Algérie

Un réquisitoire contre les travers de la société



Mouna Gherbi a osé l'aventure intellectuelle à la librairie Media Book de l'Enag, où elle a pris ses quartiers à l'Agora du livre qui est réservée traditionnellement à l'adulte. Si jeune et déjà trois romans dans son escarcelle, dont le dernier en date du dernier Sila prête à confusion, puisqu'il s'intitule Youm Mat Allah? Fi El-Qeloub (le jour où Dieu a disparu de nos c?urs). Cela a suffi à faire bondir plus d'un éditeur au plafond qui ont exigé de l'auteure qu'elle change l'intitulé qui augure de l'émeute.Ce à quoi l'auteure s'est refusée de plier d'un iota à cette injonction en raison de la justesse de l'intitulé qui sied à sa trame. "Le titre s'est imposé à mon choix au fil de l'écriture de mon roman. Ce n'est donc pas un blasphème, et ceux qui allèguent un soupçon d'impiété ou qui y décèlent un zeste d'outrage n'ont pas fait l'effort de lire mon manuscrit", a déclaré l'oratrice.
Et dans l'optique de sauvegarder le titre de son roman qui s'est échafaudé d'un mot à l'autre et ainsi jusqu'à l'ultime mot de sa romance, Mouna Gherbi a dû recourir à l'édition à compte d'auteur : "Dieu est Un et se refuse de cohabiter dans les c?urs où fourmillent les germes du mal." "Est-ce qu'il y a l'ombre de Dieu dans les c?urs de ceux qui ont dilapidé les richesses de notre pays '", s'est interrogée l'oratrice.
En réalité, la trame n'est que le résultat d'un training que l'auteure a réalisé dans les coulisses du 4e art qu'elle affectionne par-dessus tout : "Au-delà du divertissement, le théâtre est aussi «le père des arts» et est la locomotive de la culture, du fait qu'en plus de changer les idées, le théâtre donne aussi d'autres idées : le théâtre est né au pied des pyramides d'Egypte", a dit Mouna Gherbi.
Ce à quoi le modérateur Abdelhakim Meziani a répondu : "La première pièce théâtrale au sceau original et non une adaptation a été écrite en langue arabe en 1847 et est l'?uvre du comédien Abraham Daninos (1797-1872), un Algérien d'obédience juive." Outre cette révélation, le théâtre était à l'Algérie ce porte-voix du mouvement patriotique national à travers la formation El-Moutribia que dirigeait Mahieddine Bachtarzi (1897-1986), ce "hezzab" (récitant du Coran) et ténor de l'Opéra d'Alger.
D'où le choix de l'auteure d'incorporer son personnage Sakina sur les planches du théâtre, chargée de recueillir les coups de c?ur mais aussi les coups de gueule des comédiennes Nouria Kazdarli, née Khadidja Benaïda, et Nidal mais pas Sakina Mekkiou dite Sonia (1953-2018) que l'auteure Mouna Gherbi n'a pu rencontrer du fait que Sonia, cet enfant d'El-Milia (Jijel), a tiré sa révérence, a déclaré la conférencière.
D'où le choix et l'octroi du prénom Sakina à son personnage de roman. Mais on n'en dira pas plus, si ce n'est qu'il faut compter d'ores et déjà avec l'auteure Mouna Gherbi qui est d'une clairvoyance qui va au-delà de l'âge de sa plume. Mieux, la trame de l'auteure a engendrée un débat fructueux mais aussi téméraire avec l'énoncé d'un roman qui traite sans fioriture aucune des travers de notre société qui s'est piégée elle-même de la dissonance de ses absurdités.
N'est-ce pas là l'argument essentiel qui l'a incitée à faire usage de ses propres deniers afin de crier à la face des gardiens du temple et de la morale : "Dieu est mort... dans nos c?urs." S'il en est une preuve de sa passion, celle-ci est à déceler dans son ouvrage. Alors, lisez-le ! Et vous verrez de quoi est capable notre merveilleuse jeunesse.

Louhal Nourreddine
"Youm Mat Allah? Fi El-Qeloub"
de Mouna Gherbi, à compte d'auteur,
218 pages, 800 DA


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)