Algérie

Un scrutin dans la sérénité


Contrairement à l'élection présidentielle de décembre 2019, du référendum portant sur la nouvelle Constitution du 1er novembre 2020 et des élections législatives anticipées du 12 juin dernier, les élections locales anticipées d'hier se sont déroulées dans la sérénité et le calme, exception faite de quelques dépassements et faits mineurs ayant émaillé l'opération électorale au niveau de certains bureaux de vote.M. Kebci - Alger (Le Soir) - Dans l'attente des résultats préliminaires de ce scrutin ayant porté sur le renouvellement anticipé des membres des Assemblées populaires des communes et des wilayas, attendus pour la journée d'aujourd'hui, les opérations de dépouillement devant prendre plus de temps que d'habitude, il est utile de relever l'un des faits ayant marqué cette consultation électorale, la dernière de la feuille de route du chef de l'Etat portant sur le renouvellement de l'architecture institutionnelle du pays à l'effet de faire table rase des assemblées élues héritées de l'ère du défunt Président déchu. Il s'agit du climat globalement serein et calme dans lequel le scrutin s'est déroulé, exception faite de quelques faits mineurs enregistrés dans certaines communes.
Comme ces bureaux fermés dans certains villages de la commune d'Idjeur, dans la wilaya de Tizi-Ouzou, ou encore ce fait «étrange», qui a eu pour cadre un centre de vote dans la wilaya d'Oran. Ceci quand, selon ce qu'a déclaré le président de l'Autorité nationale indépendante des élections, un chef de bureau de vote a tenté de s'emparer des procès-verbaux, affirmant que le délégué d'Oran de l'Anie avait porté l'affaire devant la justice.
Autres «dépassements» que le Front des forces socialistes déclare avoir enregistrés dans certaines wilayas du pays. Dans un communiqué rendu public en milieu de journée, le FFS dit relever de nombreux abus qui ont, selon lui, entaché le processus électoral à ses premières heures, non sans affecter «son intégrité». Dont, a-t-il cité, la fermeture de bureaux de vote jusqu'à une heure tardive de la matinée dans un centre du côté de la commune de Birkhadem, dans la capitale, et la même chose a été enregistrée dans la commune de Talmine, dans la wilaya de Timimoun.
Ceci en sus de l'absence des bulletins du parti au niveau de centres de vote dans la wilaya de Constantine et dans la commune de Hydra, à Alger. Il y a également la non-conformité des bulletins de vote du parti avec les normes de l'opération électorale, ce qui pourrait conduire à leur annulation lors des opérations de dépouillement.
Le FFS dénonce également une «anarchie et une mauvaise organisation dans de nombreux centres et bureaux de vote de la wilaya de Boumerdès, en plus d'entraves administratives ayant empêché des militants et des sympathisants du parti de voter dans la wilaya de Bouira en dépit du fait que leurs noms figurent sur les fichiers électoraux de leurs communes».
En ce qui concerne le taux de participation, il a connu la même évolution journalière que celle enregistrée de coutume, avec pratiquement les mêmes wilayas votant le plus et celles où les électeurs sont moins nombreux à se rendre aux urnes. Ainsi, le taux national de participation aux élections APC était de 4,12% à 10h du matin, alors que celui des APW était un peu moindre, 3,90%. Des seuils qui passeront respectivement à 13,30% et 12,70% à 13h avant de frôler à 16h, respectivement, 24,27% et 23,30%.
Avec le plus faible taux à la même heure enregistré dans la wilaya d'Alger, 4,12% pour les APC et 3,90% pour les APW. Un double taux qui connaîtra, concernant toujours la capitale, une timide évolution vers 14h, avec 16,92% pour les APC et 6,32% pour les APW.
Autres wilayas réputées pour la désaffection des électeurs, d'abord Béjaïa qui a enregistré à 14h 7,46% pour les élections APC, et 6,21% pour celles des APW, et 12,50% pour les APC et 10,27% pour les APW à 16h. Ensuite, Tizi-Ouzou qui a enregistré à la même heure (14h), 8,3% de participation aux élections APC et 6,7% pour celles des APW.
Mais il y a les wilayas réputées pour leur vote massif, celles du Sud notamment, avec à 13h, 38,15% pour les élections APC et 37,66% pour les APW enregistrés à In Guezzam, 26,98% pour les APC et 26,64% pour les APW à Tindouf qui passeront à 16h respectivement à 39,27% et 38,57%, et la wilaya de Béni Abbès qui ferme la marche, qui a enregistré, toujours à 13h, 26,52% aux élections APC et 26% à celles des APW.
Aussi, à 17h, il a été enregistré dans la wilaya de Khenchela 37% de participation aux élections APC et 35,92% aux élections APW.
Tebboune promet une profonde réforme des codes communal et de wilaya
Dans une déclaration à la presse en marge de l'accomplissement de son devoir électoral, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a affirmé que les élections locales étaient «la dernière étape pour l'édification d'un Etat moderne avec la participation de ses enfants qui choisiront leurs responsables et élus».
«Nous bâtirons un Etat économiquement fort, dans un cadre de démocratie et de la liberté du citoyen», a-t-il ajouté, non sans prédire une «forte participation des citoyens, étant concernés de façon directe».
Soulignant que les APC et APW sont «les institutions étatiques de base auxquelles il faut conférer de larges prérogatives», le chef de l'Etat a estimé que ces prérogatives «devront permettre aux assemblées élues de gérer leurs affaires», promettant, dans la foulée, une «révision radicale des modes de gestion des collectivités locales au cours de l'année 2022, en révisant les codes communal et de wilaya».
S'agissant des communes où aucun candidat ne s'est présenté, Tebboune a précisé que le nombre de ces cas est «très rare», affirmant que «la loi est claire dans ce cadre», d'autant qu'elle prévoit la création d'une commission de gestion des affaires de la commune, en attendant l'organisation d'autres élections. Côté chefs de partis ayant pris part à ces élections, chacun y est allé de sa déclaration pour prédire sa «propre victoire».
Ainsi, le secrétaire général du Front de libération nationale a estimé que les chances de son parti sont «grandes» à l'effet de «maintenir son leadership sur la scène politique nationale». S'exprimant en marge de son accomplissement de l'acte de vote, Abou el Fadhl Baâdji a expliqué sa «prédiction» par la «bonne préparation de ces élections». Même optimisme chez le jeune frère ennemi, le Rassemblement national démocratique dont le secrétaire général dit s'attendre à une «progression» dans les résultats par rapport aux élections locales de 2017. Tayeb Zitouni affirmait, au sortir du bureau de vote, que les listes présentées par le parti devraient être «plébiscitées» par les électeurs, prévoyant que le taux de participation «dépasse» celui des dernières élections législatives. Pour sa part, le président du Mouvement de la société pour la paix dit s'attendre, lui aussi, à ce que son parti obtienne des résultats positifs à l'issue de cette double élection locale au vu de la «réussite, selon lui, de la campagne électorale». Abderezzak Makri prévoit une large représentation de son parti dans les prochaines Assemblées locales issues de ces élections.
Par ailleurs, Charfi a autorisé les coordinateurs locaux de l'autorité qu'il préside à reculer à 20h la fermeture des bureaux de vote et ce, pour permettre aux retardataires parmi les électeurs de pouvoir exercer leur droit de vote.
M. K.
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