de manifestants présents sur la place Tahrir ont été visés par les tirs de gaz lacrymogènes. Ils ont alors tenté de fuir dans les rues latérales. "Nous ne partirons pas de la place Tahrir avant un procès équitable des meurtriers des révolutionnaires et avant que Morsi ne revienne sur ses décisions" ont indiqué certains manifestants. Vendredi, sur la place, des milliers de personnes se sont rassemblées à l'appel de personnalités ou de mouvements laïques et libéraux en criant "Morsi dictateur". Parallèlement, une autre manifestation s'était tenue devant le palais présidentiel en soutien au président Morsi, lequel s'est dit déterminé à assumer ses pouvoirs renforcés, des pouvoirs qui placent ses décisions hors de portée de tout recours en justice.
La plus haute instance judiciaire dénonce les décisions de Morsi
La plus haute autorité judiciaire d'Egypte a dénoncé, hier, nouvelles prérogatives du président islamiste Mohamed Morsi qui mettent ses décisions à l'abri de recours devant la justice. La déclaration constitutionnelle annoncée jeudi par la présidence est une attaque sans précédent contre l'indépendance du pouvoir judiciaire et ses jugements, a déclaré dans un communiqué le Conseil supérieur de la magistrature à l'issue d'une réunion d'urgence.
Nouvelle mobilisation
Le Courant populaire, dirigé par le nationaliste de gauche Hamdeen Sabbahi, troisième de la présidentielle de juin, a annoncé que "toutes les forces révolutionnaires" avaient décidé d'entamer un sit-in sur la place. Il a aussi appelé à une manifestation de masse mardi pour obtenir que M. Morsi revienne sur ses décisions. Les manifestations ont été émaillées vendredi de heurts entre jeunes et policiers. Des opposants au président ont également mis le feu à des locaux du Parti de la liberté et de la Justice (PLJ), le mouvement politique des Frères musulmans, à Alexandrie (nord), ainsi qu'à Port Saïd et à Ismaïlia, dans le nord-est du pays.


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