La complexité du dépouillement n'explique pas, à elle seule, le retard pris par l'Anie dans l'annonce des résultats officiels du scrutin législatif.Trois jours après la tenue du scrutin législatif, les résultats officiels de cette échéance bien particulière se font toujours attendre. Une situation qui prête le flanc aux spéculations, parfois les plus improbables. L'annonce, samedi soir, du président de l'Autorité nationale indépendante des élections (Anie), Mohamed Charfi, d'un premier taux moyen de participation nationale, évalué, selon lui, à 30%, a créé déjà une vive polémique sur les motivations de cette instance à annoncer un taux moyen de participation en lieu et place du taux officiel de participation nationale.
Observateurs de la vie politique, experts ou simples citoyens ont tout de suite vu dans cette annonce une velléité de triturage de chiffres dans l'objectif, soutient-on, d'occulter la vague abstentionniste qui a déferlé sur cette élection, comme on a pu le relever sur les multiples réactions sur la Toile. Ce suspense que fait durer Mohamed Charfi sur les résultats définitifs des législatives fait donc planer de nouveau le spectre de la manipulation des résultats d'autant plus que lors des dernières élections, l'Anie nous avait habitués à annoncer ses chiffres, le lendemain de chaque scrutin, tandis que le taux de participation était, quant à lui, donné le jour de l'élection, quelques heures seulement après la fermeture des bureaux de vote. Il est vrai que, par son aspect technique, cette échéance est différente des précédents rendez-vous électoraux.
Le nouveau système de dépouillement mis en place, sur deux niveaux, prévoit d'abord le calcul de voix remportées par chaque liste, ensuite vient le décompte des scores de chaque candidat. Dans un point de presse, Mohamed Charfi a affirmé, samedi soir, que les résultats du scrutin des élections législatives pourraient ne pas être annoncés avant les 96 heures conformément à la loi, ajoutant que l'opération de dépouillement sera "compliquée" par rapport aux élections précédentes.
Il a ajouté que l'"annonce des résultats prendra plus de temps, car la réception des procès-verbaux de dépouillement dure entre 3 et 4 jours, c'est pourquoi, les résultats des législatives peuvent ne pas être annoncés avant les 96 heures", conformément à la loi organique des élections. Cela explique-t-il, à lui seul, le retard dans l'annonce de ces résultats ' Beaucoup estiment que même avec la complexité de l'opération de dépouillement, le retard pris dans l'annonce des résultats suscite néanmoins des interrogations et des doutes.
Certains, même parmi les partis politiques ayant pris part à cette élection, redoutent clairement une manipulation des résultats. C'est le cas du président du parti islamiste, MSP, Abderrezak Makri, qui n'a jamais cessé de caresser le rêve de s'imposer en tant que parti majoritaire dans l'hémicycle Zighoud-Youcef. Il a, à ce propos, exprimé ouvertement ses craintes. Dimanche après-midi, il a, en effet, accusé, en des termes clairs, des velléités de détournement des résultats à ses dépens. Tout en revendiquant la victoire de sa formation, le leader du MSP a mis en garde contre de "vastes tentatives" visant à modifier les résultats des législatives.
"Nous déplorons de nombreuses tentatives pour changer les résultats en fonction des comportements antérieurs, ce qui aura des conséquences désastreuses pour le pays", a-t-il prévenu, en prenant à témoin le chef de l'Etat. Des déclarations qui ne sont pas passées inaperçues auprès de l'Anie. Devant la gravité des soupçons proférés par le MSP, l'Anie a fermement dénoncé, dans un communiqué, dimanche soir, les déclarations de certaines "parties" dont elle n'a pas précisé l'identité, mais l'allusion semblait claire et visait cette formation. Pour elle, ces déclarations "n'ont aucune crédibilité". L'Anie accuse le parti islamiste de chercher à "semer le désordre". Il faut dire que ce n'est pas la première fois que ce parti crie à la fraude au lendemain de chaque scrutin. Un cri d'orfraie qui ne l'empêche, cependant, pas de participer régulièrement aux échéances électorales. Une manière d'anticiper sur d'éventuels échecs '
K. B.
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Posté Le : 15/06/2021
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Karim BENAMAR
Source : www.liberte-algerie.com