Un Sant'Egidio local '

La coordination des partis politiques et personnalités alliés pour le boycott de l'élection présidentielle aspire à jouer un rôle bien plus important dans la vie politique, en décidant d'élargir ses consultations à d'autres formations et leaders politiques en vue de la création d'un solide front d'opposition.Rien d'anormal dans la démarche, si ce n'est que la configuration politico-idéologique de cette alliance rappelle l'initiative lancée, au milieu des années quatre-vingt-dix, par ceux qu'on appelait les trois front, le FLN, FFS et FIS, et dont l'ambition était d'exhorter la communauté internationale à disqualifier le pouvoir algérien, en pleine guerre contre le terrorisme. Toutes proportions gardées, cette alliance contre-nature entre le RCD, le MSP, Ennahda et le parti d'Abdallah Djaballah veut rééditer le même schéma dans un contexte politique et régional complexe et favorable à toute sorte d'immixtion étrangère. Comme à Rome, les islamistes algériens affichent une ouverture d'esprit et une disponibilité au dialogue et au respect de l'autre qui séduirait les plus réticents, mais rien ne garantit qu'une fois au pouvoir, ils ne trahiraient pas leurs engagements. Voilà la problématique qui se pose aux démocrates qui, par dépit ou par calculs, ont choisi de s'allier avec leurs ennemis d'hier, en faisant table rase de toutes les positions qui ont forgé l'identité de ces partis et leur a permis d'émerger sur la scène.