Algérie

Un scrutin «magistralement» préparé


Dans l'entretien accordé par lui mardi à notre confrère « Liberté », Dahou Ould Kablia, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, a, comme il fallait s'y attendre de sa part, récusé toute fraude ou manipulation des chiffres lors du scrutin du 10 mai. Il a tout juste admis qu'il y a eu « quelques incidents périphériques » dont l'impact n'aurait pas pesé sur les résultats. Pour lui donc, l'élection s'est déroulée « globalement de manière honnête et transparente », ce qu'auraient confirmé « la réaction des contrôleurs et des observateurs et le soulagement largement manifesté par le peuple à l'annonce des résultats ».
Quant aux partis qui ne sont pas de son avis et dénoncent, qui un « coup d'Etat » électoral, qui un « hold-up » ou une « fraude généralisée », Ould Kablia a estimé « normal » qu'ils mettent leur échec sur le compte de la fraude ou des manipulations. Pour preuve encore que le scrutin aurait été régulier, Dahou Ould Kablia a aussi avancé l'argument que ses résultats n'ont pas été ceux pronostiqués avant sa tenue par lui-même et les observateurs.
Le ministre de l'Intérieur a été dans son rôle en récusant les plaintes et accusations qui ont fusé à l'annonce des résultats du scrutin.
A l'adresse des contestataires qui persistent à crier à la fraude, il s'est contenté de les mettre au défi d'apporter les preuves qui valideraient ce qu'ils soutiennent. C'est tout le problème effectivement pour les partis qui s'estiment avoir été lésés frauduleusement. Il ne leur suffit pas en effet de ressasser l'antienne de la fraude, mais d'en établir la réalité. Démonstration qui sera, à notre avis, impossible pour eux à faire, car il nous semble que ce qui est sorti des urnes le 10 mai n'est pas imputable à la fraude électorale classique à laquelle recouraient les agents du pouvoir dans les précédents scrutins. Mais plutôt à une « magistrale » préparation du terrain à leur survenance. Le pouvoir n'a pas « fraudé » au sens strict du terme en jouant sur les peurs que suscitait la possibilité d'une arrivée au pouvoir des islamistes. Il n'a pas « fraudé » non plus en agitant la menace de l'ingérence étrangère, conséquence, selon lui, de l'instabilité dans laquelle serait plongé le pays au cas d'une victoire des islamistes. Bouteflika non plus en suggérant le « bon vote » aux électeurs.
La dramatisation des enjeux du scrutin, telle qu'elle a été orchestrée par le pouvoir et le Président, a été la raison fondamentale du «vote refuge» qu'a fait la majorité des électeurs qui se sont rendus aux urnes. Beaucoup des partis qui crient après coup au « coup de force » électoral n'ont pas peu contribué à rendre possible le « vote refuge » en martelant à ces électeurs un discours dramatisant de même nature que celui développé par le pouvoir.
Ould Kablia n'a pas eu tort d'affirmer qu'il y a eu du soulagement dans le pays à l'annonce des résultats du scrutin. C'est le sentiment qu'ont effectivement manifesté beaucoup d'Algériens, y compris parmi ceux qui n'ont pas participé au vote et qui, apparemment, ne croyaient pas aux menaces et dangers agités par le pouvoir autour de ce scrutin. Soulagement qui fait qu'ils ne prêtent pas d'oreille attentive au concert de récriminations et d'accusations que les milieux partisans ont déclenché contre la fraude et les manipulations dont le scrutin aurait été entaché.


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