Un sandwich au pain de la galette

Démarré avant, le mouvement de contestation au Soudan est arrivé à un point important, l'accord avec l'armée sur une instance de transition qui inclura des personnalités issues des manifestations.C'est encore ce qui manque en Algérie, des représentants et une volonté de négocier directement avec l'armée, détenteur réel du pouvoir aujourd'hui, avec la disparition du pôle de la Présidence et des réseaux du DRS, que l'on doit finalement à Bouteflika. Après une nuit entière de débats entre les militaires et les principaux mouvements soudanais, dont l'Alliance pour la liberté et le changement, une autorité de transition verra bientôt le jour avec la constitution d'un Parlement de 300 personnes, dont les deux tiers seront issus de la contestation. Les islamistes, quelques centaines, ont bien manifesté pour inclure la charia dans ces pourparlers, mais ils n'ont pas été entendus, déjà coupables d'avoir porté le général Omar El Béchir au pouvoir à travers une alliance avec les militaires.
Pour l'Algérie, il reste donc à dialoguer ouvertement avec l'armée pour s'imposer, et surtout pour déjouer les tentatives de prise de contrôle sur le pays de la haute administration, ainsi que pour neutraliser les hommes de Bouteflika toujours en position de force d'inertie dans les rouages de l'Etat et facteur d'immobilisme. «Une négociation n'est pas une reddition et un compromis n'est pas une compromission», expliquait le regretté Aït Ahmed, qu'on aurait très bien vu, aujourd'hui, conduire cette transition. Bien sûr, tout n'est pas comparable et le Soudan n'est pas l'Algérie, le premier s'est soulevé contre une augmentation du prix du pain, ce qui n'est pas le cas de la seconde, qui préfère le metlou3 et la kesra, mais sait quand même que ce qu'il y a au centre du pain est plus important, il s'agit en effet de ne pas se faire prendre en sandwich : les Algérien(ne)s ont tout intérêt à négocier avec le plus fort pour ne pas prendre le risque que d'autres parties s'entendent entre elles sur leur dos.