Algérie

Un rituel toujours pratiqué à Tarihant



Les villageois, hommes et femmes, enfants et vieux, sont sortis hier pour accueillir le printempsTôt dans la matinée, les villageois, habillés de toutes les couleurs, s'étaient rassemblés à la maison des jeunes locale.
Le rite est encore observé par des populations locales à travers les villages alors que le monde connaît déjà les premiers effets du dérèglement climatique. Alors qu'un rapport de la Banque mondiale rendu public, hier, à l'occasion de la Journée mondiale de l'arbre mentionne quelque 143 millions de personnes contraintes à la migration climatique, les villageois de Kabylie étaient sortis à l'aube pour accueillir le printemps avec des roses. Les faits sont têtus, les populations de la région n'ont aucune leçon à apprendre des autres. Bien au contraire, les pratiques de nos ancêtres s'imposent de jour en jour comme une véritable école pour le monde entier.
A Tarihant, village situé à une trentaine de kilomètres, au nord du chef-lieu de la wilaya de Tizi Ouzou, les villageois, hommes et femmes, enfants et vieux, sont sortis hier, 21 mars, à l'aube pour accueillir le printemps. La pratique n'est pas nouvelle. Elle remonte aux époques lointaines. Les Amazighs ont toujours vécu au rythme des saisons avec un strict respect de la nature et de l'environnement. Amaguer N Tefsut est un rituel sacré que chaque villageois se doit d'accomplir. Sortir tôt le matin pour cueillir les roses et boire l'eau de rosée qui s'accroche encore aux pétales est une communion avec la nature. C'est une promesse mutuelle pour une vie commune en pleine harmonie universelle. Alors qu'à travers le monde, la nature est systématiquement massacrée au point de provoquer des dégâts irréversibles, à Tarihant, la journée du 21 mars est l'occasion de renouveler le contrat moral et naturel qui lie l'être humain à son environnement.
Hier matin, c'était vraiment une fête au village. Coordonnée par l'association Garoura, l'évènement Amaguer N Tefsut a réuni tous les villageois, pour une balade dans les champs au lieudit Azaghar, situé en bas du village.
L'évènement était d'une beauté et d'une authenticité invraisemblables. Tôt dans la matinée, les villageois, habillés de toutes les couleurs, s'étaient rassemblés à la maison des jeunes locale, Kamel-Bougandour. L'ambiance était à la fête. Hommes et femmes, vieux et enfants ont répondu à l'appel de l'association qui coordonnait ce rituel. Puis, c'était le début de la procession à travers les ruelles du village pour aboutir plus bas au lieudit Azaghar. Les champs étaient ornés de toutes les couleurs dont pouvait s'habiller la nature en cette aurore printanière. Dans cette communion avec celle-ci, le temps semblait suspendre son vol, l'espace d'une matinée. Les enfants jouaient à caresser les roses dont les pétales portaient encore des traces de rosée. Les pieds mouillés dans l'herbe, ils couraient dans tous les sens comme des papillons. D'autres étaient accaparés par l'exposé des vieux qui connaissaient pratiquement les noms de toutes les plantes. Ces derniers expliquaient aux plus jeunes les remèdes prodigués à l'aide de cette richesse naturelle inestimable. Sans qu'on ne s'en rende compte, le printemps était déjà là parmi les villageois. Dans ces contrées, la nature n'a pas peur de l'homme.
A la fin de la balade, les villageois se sont réunis en petits groupes autour de plats garnis de couscous et autres mets traditionnels. La séquence valait mille chandelles. Le partage et la communion étaient de mise dans la matinée d'hier. Les êtres humains et la nature, une citadelle imprenable. Tarihant et bien d'autres villages de Kabylie sont des leçons vivantes pour le monde. Un monde qui observe, impuissant, son environnement prendre les allures d'enfer. Au vu de la communion des villageois avec la nature, le changement climatique n'est finalement qu'un dérèglement du lien qui lie l'homme à son environnement.


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