Un travail payant puisqu'une prise de conscience sur l'importance des zones humides est palpable. L'adhésion des populations et du mouvement associatif à la démarche des pouvoirs publics, atteste de ce réveil pour cogérer et aider à préserver ces espaces d'une importance inestimable. L'Autorité de la convention de Ramsar, qui avait désigné deux sites (lac Oubeira et lac Tonga (El Kala) en première instance, a classé 50 sites sur la liste des zones humides d'importance internationale, avec une superficie de près de 3 millions d'hectares, soit 50 % de la superficie totale estimée des zones humides en Algérie. Le dernier recensement effectué en 2007, a inventorié 1.451 zones humides en Algérie, dont 762 sont naturelles. Le parc national d'El Kala englobe la zone humide la plus importante en Algérie, unique en son genre et classée réserve de la biosphère en novembre 1990 par le programme de l'Unesco sur l'homme et la biosphère (Man and the Biosphere, MAB). « Ce recensement classe l'Algérie à la 8e position à l'échelle africaine et 14e à l'échelle mondiale. Nous sommes l'exemple en Afrique et leader dans les pays arabes », explique Ammar Boumezbeur, directeur de la Protection de la flore et de la faune à la Direction générale des forêts. Actuellement, on constate une réelle volonté de renverser cette tendance et l'Algérie, en tant que partie contractante à la Convention de Ramsar sur les zones humides, se préoccupe de la sauvegarde et de la gestion rationnelle de ces milieux. Après la classification des zones humides sur le plan international, la classification et la codification des sites sur le plan national est lancée. A ce jour, 17 plans de gestion pour 17 sites sont en appel d'offres. Ces plans de gestion sont un véritable tableau de bord pour les wilayas. Il donne un plan d'actions sur deux années puis un autre sur cinq ans. Inscrites dans le cadre de l'élaboration du plan de développement 2015-2019, ces actions sont menées conjointement avec les populations. La cogérance est née, et l'implication des citoyens n'est plus un vain mot.
L'importance de la préservation
Le rôle joué par les zones humides dans la vie des hommes, de la flore et de la faune est prépondérant. « Elles ont un rôle scientifique évident. Accueillant les oiseaux migrateurs, ces derniers sont de véritables bio-indicateurs et alertent sur la bonne santé de l'eau et le maintien du niveau des nappes phréatiques qui fournissent l'eau indispensable à la consommation domestique, agricole et industrielle. C'est le cas dans la région de Sétif (bassin laitier) devenue première productrice de lait de vache. Elles répartissent l'eau pluviale et régulent les crues en absorbant les plus abondantes. C'était le cas à Bordj Bou Arréridj qui, en dépit des pluies torrentielles, n'a pas connu de dégâts. Comme elles aident au maintien de la qualité de l'eau et la limitation de la pollution grâce, jusqu'à un certain niveau, à son rôle épurateur », expliquera encore Dr Boumezbeur. Il mettra en exergue leur participation dans la sauvegarde des habitats de la faune et de la flore et leur contribution au maintien de la diversité biologique. En effet, les zones humides abritent de nombreuses espèces animales et végétales rares et menacées. Sur les 29 espèces méditerranéennes d'oiseaux, menacées de disparition, 8 sont des espèces de zones humides telles la sarcelle marbrée, l'erismature à tête blanche, le flamant rose, la grèbe huppé... 3.210 oiseaux migrateurs, d'une vingtaine d'espèces, ont été dénombrés par les ornithologues dans la zone humide du lac de la Sebkha El-Maleh (El-Menéa située à 275 km au sud de Ghardaïa). Il existe quelque trente espèces de poissons d'eau douce, 784 espèces végétales aquatiques connues et groupées sur de petites étendues. D'autres espèces rares se retrouvent dans des endroits précis. C'est le cas des 4 espèces de poissons qu'on ne retrouve que dans la région d'Ihir (Hoggar) comme le barbeau du Hoggar. Une espèce très prisée par les étrangers qui n'hésitent pas à effectuer de longs déplacements. Une valeur culturelle et touristique avérée. Le directeur de la faune et de la flore de la Direction générale des forêts avoue que « la majorité du poisson pêché de par le monde se trouve dans les zones humides, et la plantation du riz, aliment de base de plusieurs populations, se fait en zones humides. Ces régions peuvent très bien lutter contre la famine ».
Conservation en cogérance
En application de la loi n° 03-10 du 19 juillet 2002 relative à la protection de l'environnement dans le cadre du développement durable et la loi n°02-02 du 5 février 2002 relative à la protection et la valorisation du littoral, l'Algérie doit allier de plus en plus la conservation des zones humides au développement durable. Elle doit, en effet, dans le but de les sauvegarder et de les gérer de manière rationnelle et durable, se préoccuper de connaître leurs aspects socio-économiques, leurs valeurs et fonctions. Aussi la classification doit se référer à la loi de février 2011 sur les aires protégées pour préserver ces sites, créer des institutions en mesure de les gérer. La classification se fera selon trois catégories : aires protégées qui ne seront pas ouvertes au public, parcs nationaux regroupant deux parties fermées aux visiteurs et une autre ouverte, et parcs naturels disposant d'un intérêt régional. D'autant que ces sites sont devenus de véritables dépotoirs et des zones de rejets. Les zones humides célébrées à travers le monde en ce 2 février viennent en troisième position des sites naturels à protéger après les forêts tropicales et les récifs coralliens.
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Posté Le : 01/02/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Souhila Habib
Source : www.horizons-dz.com