Algérie

Un sinistre qui dévoile une situation alarmante


Un sinistre qui dévoile une situation alarmante
L'évacuation des parturientes vers d'autres structures s'est faite dans la précipitation, avec les moyens de bord.Dieu merci, l'incendie qui a ravagé la maternité de l'hôpital Mohamed Boudiaf d'El Khroub, lundi soir vers 23h, n'a pas fait de victimes. Il n'en demeure pas moins que cette situation a généré beaucoup de contraintes à tous les niveaux. Selon le surveillant médical qui était de garde, le feu a pris au niveau du bureau du médecin consultant et s'est propagé rapidement vers les salles où se trouvaient les malades. Une rapide évacuation de ces dernières a été organisée, avec les moyens de bord, dans la précipitation et c'est tout le monde qui a contribué à sa manière, y compris les citoyens qui ont pris part. Notons par ailleurs qu'il n'y avait pas heureusement une intervention chirurgicale au bloc opératoire à l'heure de l'incendie.Lors de notre déplacement hier matin sur les lieux du sinistre, les traces des flammes étaient encore visibles sur les murs et les plafonds ainsi que le mobilier, avec une forte odeur de brûlé dans l'air. Les salles d'accouchement étaient dans un état d'insalubrité insupportable où l'on voyait du sang et autres déchets, témoins d'une évacuation faite dans une panique indescriptible. Rencontré sur place, le directeur de l'hôpital, qui attendait la visite du wali et des autorités locales, nous fait savoir que l'incendie est dû, selon toute vraisemblance, à un court-circuit.Une délégation de cadres du ministère de la santé était même sur les lieux. Nous apprenons ainsi qu'une réunion présidée par le wali a regroupé les membres de cette délégation et le directeur de la santé, pour prendre les mesures qui s'imposent. Toutefois, la situation au niveau de la maternité reste très préoccupante et l'on a assisté à une cohue qui n'était pas pour rassurer les femmes venues accoucher. Une gronde du personnel soignant, gynécologue, sages femmes et techniciens paramédicaux s'est manifestée après que ces derniers aient reçu l'ordre de procéder à des accouchements malgré l'état des salles d'accouchement qui ne permettaient nullement de tels actes.D'ailleurs, l'une des chefs de service de la maternité, Djebbar Sassia, soutenue par l'ensemble de ses collègues avait signifié un refus catégorique d'accepter des malades. «Voyez de vous-même cette situation et le délabrement des salles, le sang, l'eau mais surtout les défaillances électriques, les équipements à l'arrêt à l'image des scanners et autres générateurs d'oxygène qui risquent de s'arrêter en plein accouchement, outre cette fumée et ces odeurs qui sont nocives, nous ne pouvons nous engager dans une voie aux conséquences insoupçonnables», dira-t-elle.Des transferts dans l'anarchieCe n'est pas tout, puisque suite à l'incendie, plusieurs malades ont été transférées au niveau du CHU de Constantine, mais contre toute attente, on a décidé de les «rapatrier» dans leur maternité. Cependant et devant la gravité de la situation, quant aux conditions d'accueil de certaines malades, notamment les grossesses à haut risque et d'autres qui devaient subir une intervention chirurgicale, leur maintien au CHU s'est avéré indispensable.Sur place, des patientes étaient sur le qui-vive d'une éventuelle admission, mais devant cette anarchie, l'attente risquait de s'éterniser en l'absence d'une autorité sur place pour prendre les mesures adéquates. Le DSP, très sollicité, lancera à l'adresse du personnel soignant récalcitrant: «A la guerre comme à la guerre, nous avons une situation exceptionnelle, nous devons faire avec en conjuguant tous nos efforts».Des mots pour dire que la gestion d'une telle situation est marquée par une improvisation qui n'est pas faite pour rassurer tout le monde. Il faut savoir qu'au niveau de la maternité de l'hôpital Mohamed Boudiaf, le nombre d'accouchements dépasse la soixantaine par jour. Un chiffre effroyable du au transfert des activités de la maternité de Sidi Mabrouk. En effet, l'on a senti un phénomène assez bizarre et non moins inquiétant avec une certaine animosité entre le personnel de la maternité de l'hôpital, et celui de la maternité de Sidi Mabrouk, que les premiers considèrent comme un envahissement.Au fait, il était question que d'une durée de deux mois, pour réaliser des travaux à Sidi Mabrouk, mais cela dure déjà depuis plus de quatre mois et les choses traient encore, alors qu'aucune date précise n'a été fixée pour la réouverture de la maternité de Sidi Mabrouk. En tous cas, le sinistre vécu a démontré l'obsolescence d'un système caduc qui a montré toutes ses carences.


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